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Sujet: Re: Grand luxe et Mississipi Dim 16 Fév - 21:45
Elle remarqua la réaction du jeune héritier, quelque chose qu’il n’avait pas pu entièrement masquer. Il lui fallait comme d’habitude un peu de temps pour décortiquer ses émotions et d’un côté elle était flatté qu’il semblait déçu de la voir partir, mais d’un autre elle semblait un peu déçu elle même par son soulagement. La princesse ne pouvait s'empêcher de penser qu’elle le mettait mal à l’aise, après tout elle semblait avoir cet effet sur lui depuis le départ. Par choix, elle s’était tourné vers les Wiccans pour l’aide, peut-être qu’elle avait mal choisi? La princesse ne voyait pas de répercussions possibles, elle allait partir demain… Oui, il fallait qu’elle se convainc que de toutes les manières sa destinée était scellé que ça soit avec son aide ou l’aide du Grand Mage, du jeune homme punk et de cette femme étrange.
“Après-demain... “
Oh non, des émotions lui étaient montés au nez. L’idée de l’après-demain lui donnait la nausée. Elle voulait pouvoir passer plus de temps avec lui, peut-être essayer de tisser des liens et d’estomper cette gêne entre eux, tenter quelque chose… Naïvement. L’autre problème était revoir Edward, maintenant qu’il savait ce qui se tramait elle ne voulait pas lui faire face. Tess avait peur de lui faire face. Tout allait revenir dans l’ordre, plus ou moins; cependant elle avait un pressentiment que même si elle allait revenir chez elle comme on lui avait ordonné, son frère avait à présent quelque chose de bien solide contre elle. Il fallait qu’elle redouble de tenue, ce qui allait rendre le tout bien plus intense. Tout cela avait provoqué une boule dans sa gorge, les larmes ont failli couler, mais elle se retint de justesse. Au lieu de cela elle voulait changer très vite de sujet en suggérant qu’ils recommencent depuis le début, c’était venu tout seul. Comme à son habitude la diarrhée verbale avait prit le dessus. Les conversations personnelles lui étaient quasiment inconnues, les amis étant inexistants. D’ailleurs, elle voyait que l’héritier n’avait pas tendu sa main.
‘Vous avez raison.’
Elle commenta quand celui-ci passa à côté d’elle. Tess ne savait que trop faire de sa main à ce moment-là donc elle la passa sur sa nuque, gêné par son comportement. Une grimace très brève avait décoré son visage, elle avait loupé une fois de plus. Si la Princesse était doué physiquement, elle n’était pas doué avec les gens. Du tout. Tess avait presque envie de lui en parler: de l’impossibilité de parler avec sa famille, du manque d’amis, des difficultés à s’ouvrir qui venaient avec... Dans sa tête, parler de ce genre de choses était complètement inappropriée, plus que de serrer la main aux royaux. Finalement, pour le meilleure ou pour le pire il proposa d’aller dîner, changeant de sujet entièrement. Ils allaient parler librement et ouvertement. Fini les platitudes: la seule chose qu’elle savait faire (ou pas).
‘Affamée!’ elle se retourna vers lui, grand sourire au visage ‘Je vais me refaire une petite beauté, je vous rejoindrais dans une demi-heure.’
En quittant les lieux, elle vit Tweedledum et Tweedledee assis l’un à côté de l’autre à tourner les pouces. Elle jeta un regard vers Patrick et celui-ci la suit. Ils avançaient en silence et quand elle revint dans les vestiaires elle plongea sa main dans son sac. Un nouveau message de son frère.
Ton vol a été repoussé, il partira à 22h30 de l’aéroport Louis Armstrong. Ne le rate pas.
Voulant prendre son courage à deux mains, elle décida de l’appeler. Son coeur battait plus vite qu’il ne fallait et elle avait l’impression que ses jambes n’allaient plus pouvoir la tenir. Il était obligée de s’asseoir. Après plusieurs sonneries, elle entendit le répondeur. C’était encore pire, elle ne savait pas ce qu’elle allait lui laisser dessus… Vite, vite! Le bip sonore résonna dans ses oreilles et son coeur tomba d’un coup dans son estomac.
‘Edward’ très forcé, elle devait prendre une grande inspiration ‘j’ai bien reçu tes messages et…’ en hésitant, elle voulait lui dire où il pouvait insérer ses tickets de vol, ou lui dire qu’elle en avait assez et qu’il n’avait pas à la traiter comme une poupée en la menaçant de la rapporter ‘...je te verrais à mon arrivée. À bientôt.’
Pas assez de tripes pour lui dire où il pouvait se les mettre. Après avoir terminer l’appel, Tess n’avait qu’une seule envie: écraser ce téléphone dernier cri avec ses Jimmy Choo.
Au lieu de cela, elle fit comme d’habitude: elle se renferma comme une palourde et enfila son peignoir. Première visite chez le coiffeur où elle avait demandé à ce qu’on laisse ses cheveux onduler naturellement. Pas de bouclettes, pas de brushing. Un petit produit sur le visage pour revitaliser la peau chez l’esthéticienne, un coup de crayon marron pour accentuer ses yeux et du mascara. En passant par les vestiaires elle renfila sa robe de chez Chanel couleur café et ses chaussures en daim. Elle avait encore 5 minutes jusqu’au prochain rendez-vous. Le métamorphe ne la quittait pas, son pas était ferme et il semblait vouloir lui parler, mais c’est Tess qui lui adressa la parole en premier.
‘Notre vol est demain à 22h30. Je sais que vous avez parlé à Edward.’ elle lui dit froidement ‘Quels que soient vos intentions on en reparlera à Londres.’
‘...Oui, votre altesse.’
Un dernier coup d’oeil vers Patrick; son visage trahissait sa peine, une milliseconde de peine puis les portes s’étaient ouvertes vers le dining hall et le rideau émotionnel tomba. Tess souriante, lui...Eh bien, lui. Qu’est-ce qu’il était magnifique ce dining hall! Dans un paquebot à pièces très modernes, cette salle lui rappelait presque un film des années 1920. Les couleurs d’or et de rouge se mêlaient laissant place à de beaux miroirs entre les piliers. Leur table était prête et elle alla s’asseoir pendant que Patrick prit sa place sur une table non-loin qui leur était réservée.
Souriante et ébahi par le décor, elle était tentée par un nouveau gin tonic, mais elle se retint.
T’as assez bu, jeune fille. Reste correct.
Après avoir demandé un verre d’eau gazeuse, elle attendait le jeune héritier patiemment en zyeutant le menu. Elle n’était en aucun cas pressée, elle appréciait ce moment toute seule, même si Patrick était non-loin. Un moment de répit, pour arranger ses pensées et ranger ses soucis familiaux dans un tiroir pour… finalement devoir peut-être en parler. Oui, elle devait être prête à parler ouvertement, peut-être que ça allait lui faire du bien? Cette expérience était cathartique en quelque sorte, ayant parlé de son père. À suivre.
Esteban Luz-Descalzo
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Sujet: Re: Grand luxe et Mississipi Mer 4 Mar - 17:03
Il voyait bien qu'elle était embarrassée... Il avait souhaité lui épargner cette gêne autant que faire se pouvait, mais comme il avait refusé sa main tendue, quelques dégâts étaient inévitables. Il esquissa un sourire désolé, qui se voulait rassurant : elle n'avait rien fait de mal, il était lui-même mal à l'aise d'avoir dû refuser son geste. Il se montrait habituellement bien plus conciliant. Cependant cette fois, cela l'aurait forcé à un manque flagrant d'honnêteté, qui selon lui les aurait tous les deux desservis.
Il eut tôt fait de changer de sujet, afin de faire passer plus rapidement l'instant désagréable. Il était temps qu'ils goûtent à la cuisine du chef, lequel devait probablement commencer à s'impatienter. C'est qu'il était déjà tard !
"Parfait ! En ce cas je vous donne rendez-vous tout à l'heure, je dois moi-même refaire ma mise. Avez-vous bien noté l'emplacement de la restauration ?"
Il fallait qu'il demande, par politesse... Néanmoins le garde du corps de la princesse devait certainement avoir mémorisé cette information. Après tout, cela faisait partie de son travail et cela aurait été un comble qu'il n'y pense pas. Si malgré tout ni la princesse ni son homme de main n'avaient retenu ce détail, Esteban chargerait simplement Octavio de transmettre les informations correspondantes. Cela éviterait à la jeune royale un trajet aussi ennuyeux qu'inutile jusqu'à la carte interactive du ferry.
Bien vite, il fut sorti du sauna. Il poussa un soupir de soulagement discret, tandis qu'il passait à nouveau l'index au niveau du col de son vêtement, pour l'élargir. Il avait tenu à garder son peignoir pour éviter que la situation ne devienne plus gênante qu'elle ne l'était déjà, mais il fallait bien dire qu'il commençait à étouffer... Diantre, c'était un euphémisme. Il était plutôt en train de terminer de cuire ! Aurait-il encore été humain, il n'était pas certain qu'il aurait été capable de tenir aussi longtemps dans ce cauchemar brûlant.
Il récupéra Octavio, lequel paraissait avoir passé la dernière demi-heure auprès du garde de Tess. Avant de retourner s'habiller, Esteban passa prendre une douche rapide - et fraîche, surtout. L'utilisation de plusieurs lotions ainsi que de son parfum - dont il avait pensé à amener la bouteille - lui permit de retrouver une toilette aussi qualitative qu'au départ du penthouse.
Il ne pouvait évidemment pas garder les cheveux mouillés. Il passa donc auprès de la coiffeuse qui lui permit de retrouver une tignasse aussi propre et rangée que si rien ne s'était passé. Il en fit son habituel catogan souple, puis il fut prêt à rejoindre la princesse.
Esteban jeta un œil sur sa rollex et grimaça tandis qu'il constatait qu'il avait dépassé de quelques minutes la demi-heure qu'ils s'étaient fixés. L'année qu'il avait passé au Mexique avait rendu sa notion du temps beaucoup plus souple - ce qui expliquait d'ailleurs son retard - mais il avait conscience que celle de Tess était toujours réglée à l'anglaise. Il ne voulait pas la faire attendre.
"Eh bien Octavio... Pressons nous, il semble que je me sois un peu laissé aller."
Il aurait pu être plus rapidement arrivé s'il n'avait pas attendu son chauffeur, mais enfin... Vampire ou non, il restait un être civilisé ! Et c'était sans compter qu'une pointe de vitesse surnaturelle aurait risqué de froisser son costume, ou de démettre ses cheveux, quand c'était à cause d'eux qu'il était en retard. Cela aurait été bien ironique !
Il arriva avec une grosse dizaine de minutes de décalage par rapport à ce qu'il avaient prévu. Esteban se pressa de rejoindre son invitée.
"Je vois que vous avez déjà pris connaissance de la carte... Je suis bien désolé. Je voulais vous en faire une présentation personnelle, mais je me suis laissé piéger par le temps."
Il prit place sur la chaise qui faisait face à la jeune femme et saisit le second menu, qu'il parcourut brièvement des yeux. Il n'avait pas vraiment besoin d'en étudier le contenu. De peur que la qualité du service soit insuffisante par rapport à ses exigences, il avait embauché son propre chef, et il lui avait imposé ses exigences. Il savait donc plus ou moins à quoi s'attendre.
"Avez-vous déjà choisi ? Si vous hésitez, je peux peut-être vous guider..."
C'est qu'il y avait du choix, il s'en était assuré ! Tess avait la possibilité de goûter au meilleur de la cuisine cajun autant que de celle de Veracruz. Il avait aussi fait en sorte de lui laisser des choix qui lui paraîtraient sans doute moins dépaysants, au cas où elle n'aurait pas le palet aventurier : plats fins et classiques de la cuisine européenne qui offraient à Tess une issue certaine au cas où rien de ce que la carte proposait d'autre ne conviendrait.
Esteban attendait de savoir à quelle sauce leur repas allait être mangé pour choisir une nouvelle boisson. Il demanderait certainement une bouteille de vin adaptée à leurs consommations.
Tess Cambridge
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Sujet: Re: Grand luxe et Mississipi Sam 7 Mar - 16:51
Elle se tourna une dernière fois vers l’héritier. À elle bien noté l’emplacement…? Quelle idée ! Elle n’avait jamais besoin de se rappeler quoi que ça soit, la partie de son cerveau qui servait à rappeler des informations diverses était stocké dans le cerveau de Patrick. À croire qu’il y avait un gros trou dans celui de la Princesse.
‘Je suis sûre que Patrick sait où l’on doit se rendre, mais merci de vérifier.’
La princesse sourit une dernière fois avant de s’en aller.
Entre temps elle a réussi à se faire aggraver par son frère, puis stresser son garde du corps avant de finalement s'asseoir avec un sourire quelque peu nerveux. Oui elle était stressée, elle n’avait pas l’habitude de s’ouvrir à qui que ça soit, c’était une première. Le jeune héritier avait pris un peu de retard, mais encore une fois c’était un mal pour un bien, cela lui permettait d’établir ce qu’elle pouvait lui dire sur elle. Honnêtement et sans se refermer comme la palourde qu’elle était. En zyeutant la carte elle vit tout un tas de choses dont elle ne connaissait pas les noms, la princesse se sentait bien con. Il n’y avait pas d’autre mots. Les descriptions lui étaient vagues, elle avait beau être bien plus aventureuse avec la nourriture de certains pays qu’elle avait visité, ceux-là ne lui disaient pas grand-chose. La coutume était telle que la famille royale ne pouvait pas manger de crustacés en dehors du palais au risque de tomber malade. Après… Tess n’était surveillée que par Patrick et il n’allait pas commenter sur sa nourriture, sauf s’il pensait que sa vie allait être en danger (la seule fois finalement était quand elle voulait faire du saut à l’élastique, elle regrettait toujours de ne pas l’avoir fait !).
Tess n’avait même pas remarquée que le jeune héritier était arrivé. Elle leva ses yeux qui étaient plongés dans le menu et elle sentait son cœur battre un peu plus fort que d’habitude. Un mélange d’anticipation et de peur, Tess ne savait pas comment se comporter une fois de plus vu qu’elle essayait d’être honnête.
En réalisant finalement qu’elle n’était peut-être même pas toujours honnête avec soi-même.
‘Ne vous en faites pas, ça valait le coup d’attendre.’
Oups.
‘Je veux dire’ elle se rattrapa et continua amicalement ‘je suis contente de vous revoir.’
Dur de se rattraper, mais elle allait continuer comme si de rien n’était. Il fallait avancer. Elle passa ses mains sur ses cheveux qui ondulaient très légèrement, c’était presque étrange de ne pas les avoir complétement lisses comme à son habitude ou très bouclés. Tess voulait absolument avoir fait son choix avant qu’il n’arrive juste pour ne pas trop perdre de temps, mais cette fois elle était figée. La princesse voulait justement le meilleur de la région, pour avoir une idée de ce que la Louisiane pouvait offrir.
‘Quand à Rome…’ elle sourit et reposa ses yeux sur le jeune héritier ‘Je veux du neuf, quelque chose que je n’ai encore jamais mangée. Cependant, merci de me laisser le choix des plats Européens, c’est attentif de votre part. Je crois avoir finalement fait mon choix.’
Elle marqua une pause et demanda au serveur de revenir. Oui, elle allait être soi-même, au risque de faire peur au jeune homme devant elle. Son régime à la Nouvelle-Orléans était rigoureux depuis son atterrissage avec une exception à son arrivée quand elle avait mangé du boudin noir avec Patrick dans un resto non-loin de l’hôtel. Elle pouvait bien faire une exception aujourd’hui. C’était une soirée spéciale et après tout, on ne vit qu’une fois.
‘Alors… J’aimerais pour commencer un Caldo de Mariscos puis… Cuaresmenos Jarochos? Oui, cela. Vous m’excuserez, je ne connais pas la langue. Après j’aimerais gouter à la Jambalaya et pour dessert… Hmmm...‘ La glace à la pistache lui faisait les yeux doux, mais elle pouvait avoir ça chez elle, il fallait absolument du neuf ‘... Oh ! Un Toro. Ça a l’air très bon ! J’aimerais aussi une toute petite part d’un beignet s’il vous plait.’ après avoir vu les yeux ronds de Patrick et du serveur elle rendit la carte sans plus commenter.
2 entrées, un plat et un dessert et demi… Oui, ça lui arrivait d’avoir une petite faim. Après avoir attendu le choix du jeune héritier et le choix du vin elle fini son eau gazeuse, heureusement qu’elle n’avait qu’un petit verre avec ce qui allait venir !
‘Je n’ai pas beaucoup d’occasion à gouter du neuf, je veux en profiter le plus possible’ elle souriait tout en s’expliquant, elle n’avait peut-être pas besoin de s’expliquer vu son statut, mais elle en ressentait le besoin. ‘Écoutez, j’aimerais être honnête avec vous et je sens que vous vouliez déjà en parler avant’ elle se pencha un peu plus vers lui et baissa un peu son ton ‘J’ai trouvé quelque chose qui appartenait à Miss Butler. Une sorte de valise qui à première vue contient quelques affaires, un agenda et une boîte entièrement remplie de clés USB. Je n’ai pas eu l’occasion d’examiner profondément le contenu, mais tout cela est à présent avec le Grand Mage au cas où quelque chose… M’arriverait.’ elle se rattrapa ‘Enfin ! C’est plus une précaution qu’autre chose. Je dois être de retour demain finalement.’
Elle semblait attristée vers la fin, mais cela n’a pas duré très longtemps car le serveur est arrivé avec les boissons et elle revint à sa pose initiale avec un joli sourire qui voulait dire “keep calm and carry on”.
Esteban Luz-Descalzo
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Sujet: Re: Grand luxe et Mississipi Sam 7 Mar - 21:12
Une fois de plus, il était heureux qu'Esteban ne puisse plus rougir avec la même facilité que du temps de son appartenance au monde des normes. La princesse venait d'avoir un lapsus d'autant plus embarrassant qu'ils étaient maintenant tous les deux très au courant de l'effet mutuel qu'ils se faisaient. Sourire crispé aux lèvres, rire qui se voulait léger mais ne parvenait qu'à paraître gêné... Esteban balaya bien vite de son esprit la remarque inadéquate. Frôler les limites entre le convenable et l'indécent ? Oui, c'était un fait, ils n'arriveraient pas à faire autrement. Mais ce n'était pas une raison pour sauter de l'autre côté de cette limite à pieds joints.
"Je suis moi-même ravi que nous puissions continuer cette conversation."
Elle optait donc pour une aventure culinaire inédite ! Le jeune vamp eut un sourire satisfait. Il appréciait la curiosité donc la princesse faisait preuve. Le culot, le goût du risque et de la nouveauté étaient des qualités qu'il appréciait beaucoup chez les autres. Ça, et l'ouverture d'esprit.
"C'est tout naturel : je ne voulais pas vous piéger, il fallait des choix sûrs. Cela dit je suis très content de voir que vous appréciez la découverte."
Alors qu'il parcourait des yeux la carte, Esteban se referma comme une huître... Et c'était bien le cas d'en parler ! Il y avait beaucoup trop de choix de fruits de mer dans ce menu, tandis que Tess n'avait en théorie pas le droit d'y goûter faute aux risques d'intoxication alimentaire. Il était vrai qu'il n'avait pas pensé à parler au chef de cette interdiction précise... Mais enfin ! Ne lui avait-il donc pas dit qui était son invitée ? Tout le monde savait que la famille royale britannique était tenue à cette règle alimentaire, ce n'était pourtant pas compliqué ? Si ?
Réprobateur, Esteban esquissa sa traditionnelle moue pincée. Il faudrait qu'il touche un mot à son cuistot. Ce genre d'erreurs était tout simplement intolérable.
C'est avec étonnement qu'il écouta la princesse faire son choix. Elle avait justement sélectionné une entrée qui faisait la part belle aux douceurs de la mer. Loin de lui l'idée de la contrarier : elle aurait tout à fait pu prendre autre chose, d'autant que la description de chaque plat était donnée sous son nom, en anglais. Ce n'était pas à lui de la rappeler à ses obligations, cela aurait été terriblement malpoli, et déplacé.
Mais ce n'est finalement pas ce qui l'étonna le plus.
Il avait un souvenir cuisant de cette fois où, tout récemment rentré de Las Vegas avec Erin, il avait voulu lui faire découvrir la cuisine de son second chez lui. La jeune femme avait craché du feu du moment où ses lèvres avaient touché la première bouchée de tamales. Il fallait dire que Karl ne l'avait pas habitué à faire attention : malgré ses origines américano-germaniques, le jeune homme supportait extrêmement bien les épices, ce qui n'était pas le cas d'une majorité d'américains. Il connaissait mal les critères anglais, mais par précaution, il préférait partir du principe qu'ils étaient similaires.
Tess n'avait pris que des plats pimentés, cela le rassurait donc un peu : elle n'avait pas pu manquer la présence du fameux ingrédient. Mais tout de même : il restait une nuance entre manger des plats assaisonnés au piment, et manger des piments entiers. Il ne serait pas tranquille à moins d'avertir Tess du "risque potentiel".
"Cuaresmenos Jarochos."
Un parfait accent mexicain : après tout, l'espagnol était sa langue maternelle, plus encore que ne pouvait l'être l'anglais auquel il ne s'était réellement exercé que tardivement, en comparaison.
"C'est un choix intéressant ! Les cuaresmenos sont en réalité des jalapeños. Pour des piments, ils ne sont pas excessivement forts, mais ils vous seront servis entiers. Vous avez l'air d'apprécier la nourriture épicée, cependant.. ?"
Dès que la princesse l'aurait rassuré, ce serait son tour de mettre le nez dans l'immense variété des choix proposés. Il revenait à peine du Mexique, mais paradoxalement, cela faisait longtemps qu'il n'avait pas goûté la cuisine de Veracruz... Il n'avait pas bougé de Puerto Vallerta, dans l'état de Jalisco - autant dire que ce n'était pas la porte à côté. Les saveurs de son enfance lui manquaient déjà.
"Quisiera pedir un chilpachole de jaiba... Nada más. Gracias."
Il était plus naturel de commencer et de finir sa phrase dans la même langue et il avait tellement l'habitude que son personnel comprenne l'espagnol qu'il avait oublié que les employés de ce navire, qu'il avait seulement loué, n'étaient pas recrutés sur ce critère. Le serveur lui renvoyait un regard vide. Il ouvrit grand les yeux, se rendant compte de son erreur.
"Ah ! Je veux dire, je vais prendre un chilapachole de jaiba ! Pardon."
Un plat suffisait. Incapable de digérer, il ne voulait pas risquer de se sentir lourd et ballonné jusqu'au moment où il serait en mesure de se purger - pas avant le petit matin, donc. Il lui suffirait de prendre son temps pour ne pas donner l'impression à Tess qu'il l'attendait. Si c'était nécessaire, il commanderait un dessert à la fin. Le serveur partit en cuisine après avoir noté la commande d'une bouteille de vin blanc adaptée à des plats de poissons pimentés.
Esteban esquissa un sourire rassurant. Tess avait commandé beaucoup de plats et elle se sentait obligée de se justifier, cependant ça n'était pas nécessaire. Il comprenait parfaitement son point de vue. Quelques années au préalable, il aurait été capable du même raisonnement.
"Oh je comprends très bien, je pense être un peu comme vous... Je sais, cela ne se voit pas ce soir. Mon appétit est malheureusement devenu capricieux..."
...Elle n'avait pas besoin de connaître les détails peu ragoutants que cachaient cette affirmation.
Il la laissa plutôt changer de sujet. Très vite, l’étonnement gagna ses yeux clairs. Très vite encore, cet étonnement se mua en une reconnaissance poignante, presque démesurée compte tenu de la situation. Elle qui s'était montrée jusqu'à présent très secrète dès qu'il était question de Bess Butler acceptait dorénavant de lui en dire plus. Cela signifiait qu'elle lui faisait confiance. Dieu savait combien Esteban avait besoin qu'on lui fasse confiance. C'était une conséquence des traumatismes accumulés suite à sa brutale transformation : il avait très mal vécu la façon dont on s'était mis à le craindre et à l'éviter. Sans même parler de la façon dont sa mère s'était mise à le craindre et à l'éviter.
Tess n'avait pas besoin de s'approcher pour qu'il l'entende : son ouïe était telle qu'elle aurait encore pu baisser le ton sans que cela ne le perturbe. L'inverse en revanche n'était pas vrai. Il fit donc en sorte de se pencher sur la table à son tour. Grimace légère. Il n'aimait pas ce qu'elle insinuait.
"Ne dites pas des choses pareilles... Rien ne doit vous arriver, ce n'est pas une issue acceptable."
C'était vrai, cependant : elle serait dans l'avion dès le lendemain soir. Que pouvait-il donc se passer ? Ce soir, ils étaient hors d'atteinte. Demain ? Le bonbon soleil n'était pas encore en circulation, elle ne risquait donc rien.
N'avait-elle pas parlé du Grand Mage ? Il ne serait pas attendu à ce qu'elle noue de tels contacts à la Nouvelle Orléans, surtout en si peu de temps.
"Le Grand Mage n'est-ce pas ? Je ne sais que peu de choses sur lui, mais il semble être un homme de confiance. ... Surtout par rapport à d'autres wiccans de ma connaissance."
S'il avait su que Précieuse et Skyler Skinner avaient participé au rituel effectué par la princesse, il se serait probablement abstenu de commenter ! C'était justement l'image de la patronne des Plaisirs Coupables et de cet insupportable pharmacien qu'il avait en tête alors qu'il parlait de "wiccans non recommandables". Il avait eu à faire aux deux, et il n'était pas impatient de devoir recommencer...
"Ce sont des pistes encourageantes en attendant. Je sais que vous devez rentrer, mais vous pourrez certainement les suivre à distance."
Faire affaire avec le Grand Mage de la Nouvelle-Orléans ? Et pourquoi pas ! Il avait des alliés bien moins recommandables, dorénavant. Une fois de plus il était prêt à aider Tess, mais il l'avait déjà tellement fait comprendre... Il aurait été malpoli d'insister. Si elle avait besoin de lui, elle le lui dirait certainement.
Dernière édition par Esteban Luz-Descalzo le Mar 17 Mar - 19:23, édité 1 fois
Tess Cambridge
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Sujet: Re: Grand luxe et Mississipi Dim 8 Mar - 15:22
Ouf, passons. Elle ne voulait pas continuer à s'apitoyer sur ce qu’elle avait dit sans penser. Tess savait qu’elle ne pouvait se permettre ce genre de commentaires, justement c’était pire parce qu’elle avait la sale tendance d’aller à l’encontre du protocole quand laissé avec le stricte minimum de supervision (c’est-à-dire Patrick) et en plus quand il n’y avait aucun paparazzi dans le coin. Maintenant qu’elle ait aussi commencé à faire la tête à celui-ci… Bref, il fallait s'autocensurer un peu plus.
Elle esquissa un sourire timide, heureuse que finalement l’on apprécie son goût pour l’aventure culinaire. Essayer des plats neufs et singuliers était quelque chose qu’elle voulait explorer beaucoup plus, cependant depuis l’ascension de son grand-père rien n’a changé au niveau de la cuisine, ce qu’elle trouvait dommage. Bien entendu elle pouvait toujours demander aux cuisiniers du palais de lui concocter quelque chose de spécial… Mais ça n’était pas la même chose!
‘Je suis contente que vous le reconnaissez’ elle commenta en zyeutant le menu une dernière fois ‘mon arrière-grand-père était aventureux lui aussi apparemment. Ma famille immédiate l’est moins.’
La princesse avait remarqué la moue pincée du jeune héritier, mais n’eut pas le temps de lui poser la question du pourquoi du comment. Quelque chose n’allait pas avec le menu ? Elle se demandait bien ce qui le tracassait. L’idée qu’elle n’était pas supposée manger de crustacés lui est passé complétement par-dessus la tête cette fois (comme nombre de fois), à ce stade là elle n’en avait que faire de ses restrictions alimentaires et Patrick ne faisait pas de remarques. C’est que tout allait bien se passer. Après tout, elle avait vue sa grand-mère briser cette règle à tout va.
Qu’est-ce qu’elle aimait l’entendre parler espagnole. C’était une belle langue et cela lui donnait un air tellement… Elle ne savait plus, finalement. Elle aimait le son de cette langue mêlée à sa voix. C’était tellement impressionnant pour elle qu’il puisse parler deux langues couramment, Tess qui ne parlait que l’anglais avec les quelques notions d’allemand et de français qu’elle avait apprise à l’école. Oui, elle se sentait un peu moins intelligente du coup.
‘Oh’ elle leva les sourcils en rendant la carte au serveur ‘c’est intrigant. Oui, j’aimerais bien essayer car il m’arrive de manger épicé. Tout ira bien !’
”Tout ira bien”, mon épitaphe.
Tess mangeait épicé parfois, mais n’a encore jamais mangé un piment entier. Elle n’allait pas reculer devant un défi (mais surtout elle n’allait pas prendre encore plus de temps à se décider surtout). Cette notion tellement britannique qu’était : tu as fait ton lit, tu vas maintenant dormir dedans que ça te plaise ou non. Tess passa sa main sur sa joue qui était encore un peu chaude, elle se rendait bien compte qu’elle n’avait plus de fond de teint, mais elle ne pouvait pas faire grand-chose à part ignorer ses réactions physiologiques au son de cette langue.
‘Je vous envie, vraiment.’ elle avoua, impressionnée ‘Je ne parle que l’anglais et dans mon pays mon accent est sujet d’énormes moqueries. Par contre ici j'ai remarqué qu'il est perçu avec un certain exotisme, c'est très étrange !’
Elle rit légèrement, effectivement elle venait tout juste de se rappeler une série télévisé qui parodiait la couronne. Chose qui divisait les avis dans la famille. Tess? Elle s’était dite que de toutes les manières ces gens là n’étaient pas malicieux, c’était leur travail.
Quant à son appétit… Bon, la princesse réalisa bien vite qu’elle était gourmande, chose qui doit être contrôlé à chaque instant dû à son entrainement. Son dernier commentaire la laissa perplexe. Appétit capricieux ? De quoi parlait-il ? Il lui a fallu plusieurs dizaines de secondes pour finalement comprendre, après lesquelles elle lâcha un “ah” qui signalait que “oui, ça m’a prit du temps, mais je viens de m’en souvenir”. Depuis le retour de son teint naturel et le grand changement de conversation, Tess avait rangé le statut vampire dans un tiroir bien profond de son cerveau. Était-ce mal poli d’oublier la nature de celui-ci ? Ou est-ce qu’il allait bien le prendre ? Avait-il même remarqué ? Ça l’avait stressé et elle voulait changer de sujet. Comme quoi aller vers Bess Butler était presque naturel.
Sa réaction ne l’avait pas vraiment étonné. Il était naturel qu’on ne veuille pas voir le pire scénario se dérouler, mais Tess avais de gros doutes depuis qu’elle avait récupérée cette valise. Elle se demandait si c’était un piège, si cette meurtrière s’attendait à ce que l’on trouve quelque chose. Ou si elle avait réussi à traquer le Grand Mage lui-même… Ça devenait de plus en plus difficile à gérer et peut-être que c’était mieux qu’elle ait un vol pour demain.
‘Je ne vous le fais pas dire. Le Grand Mage est un personnage très poli, un vrai gentleman. J’ai été aidé par deux autres, mais ils étaient moins… Polis.’ elle eut comme un poil hérissé en pensant aux deux autres, cette irritation qu’elle ressentait était presque égale à l’irritation qu’elle sentait contre son frère. Elle revint sur les précautions ‘Cette valise est donc avec Monsieur Cyan, c’est vraiment au cas où. Je suis presque persuadé que je trouverais tout ce dont j’ai besoin et tout ira bien. La mémoire de mon père sera honorée et tout sera... Comme avant. Oui.’
Oh non, elle hésitait. Comme avant ? Quand, précisément ? Ce n’était plus un doute qui lui picotait la tête, c’était un déluge. Un vrai tsunami de doutes qui avait fait surface. Voulait-elle vraiment découvrir ce qui se trouvait dans cette valise ? Avait-elle réellement prit un énorme bâton pour s’attaquer à un nid de frelons ? Il était trop tard pour faire un pas en arrière. C’était le moment de jouer aux huitres.
‘Oui, vous avez raison, ces pistes sont encourageantes, mais…’ elle hésitait à le dire, mais elle prit son courage à deux mains ‘... Ça me fait de la peine de rentrer maintenant. Peut-être que c’est pour le mieux vu les circonstances. Je sais qu’internet existe et que l’on pourra communiquer ainsi, mais ce n’est jamais la même chose.’
Sauvé par le gong. Le serveur arriva avec un chariot rempli de boissons et de leur plats sous les cloches. À part les desserts, tout était finalement dessus et le visage de la princesse était complétement illuminé. Elle avait plus faim qu'elle ne le pensait. Son attention était complétement attirée par ce qui allait être placé sur la table et heureusement que le serveur avait compris ses choix, les portions étaient plus petites pour lui offrir la possibilité de profiter un peu de tout. Il n’y avait qu’un piment vert farci de crustacés dans sa petite assiette qui lui posait un défi considérable, mais elle allait commencer par le bol de soupe.
Le serveur montra la bouteille aux jeunes gens avant de verser un peu de son contenu dans le verre de la brune qui y gouta. En souriant elle hocha poliment de la tête afin de signaler que c’était bon.
‘Bon appétit, Esteban’ elle sourit en voyant la soupe au crabe et quand le serveur s’en alla elle leva son verre vers lui et elle ne pouvait s'empêcher de tirer la langue avec un petit rire moqueur, elle murmura comme si elle allait avouer un lourd secret ‘Je vous dois une confession : je n’y connais rien en vin ! Je peux juste vous dire qu’effectivement, ce n'est pas du vinaigre.’
Elle attendait à ce qu’il trinque pour quelque chose, elle avait déjà la mal chance de dire “santé” au départ.
Esteban Luz-Descalzo
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Sujet: Re: Grand luxe et Mississipi Mar 17 Mar - 20:20
Il n'y avait pas forcément à répondre à tout. Tess était heureuse qu'Esteban reconnaisse son sens de l'aventure, et Esteban était content de lui avoir fait plaisir. Il se contenta d'un sourire agréable qui accusait réception tant de la satisfaction de la jeune femme que de la comparaison qu'elle faisait vis-à-vis du reste de sa famille.
Lorsqu'elle commanda son repas cela dit, il se sentit obligé de commenter. Elle venait tout de même de choisir un plat de piments fourrés.
"Tout ira bien !"
Il n'eut pas l'air immédiatement convaincu. Après quelques secondes de silence circonspect il retrouva pourtant le sourire et ajouta, tout de même un peu hésitant :
"Oh ! Très bien, en ce cas tout est parfait."
Il y avait tout de même une différence entre manger épicé et manger un piment entier... Et puis il y avait aussi parfois une différence entre "épicé" et "épicé" selon la notion qu'on en avait. Mais ce n'était pas son rôle de le faire remarquer plus que de mesure.
... Cela devenait décidément un classique, entre eux deux. Lui qui cherchait à la prévenir et elle, qui échappait à ses conseils sans un regard en arrière.
Une bourde en espagnol tandis qu'il prenait sa commande fut à l'origine d'un nouveau sujet de conversation. Il n'eut pas envie de rebondir sur son propre bilinguisme mais s'intéressa plutôt à ce que Tess racontait sur son accent. Esteban prit l'air légèrement étonné. Touché... Il faisait très certainement partie de ceux qui trouvaient cela "exotique"... Quoique le terme fut mal choisi. "Élégant", "Mélodieux", étaient des adjectifs qui convenaient mieux, à son humble avis.
"Des moqueries ? Réellement ?! Enfin... C'est étrange, comme les perceptions peuvent être différentes selon les endroits... Personnellement, je trouve votre accent tout à fait raffiné."
Il s'excusa de n'avoir pas pris grand chose à manger et Tess sembla avoir du mal à comprendre où il voulait en venir en lui parlant de son appétit capricieux. La lumière se fit enfin et il eut une petite grimace d'excuse. Elle devait certainement s'être rappelée de cette histoire de purge, obligatoire pour tout vampire gastronome... Ce n'était pas bien ragoutant, et il ne voulait pas s’appesantir là-dessus.
La princesse lui donna justement l'occasion de se concentrer sur autre chose : Elle paraissait finalement prête à lui parler de Bess ! Elle n'imaginait certainement pas ce que la confiance qu'elle lui accordait représentait, pour lui. Néanmoins il était aussi inquiet. Elle se pensait en danger potentiel. Voilà qui aurait été parfaitement alarmant si elle n'avait pas dû repartir si tôt en Angleterre...
"J’ai été aidé par deux autres, mais ils étaient moins… Polis."
Un autre grimace légère, miroir de la crispation de Tess.
"C'est amusant, on dirait presque que nous avons rencontré les mêmes personnes..."
Elle lui donnait plus de détails et se montrait rassurante. A distance, elle pourrait utiliser les informations que contenait cette valise pour trouver Bess et obtenir justice. C'était bien. Très bien, même ! Il était content pour elle et allait lui en faire part, mais une nouvelle remarque le désarçonna.
"... Ça me fait de la peine de rentrer maintenant. Peut-être que c’est pour le mieux vu les circonstances. Je sais qu’internet existe et que l’on pourra communiquer ainsi, mais ce n’est jamais la même chose."
Il resta un instant les yeux grands ouverts, sans trop savoir quoi répondre. Ils se trouvaient à nouveau sur une pente glissante... Cependant, il comprenait ce qu'elle voulait dire.
"Tess..."
Un air bien désolé.
"... Je suis déçu, moi aussi, c'est vrai. Mais ce n'est que partie remise. Nous avons tout le temps devant nous."
... Surtout lui, se disait-il. Cependant il ne voulait pas faire cette remarque. Puis Tess était jeune. Elle avait effectivement tout le temps devant elle, vie éternelle ou pas.
Leur repas arrivait ! Esteban se décala pour laisser le serveur mettre sous son nez une soupe corsée dans laquelle flottaient deux crabes entiers.
"Bon appétit à vous aussi !"
Le vin devait être très bon. Il avait demandé à ce qu'on ne leur propose que les meilleurs millésimes. Il attendait l'avis de Tess... Lequel ne fut pas ce qu'il aurait pensé. Un rire élégant lui échappa.
"Eh bien... Très bien je l'admets : vous n'êtes pas seule ! Ma tante m'a appris à reconnaître quelques alcools de qualité, mais ce n'était pas du vin. La bouteille devrait s'associer à merveille au repas, cela dit."
... Quelqu'un d'autre que lui s'en était assuré. C'était à cela que servaient des employés qualifiés. Il leva son verra.
"A la réussite de votre entreprise... Et à cette soirée charmante, bien évidemment."
... Ne pas loucher sur le piment dans l'assiette de Tess, surtout. Il était encore pris de quelques doutes.
Tess Cambridge
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Sujet: Re: Grand luxe et Mississipi Ven 20 Mar - 15:04
‘Oh, merci’ elle n’avait pas intention de pêcher pour des compliments, mais elle était tout de même ravie d’entendre que son accent est considéré raffiné par son hôte ‘La télévision vous en apprends bien des choses sur la perception du public à votre sujet ou au sujet de votre famille. Mais passons !’
Elle finit avec un sourire. Était-elle vexée quand on avait décidé de la parodier “Chez les Windsors”? Un peu, surtout les derniers épisodes qu’ils ont décidés de diffuser un épisode une semaine après la mort de son père. Le restant du temps, elle ne s’en faisait pas autant, d’ailleurs beaucoup d’épisodes étaient marrants. Le fait qu’il ait grimacé, elle se doutait qu’il eût à faire déjà à la patronne des Plaisirs Coupables et au pharmacien. La princesse se souvient très bien de leur rencontre et elle en avait un peu souffert, ou du moins son cocon royal fût légèrement craqué. Elle fronça du nez avec une grimace elle-même, mais après réflexion elle voulait tout de même ajouter quelque chose sur les gens qui l’ont aidé.
‘Vous savez’ elle reprit, après avoir bu une dernière gorgée de son verre d’eau ‘j’ai beau les critiquer pour leur manque de politesse, mais je ne peux oublier qu’ils m’ont tout de même prêté leur aide quelles que soient leurs raisons. Votre aide dans cette affaire a été vitale aussi. En fin de compte, tout le monde s'est montré très coopératif.’
En y repensant, manque de charme ou pas, tout le monde était prêt à l’aider. Certains pour leurs propres raisons et d’autres parce qu’ils étaient enclin à vouloir aider autrui car c’était la bonne chose à faire (ou du moins c’était son opinion). Il y avait toujours cette petite pensée qui la narguait, si c’était effectivement une bonne idée d’avoir agrandi le nombre de personnes qui étaient au courant de sa petite chasse à l’homme (ou chasse à la vampirette), si quelqu’un lâchait le morceau elle serait dans un sale pétrin.
Chut, maintenant n’est pas le moment.
Il y eut une petite étincelle d’espoir dans ses yeux. Une partie remise. Oui, c’était bien cela. Ils avaient tout le temps devant eux. Elle avait des années et puis un jour peut-être elle pourrait revenir à la Nouvelle-Orléans et ils pourraient être libre de faire ce qu’ils voulaient. Son médicament lui permettrait qu’ils aillent à la mer, finalement voir ce fameux levé du soleil sans qu’il risque sa non-vie. Tess s’imaginait déjà à la plage vers 4 h du matin juste avant que le soleil ne se lève, à ses côtés…
Oh, manger !
S’il y avait quelque chose qui arrivait à l’arracher des amourettes et des petits fantasmes, c’était bien la nourriture. Après son aveu sur son manque d’expérience avec le vin, elle était absolument ravie qu’elle le fit rire. Qu’est-ce qu’il était beau son rire, elle le rejoint dans un petit rire elle-même, c’était contagieux ! Elle hocha de la tête, oui elle croyait bien se souvenir que le jeune héritier s’y connaissait mieux en tequila qu’en vin. Un peu comme elle s’y connaissait mieux en gin.
‘Oui, à cette soirée, pour qu’elle puisse s’étendre un peu plus !’
Après avoir pris une gorgée modeste, elle s’attaqua à la soupe d’abord. Oui c’était épicé, mais elle n’allait pas directement se mettre au piment farci, il fallait qu’elle tâte le terrain juste un peu. La qualité des fruits de mers était incroyable et son unique commentaire était exprimé par des grands yeux et un grand sourire excité par le fait qu’il y ait encore beaucoup dans la soupe et sur les autres assiettes ! Après avoir fini sa soupe, le piment farci lui faisait face. Le duel de l'année. La princesse savait très bien qu’elle avait fait une grosse bourde en voulant être polie. Pour une fois qu’elle ait fait une bourde pour faire quelque chose de bon… Qu’importe.
Elle essayait de ne pas regarder qui que ça soit, mais elle sentait le regard de Patrick, qui lui mangeait son boudin noir dans son coin accompagné d’Octavio et elle coupa une petite portion du piment. En l’approchant de son visage, elle sentait l’odeur presque brûlante du piment dans ses narines et cette magnifique odeur des crustacés qui allaient avec.
Esprit sur la matière, esprit sur la matière, esprit sur la matière, esprit sur la matière…
Première bouchée. Tout va bien… Tout va encore. Ça va un peu moins. Elle ne montrait rien, son visage était figé dans son sourire habituel et elle continuait l’attaque royale sur le piment. Métaphoriquement parlant, ses oreilles faisaient échapper une fumée noire et épicé, tout comme ses yeux, son nez… Oh non, son nez commençait à échapper autre chose. Vite ! Vite, vite, vite… Mouchoir.
‘Excusez-moi’ dit-elle en baissant sa tête vers son sac pour en ressortir un mouchoir, elle croisa le regard de Patrick et elle fût presque outrée de le voir retenir un rire, ce visage qu’il tirait à chaque fois quand quelque chose l’amusait.
Après avoir discrètement essuyé son nez, elle commenta.
‘Tout va bien. Oui, tout va très bien !’
Heureusement pour la tortilla, elle avait déjà fait cette énorme bourde de boire de l’eau il y a quelques années après avoir bravé un Vindaloo.
Esprit sur la matière, esprit sur la matière, esprit sur la matière… Oh ciel, pitié, esprit sur la matière.
Elle finit le piment comme la brave fille qu’elle était entre deux bouchés de ce pain Mexicain. À ce niveau-là le jambalaya était presque un baume apaisant. Maintenant qu’elle ne devait pas se concentrer sur sa nourriture autant et qu’elle pouvait passer à autre chose, Tess voulait essayer de toucher à un autre sujet.
‘Quand ce médicament sera en vente’ elle prit une petite gorgée de vin ‘Que pensez-vous faire ? Je veux dire… En termes de projets, avez-vous d’autres idées? Des plans dans un futur proche? Cela va bien ouvrir d’autres portes, non?’
Esteban Luz-Descalzo
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Sujet: Re: Grand luxe et Mississipi Mer 25 Mar - 11:41
La télévision... Ah, certes. Et les journaux. La presse à scandale, il n'y avait rien de pire, Esteban était bien placé pour le savoir. Il eut une légère grimace, accompagnée d'un rire discret.
"Et c'est sans compter les journalistes, surtout les paparazzis, qui ne manquent pas une occasion d'en rajouter et de manipuler l'avis de ce public... Mais vous avez raison, passons ! Il nous gâchent assez la vie en temps normal sans qu'il faille y penser dans ce genre d'instants, n'est-ce pas ?"
Vraiment... La presse dressait de lui un portrait parfaitement hors de propos. On le montrait bien souvent frivole, superficiel et mu par l'unique volonté de tirer tout l'argent des poches de sa famille. Il savait que cette manipulation de son image publique était en grande partie à imputer aux Luz-Descalzo et, fort heureusement, une partie du corps journalistique - surtout parmi les journaux pro-outre - restait de son côté... Mais tout de même, c'était vexant.
Ils parlaient wiccans, désormais. Esteban ne connaissait pas Artémis Cyan mais il avait un bon a priori concernant ce nouveau grand mage. Les autres sorciers qu'il avait rencontrés par le passé en revanche étaient parfaitement insupportables... Désagréables, impolis, et mal intentionnés de surcroît ! Il ne comprenait vraiment pas comment Luisa pouvait fréquenter des poisons pareils et s'en satisfaire. Rien qu'à l'idée de... brr. Non. Surtout pas. Il ne voulait pas visualiser des choses pareilles. Ce qu'il y avait entre Skyler et Luisa ne concernait que Skyler et Luisa. Que cela reste dans le secret de leur chambre.
Le jeune vamp sembla comme se rembrunir. Il plongea un regard circonspect dans les yeux de la princesse, associé à une moue du même acabit. Il semblait brutalement avoir pris dix ans. Ce qu'il avait dû faire pour protéger son identité - et sa vie - ces dernières années avait eu raison de sa grande naïveté et de ce qu'il restait de son innocence. Tess en revanche était encore immaculée... C'était touchant. Mais c'était aussi dangereux, si elle comptait continuer à jouer dans ces sphères obscures de la Nouvelle-Orléans.
"Restez tout de même sur vos gardes. Ces gens là apportent rarement leur aide gratuitement et, si c'est le cas, il y a de bonnes chances qu'ils soient en train de faire du profit sur votre dos. Et je ne parle pas nécessairement d'argent ou de gain matériel. L'information coûte tout aussi cher, si ce n'est plus."
Il se rendait bien compte qu'on aurait pu dire la même chose de lui. Esteban apportait à Tess une aide désintéressée, mais il aurait difficilement pu le lui prouver. Puis il était peut-être injuste vis-à-vis de ces wiccans... Après tout, ce n'était pas parce qu'ils étaient impolis qu'ils faisaient nécessairement partie de la Mafia W, ou même du Talion. Le vampire se radoucit et baissa des yeux embarrassés.
"... Je suppose que je ne peux pas vous dire cela et attendre ensuite que vous me fassiez entièrement confiance non plus."
Le sujet de conversation vira à tout à fait autre chose, ce qui était heureux. Exit les wiccans et les manigances qui se tramaient dans l'ombre, sur la face cachée de cette ville de requins et de piranhas. Et de hyènes. Il était désormais question de leur tristesse mutuelle à l'idée de ne plus pouvoir se voir alors qu'ils commençaient à peine à se connaître. Il fallait relativiser : tout n'était pas terminé. Ses encouragements parurent avoir l'effet escompté. Esteban laissa donc un beau sourire éclore et...
... Le repas arrivait. Parfait ! Voilà qui éviterait efficacement à leur moral de retomber. Suite à quelques aveux amusants quant à leurs médiocres connaissances œnologiques, ils trinquèrent - cette fois-ci en évitant l'écueil de se souhaiter une santé qui n'était pertinente que pour l'un d'eux.
Du coin de l'oeil, Esteban vit que Tess commençait par les plats les "moins" épicés. C'était une bonne idée, mieux valait probablement y aller de façon progressive. Il s'attaqua pour sa part aux crabes qui flottaient dans la soupe et constata bien vite que l'outil destiné à écraser la carapace n'était guère plus à sa place entre ses doigts que du temps de son humanité perdue. Misère... Faites qu'il ne se tâche pas avec une projection accidentelle ! Il grimaça et tâcha de démembrer son repas très précautionneusement. Au moins, avec une telle lenteur, il n'allait pas semer Tess. Cela éviterait à la jeune femme d'avoir l'impression d'être seule à manger, ce malgré les quantités très différentes qu'ils avaient choisi d'ingérer. La princesse lui jeta un regard plein d'une gourmandise et d'une excitation mal contenues. Ravi de voir qu'elle était satisfaite par la qualité des plats, il répondit par le silence et par une expression aimable, débordant d'une joie miroir à celle de la jeune femme.
C'était délicieux. La chair des crustacés était fraîche, pourvue d'un goût subtil que venait rehausser une soupe aux saveurs riches et à la chaleur réconfortante. Le piment lui restait fort agréablement sur la langue.
... En parlant de piment, où en était-on ?
Tess s'était tout juste lancée à l'assaut du jalapeño géant. Esteban cherchait à se rassurer intérieurement : après tout, ce n'était vraiment pas un piment fort par rapport à ceux auxquels elle aurait pu être confrontée... Ça ne pouvait pas être si terrible que cela, n'est-ce pas ? Et puis elle avait très bien supporté la quantité d'épices du plat précédent, alors ça ne pouvait que bien se passer.
... N'est-ce pas ?
Sans s'en rendre compte, il la fixait un peu trop intensément. Les yeux un peu trop ronds, un peu trop ouverts, aussi. Suspens faisant, il avait cessé de respirer.
... Oh non. Catastrophe. Elle rougissait et elle allait avoir ce fameux problème du nez qui...
‘Excusez-moi’ "Je vous en prie."
Il avait plongé la main dans sa poche à la recherche du mouchoir Hermès en tissu - propre bien évidemment - qui devait s'y trouver, mais c'était inutile. La princesse avait ce qu'il fallait sur elle, et avait été plus rapide que lui à réagir.
‘Tout va bien. Oui, tout va très bien !’ "... Bien sûr !"
Il ne voulait pas la contrarier en lui faisant remarquer qu'elle allait bientôt devenir violacée et que ses yeux brillaient d'une lueur qui disait l'inverse de ce qu'elle voulait bien admettre. Les yeux toujours aussi ronds, il continua plutôt de se battre avec ses crabes.
La tension retomba quand la princesse en eut fini avec les spécialités mexicaines. Elle revenait en Louisiane et sur un jambalaya qui, épicé ou non, ne contenait pas de piments entiers. Ouf ! L'honneur était à peu près sauf pour tout le monde. Dès lors il redevenait possible de penser à autre chose... D'ouvrir de nouveaux sujets de conversation.
La question posée par Tess le laissa pensif quelques instants.
"Eh bien... Oui, parfaitement. Je compte effectivement financer d'autres projets et il y en a un qui est déjà sur le feu."
Il pouvait en parler. Il avait déjà fait cette annonce à la télé, ce n'était désormais plus un secret.
"C'est un complément à ce médicament, en réalité. Nous travaillons sur un verre de facture magique qui serait capable de laisser passer la lumière du soleil tout en protégeant les vampires de ses effets néfastes. L'avantage de cette technologie, c'est qu'elle serait sans limite d'effet temporelle - c'est d'ailleurs ce qui rend ce verre si difficile à produire, qui plus est dans des quantités industrielles. On proposera déjà d'en faire une norme dans tous les édifices publics... A long terme j'aimerais qu'il soit utilisé pour couvrir des pistes piétons - et que l'on puisse rendre la ville plus accessible à tous en journée. C'est un produit très coûteux et dont la fabrication est longue et compliquée, donc nous n'y sommes pas encore... Quant à son utilisation chez les particuliers, elle est pour le moment hors de propos pour les raisons énoncées. Mais j'ai bon espoir que nous arrivions un jour à surpasser ces difficultés techniques."
Il ne fallait pas le lancer là-dessus... Il était impossible à arrêter !
Tess Cambridge
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Sujet: Re: Grand luxe et Mississipi Mar 31 Mar - 14:38
La princesse se doutait que la vie d’Esteban ne fût pas facile, surtout à en entendre sa réaction sur les paparazzis. Après tout, qu’est une fortune ou un titre si l’on est traité comme de la pâture pour les assoiffés de médias sensationnalistes ou simplement ceux qui n’avaient pas grand-chose à faire? L’héritier a dû en faire les frais, il n’y avait aucun doute vu le statut de sa famille aux États-Unis. En fin de compte, il y avait beaucoup de similarités entre eux: il suffisait qu’il y ait un faux pas, une toute petite nouveauté dans leur vie et les médias s’en faisaient un régal. Elle commençait à comprendre la dynamique entre les Luz-Descalzo et les médias Américains, leur rôle et elle allait s’éduquer un peu plus de son côté aussi. Le questionner serait impoli et pas convenable du tout. D’ailleurs, le sujet des médias était finalement clos.
Elle vit l’expression de son hôte changer. L’avait-elle offensé? Qu’avait-elle donc dit pour qu’il prenne cet air aussi sombre? La brune se sentit soudainement petite et par réflexe elle se recroquevilla presque sur soi. Non pas qu’il lui ait fait peur, mais plus parce qu’elle anticipait à ce qu’on la réprimande pour cette opinion et se faire réprimander lui faisait très honte. On aurait dit qu’elle avait l’habitude avec Edward, mais elle apprit à se refermer après plusieurs années. C’était différent pour quelqu’un qui lui était pratiquement inconnu et surtout quelqu’un qui faisait battre son cœur plus fort que d’habitude. Son anxiété avait atteint de nouveaux sommets, mais la manière dont il lui avait adressé la parole était bien plus agréable qu’elle n’imaginait (ou dans son cas angoissait). Il se faisait du souci. Était-elle vraiment aussi naïve comme les médias, et maintenant il s’avérait les connaissances, le pensaient? D’ailleurs, elle alla même le prouver sans y repenser à deux fois après la dernière réplique du Vampire.
‘Je vous fais confiance!’ elle a failli lui couper la parole vers la fin, voulant absolument qu’il sache qu’il n’était pas au même niveau que ces deux Wiccans. Pas dans cette vie ni à ses yeux. ‘C’est… Différent, pour vous. Je ne saurais vous l’expliquer, mais vous mettre dans le même camps que ces deux…là. Non, c’est inimaginable. Vous êtes bien plus que cela. Vous êtes un homme bien. Ça se voit et ça se ressent.’
Des propos peut-être naïf, mais sincères. Il était vrai qu’elle voulait toujours voir le bon côté de chaque personne et qu’elle voulait trouver une étincelle de bonté dans ceux qui n’en avaient pas, pensant souvent qu’il y avait quelque chose dans leur passé qui les avaient poussés sur la mauvaise voie. Bref, sa vie et ses croyances étaient tirés droit de l’Église Anglicane, qui était bien moins pluie de feu et de soufre que son cousin Catholique, surtout le cousin Américain. La conversation fût achevée avec l’arrivée de la nourriture. Finalement elle n’avait plus rien à redire, tout ce qui devait être dit a été dit au sujet de comment elle percevait son hôte. Esteban n’était pas qu’un Vampire à ses yeux, c’était quelqu’un avec une histoire et qui était humain et tout à fait vivant auparavant. C’était le cas depuis le départ, mais cela semblait s’accentuer au fur et à mesure.
Ils avaient l’air tellement beaux, eux deux… Lui, en brandissant ses ustensiles comme des armes blanches contre un crabe qui portait son armure en plaques, pendant qu’elle bravait l’épreuve du feu. Elle avait remarqué discrètement qu’il avait du mal avec son crabe et cela la rassurait, Tess avait du mal avec son piment et elle était certaine qu’il l’avait remarqué (oh la honte): ce visage qui était devenu rougeâtre (ou plutôt violet si l’on veut éviter les sémantiques), son nez devenu Niagara (sauvé par un mouchoir) et ses yeux brillaient avec les larmes qui commençaient à se former. Oui, elle mangeait épicé, mais pas un piment entier, nom de Dieu! Les yeux ronds de son hôte n’étaient pas passés inaperçus, elle savait qu’il n’allait pas faire de remarques, mais ce regard était assez pour être une remarque en soi. S’arrêter de manger ce piment serait acceptable, mais pas à ses yeux. Elle avait prise cette décision et elle n’allait pas capituler: c’était sa guerre contre Monsieur Jalapeño
Passer vers la Jambalaya était un vrai cadeau du ciel. C’était, de loin, son plat favori depuis le début de son séjour à la Nouvelle-Orléans. La soupe était délicieuse, mais la Jambalaya… Incroyable. D’ailleurs avec cette tension qui avait baissé d’un chouïa elle tenta ce nouveau sujet et il se trouvait qu’Esteban était particulièrement bavard ! Un projet sur le feu? Rien que de l’écouter parler était agréable. Il lui fallait du temps pour comprendre ce “verre magique” et la production. Qu’était la science derrière cette magie ? Y avait-il quelque chose de scientifique, ou était-ce juste… de la magie?
‘Rien n’est insurmontable si l’on est dédié à sa cause!’ elle dit avec enthousiasme, c’était contagieux. Elle prit une nouvelle gorgée de vin avant de demander autre chose, c’était risqué et une question potentiellement difficile, elle regardait son assiette à moitié vide ‘Je vous l’avais dit, vous allez en rendre des heureux et vous allez ouvrir beaucoup de portes avec ces projets. Est-ce que votre propre expérience vous a poussé à ce genre d’entreprise, ou était-ce quelque chose qui se formait déjà dans votre tête bien avant?’
Elle leva sa tête pour l’observer, sans réaliser que ses joues étaient chaudes. À chaque question elle angoissait, c’était d’habitude. La dernière chose que Tess voulait était d’offenser une fois de plus son hôte.
Oh non, est-ce que j’ai posé une mauvaise question? C’est bien trop personnel... On voulais avoir une conversation plus sérieuse, est-ce que c’est allé trop loin? Pourquoi est-ce que j’ai décidé de demander cela? Cela va simplement lui rappeler ce qu’il a perdu et lui rappeler qu’il est différent, même s’il ne l’est pas… Mais il ne pourra pas le savoir parce que je le pense et il ne peux pas lire mes pensées. À moins que... Esteban, si vous pouvez lire mes pensées sachez que je suis juste une idiote qui ne sait pas communiquer correctement. Ce n’est pas entièrement ma faute, je n’ai juste pas d’amis.
Ce monologue interne angoissé avait aux moins mit en avant une réalisation.
Esteban Luz-Descalzo
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Sujet: Re: Grand luxe et Mississipi Jeu 2 Avr - 12:23
Il était assez courant qu'on (manque) de couper la parole à Esteban. Après tout, étant donné le flux ininterrompu qui s'échappait de sa bouche à intervalle trop régulier, il fallait bien réussir à en placer une de temps en temps. Il était bien moins courant qu'on (manque) de lui couper la parole pour l'assurer avec force et fracas de la confiance qu'on lui portait. Le jeune vamp perdit brièvement ses moyens, étonné et plutôt touché.
Car c'était une question sensible. Même avec ceux qui étaient restés - ou qui étaient redevenus - proches de lui, Esteban était obligé à ce triste constat : les choses n'étaient plus tout à fait comme avant. Sa mère faisait bien des efforts mais il continuait à lui faire peur dès qu'il lui rappelait involontairement sa nature. Luisa n'avait jamais cessé de s'adresser à lui avec l'insolence agaçante qui la caractérisait. Paradoxalement, son comportement inchangé le soulageait. Cependant, même si c'était subtil, sa tante restait incapable d'ignorer entièrement les crocs qui se cachaient dans sa bouche et ce qu'ils signifiaient. Un exemple marquant lui était resté : Luisa l'avait accompagné lors de son rituel pourpre mais elle avait refusé de descendre de la voiture, jugeant cela dangereux en la présence théorique de tous les vampires de la Nouvelle-Orléans à proximité. C'était logique et légitime, mais cela prouvait qu'elle considérait tout de même les vampires comme dangereux par nature et par défaut. Il n'avait pas pu s'empêcher de le prendre pour lui. Au minimum, cela lui rappelait sa différence. Il ne serait jamais plus un membre de la famille "normal".
Ne parlons même pas de l'avis que le reste du monde pouvait se faire sur lui. Tess et lui ne se connaissaient réellement que depuis très peu de temps et pourtant, elle semblait en mesure de lui affirmer la foi qu'elle avait en sa bienveillance avec une sincérité dont il n'aurait pu douter. C'était très déstabilisant compte tenu de la façon dont elle l'avait envoyé bouler en tout début de soirée... Mais peut-être fallait-il vraiment qu'il oublie cette histoire de séminaire. Après tout, l'événement n'aurait pas lieu - ni pour elle, ni pour lui, toujours. Il eut un sourire qui traduisait sans peine sa profonde reconnaissance.
"... Je suis très touché, princesse. On ne m'adresse pas souvent ce genre de discours."
L'heure était dorénavant au repas, lequel était une véritable épreuve pour l'un comme pour l'autre des convives. Tess se battait avec un piment. Esteban luttait quant à lui contre le chevalier Crabe tandis qu'il n'avait jamais su manier les armes correctement. Assis à la même table que le garde de la princesse, Octavio peinait à garder l'impassibilité requise par son travail. Il sortit l'air de rien son téléphone pour pianoter quelques messages à destination d'une certaine conversation de groupe.
Prudent, le jeune vamp parvint finalement à ouvrir ses crustacés sans couvrir ses beaux vêtements de soupe - la force surnaturelle des vamps l'y avait plus que très certainement aidé. Tess passa au Jambalaya et cessa de donner l'impression qu'elle s'étouffait avec la nourriture.
La princesse le lança sur l'un de ces sujets qu'il était capable de développer pendant des heures, si on le laissait faire. Par chance pour elle, les réponses qu'il avait à fournir l'intéressaient. Elle trouva même le moyen de le relancer en posant une autre question.
Esteban fut incapable de contenir son étonnement. Il cessa de manger et redressa la tête pour regarder Tess dans les yeux, son propre regard écarquillé par une surprise polie. Plus tôt, il avait laissé entendre que suite à sa transformation il avait envisagé le suicide. Il aurait imaginé qu'elle aurait compris que... Était-ce possible qu'elle ne soit pas au courant que.. ? A quel point connaissait-elle le sujet politique américain ? Les Luz-Descalzo étaient connus internationalement pour leur intolérance vis-à-vis des outres, il aurait été très surpris qu'elle n'en ait jamais eu vent - princesse européenne ou non.
... Il fallait pourtant qu'il envisage la possibilité qu'elle ne sache pas. Qu'elle ne comprenne pas, de ce fait, la dynamique qui reliait Esteban à sa famille. Ainsi qu'à son propre passé.
"Je... C'est... Eh bien..."
Les yeux du vampire s'égarèrent sur la chevalière en or blanc qui ornait son doigt. Il la portait de nouveau, aussi fièrement qu'il lui était possible de le faire... Et pourtant, c'était un symbole ironique. Dans le Texas autant qu'à Veracruz, on devait sans doute hurler de le voir arborer publiquement le sceau familial dans ses communications récentes.
"Avant que tout cela m'arrive, j'étais très attaché aux traditions de ma famille. Vous devez certainement savoir que les Luz-Descalzo sont historiquement très actifs en politique autant que dans le milieu des industries..."
Embêté, il marqua un temps d'arrêt. Comment dire cela poliment, et sans dévoiler les liens qui unissaient le TPH avec sa famille depuis toujours ? Il suffisait qu'il choisisse ses mots prudemment... Après tout, les Luz-Descalzo étaient ouvertement anti-outres. Il ne révélait rien de bien nouveau.
"Les positions politiques de ma famille sont très conservatrices, ancrées dans une vision de la religion particulièrement tranchée. Ils ne voient pas les outres d'un bon œil et ma transformation a provoqué un véritable tollé... A vrai dire la plupart des membres de ma famille m'ont renié et ces initiatives dont je vous parle... Eh bien je suppose qu'ils considèrent cela comme une nouvelle provocation de ma part."
Il soupira, éreinté, frustré. Il faisait ce qu'il devait faire pour survivre mais ça ne lui avait jamais fait plaisir et ça ne lui ferait jamais plaisir. Il aurait largement préféré garder une relation amicale avec ses oncles - Juan, surtout, Sergio était un cas à part et il le connaissait très mal - et ses grand-parents.
"... Vous savez... Je pense que cela vous parlera. Ma famille est très nombreuse mais constituée de plusieurs branches de "valeurs" et d'influences diverses. Il se trouve que je fais partie de la branche principale... Je suis le fils unique de l'aîné de la dernière génération de cette fameuse branche. Autrement dit... A la mort de mon père, j'hériterai du reste de sa fortune et je deviendrai le principal représentant de la famille. Sauf que je suis un vampire. Ils ne s'en remettront jamais, je pense. Si je n'avais été que le second fils du cadet d'une branche secondaire cela ne les aurait pas autant contrariés mais là... Je crois qu'ils pourraient difficilement plus m'exécrer."
Il n'abordait jamais ce sujet ouvertement puis-qu’avec la plupart de ses interlocuteurs, cette connaissance était implicite. Il n'avait pas prévu d'en dire autant et pourtant les mots sortaient tout seul. Cela lui faisait étrangement du bien de formuler tout haut ce qui le rongeait tout bas depuis toutes ces années.
"... Donc, pour répondre à votre question... Non. Je n'aurais jamais imaginé que je serais impliqué dans de pareils projets avant que tout cela m'arrive... J'ai été obligé de remettre beaucoup de choses en question. Je pense qu'on peut dire que j'ai opéré un virage à 180°..."
Pensif, Esteban plongea les yeux dans la fin de son bouillon, dans lequel il tournait sa cuillère sans vraiment en avoir conscience.
Tess Cambridge
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Sujet: Re: Grand luxe et Mississipi Sam 4 Avr - 15:14
Un sourire agréable se dessina sur son visage et elle hocha de la tête, comme si pour dire “je comprends”. Il ne fallait pas que sa famille exprime ce manque de confiance envers elle pour qu’elle sache avec leur petits actes passifs agressifs qu’elle ne sera jamais prise au sérieux. Réduite au silence avec un porte-parole à chaque événement, suivie de prés par Patrick, rabaissée à chaque instant par Edward, ignorée par sa mère depuis la mort de son père, traité avec condescendance par son grand-père et finalement jamais écoutée. Tess savait qu’elle n’était pas la personne la plus facile au monde et qu’elle avait ses défauts, mais elle ne pensait pas qu’elle méritait tel traitement.
Qu’importe.
Le fait qu’il ait cet air très étonné l’avait étonné elle-même et ils étaient tout deux assis à se fixer, ne sachant pas que dire de plus ou que dire d’autre. La jeune femme pendant ce temps eu ce monologue bien angoissant pendant qu’il cherchait ses mots. C’était clairement un sujet sensible, mais elle avait l’impression qu’il allait en parler. Tess ne savait que peu des Luz-Descalzo, elle ne prêtait pas énormément d’attention aux médias en dehors de l’Europe, à part lire les titres et savoir plus ou moins ce qui se passait… Mais vraiment, plus ou moins. L’ayant vu avec sa mère il y a des années, la manière dont elle se portait et ce qu’elle avait vu sur les familles d’origine Mexicaine… Elle se doutait du degré du conservatisme.
Ce dont elle ne se doutait pas était qu’Esteban partageait ce conservatisme. Maintenant il était Vampire lui-même... Certes, quand on était baigné dans une certaine politique et opinion familiale, il était difficile de s’en détacher. Certains se battaient bec et ongles contre les idéologies imposées par leurs familles, Esteban ne semblait pas avoir ce profil. Quelque chose que Tess cherchait à comprendre. Plus il parlait, plus elle avait l’impression de se voir dans un miroir déformé, chaque mot qu’elle daignait prononcer était une attaque contre l’intelligence d’Edward et ses choix étaient une attaque contre la couronne. Sa situation était bien moins horripilante que celle de son hôte, mais le sentiment ne pouvait être changé. Cette politique familiale était assez proche de celle de la famille royale, mais les avis étaient bien plus partagés allant d’un conservatisme oppressant jusqu’à un libéralisme où “tout va”. Le compas moral et politique de Tess pouvait se résumer à une seule couleure : beige. Elle allait à l’encontre des opinions de sa mère, ayant toujours plus d’affinités avec son père, la rendant un peu plus tolérante de gens qui étaient étiqueté différents. Quoique, elle restait ignorante à sa manière.
‘Je vois.’
Elle terminait son jambalaya pendant qu’il terminait le monologue sur la dynamique de sa famille et sur son attitude vis-à-vis des Outres du temps de son humanité. Tess ne savait que penser finalement, il n’y avait pas de haine dans son cœur pour ceux qui n’étaient pas humains. Il y avait de la terreur à l’idée des Zombis et des Vodoun, l’idée des métamorphes lui donnait un peu de la chair de poule. La princesse voulait lui dire quelque chose qui puisse l'apaiser, d’un autre côté elle virait vers un “Dieu a un sens de l’humour très particulier”. Maintenant elle comprit cette tension entre lui et sa mère, encore beaucoup de questions poussaient dans sa tête comme des pâquerettes, mais c’étaient des questions qui étaient impossible de soulever. Comment Olivia pouvait-elle jongler cette dualité qui s’était formée depuis la vampirisation de son fils? La princesse ne pouvait pas comprendre cette vue, elle pouvait imaginer comment sa famille jugerait cette situation si c’était arrivé à elle. Elle l’observa tourner sa cuillère.
‘Je crois comprendre’ elle avoua ‘Les dynamiques familiales ne sont jamais faciles. Je suis cinquième dans cette “course” pour le trône et je ne veux pas imaginer la pression que mon oncle George doit endurer, étant donné qu’il est premier. Cependant, je dois admettre qu’il le porte bien.’
Elle ne pouvait pas dire plus. La princesse avait beau briser les convenances royales par ici et par là, mais elle n’irait jamais à l’encontre de cette règle d’or qu’est exposer les détails des relations inter-familiales et des avis politiques. C’était tellement britannique, de laisser des indices par ici et par là, comme ça les gens pouvaient se poser des questions et jouer aux détectives. Sauf qu’elle le faisait sans le savoir, simplement par habitude. Il y avait quelque chose qui la tracassait, une question qui voulait tout simplement se poser par elle-même, mais elle ne savait pas comment la formuler. Elle gagna un peu de temps vu que le serveur avait pointé son nez pour récupérer leurs assiettes et poser deux cartes desserts.
‘Merci, c’était délicieux’ elle sourit au serveur avant qu’il ne s’en aille, puis tourna son attention une fois de plus vers l’héritier ‘Je ne peux imaginer les difficultés par lesquelles vous êtes passé. Voir ses propres opinion et son mode de vie basculer ainsi… Cependant vous êtes toujours là, plus fort dans tous les sens du terme et avec des projets en route. Vous avez le soutien de ceux qui vous sont proches. Ainsi que le mien.’ En ouvrant la carte des desserts elle remarqua qu’elle n’avait pas bu son milkshake. Embarrassé, elle referma la carte ‘Bon… J’avoue, le soutien du poisson rouge royal n’est pas idéal, mais il est là tout de même.’
Elle finit son verre de vin et attendait son hôte pour entamer le dessert. Une nouvelle question fît surface. La princesse tournoyait la tige du verre en cristal entre ses doigts, pensive et hésitante.
'Cela va paraître comme une question stupide, mais... Comment imaginez-vous une situation où vous n'étiez jamais tombé malade et jamais aggressé? Si rien de cela n'était arrivé?'
Esteban Luz-Descalzo
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Sujet: Re: Grand luxe et Mississipi Dim 5 Avr - 12:07
Les parallèles entre les dynasties financières des Luz-Descalzo et le fonctionnement d'une famille royale étaient aussi nombreux qu'évidents, ce qu'Esteban fit discrètement remarquer, et ce sur quoi Tess prolongea sa réflexion. Que ce fut au sein d'un Empire industriel et politique autant que dans une famille régnante historique, la pression mise sur les épaules des héritiers était effectivement très importante. Dans les deux cas, ces clans se prenaient très au sérieux, et les médias le leur rendait bien.
Il eut un rire léger. Si l'oncle de Tess gérait bien sa position dans la succession du trône britannique c'était heureux pour lui. Esteban quant à lui n'avait jamais eu un profil qui rendait son statut évident, facile à endosser. Sa transformation en vampire avait certes été la goutte d'eau qui faisait déborder le vase, au-delà de laquelle il était devenu parfaitement irrécupérable aux yeux de ceux qui avaient été ses proches.
Esteban ne voulait pas se risquer à critiquer la famille royale, dont il ne connaissait la plupart des membres que de nom quand bien même il avait bien appris ses leçons et connaissait grossièrement les principales dynamiques qui l'animaient. Il préférait parler de ce qu'il connaissait d'expérience.
"C'est une chance pour lui. Même humain, j'étais loin d'être le successeur rêvé pour ma famille. Malgré les efforts de mon oncle et de ma tante je restais très protégé... Je n'avais pas d'occasion véritable pour développer un quelconque sens des affaires et je dois l'admettre, il ne fallait pas grand chose pour me mener par le bout du nez. Assez ironiquement, c'est du passé, maintenant."
Il n'accuserait jamais sa mère de l'avoir trop couvé et de l'avoir incidemment empêché de développer un potentiel nécessaire à son élévation dans la famille. Sur d'autres plans il avait perdu son innocence bien avant l'âge... Ce peu d'insouciance qu'Olivia lui avait permis de garder jusqu'à ses dix-huit ans était un cadeau plus qu'une malédiction. S'il était resté humain il aurait eu tout le temps d'écouter les leçons de Juan et de Luisa pour apprendre ce qui devait l'être au moment où cela serait devenu nécessaire. Il y avait le procès, aussi, évidemment. Cette lutte juridique acharnée contre son avocat de père lui avait appris bien des choses.
Sa transformation en vampire n'avait fait qu'accélérer ces processus. Le cordon ombilical avait été coupé très brutalement. Tout aussi vite, il lui avait fallu apprendre à nager parmi les requins pour se sauver tout seul d'un probable assassinat.
Lorsque le serveur revint, Esteban lui commanda un dessert léger à base de fruits et de sorbet. Il n'était pas d'humeur gourmande et son estomac commençait déjà à lui paraître trop rempli. Il n'allait pas pouvoir se purger tout de suite alors autant éviter de se transformer trop vite en ballon de baudruche...
Tess voyait juste... La façon dont sa vie avait basculé après être devenu vampire avait été l'épreuve la plus compliquée qu'il lui avait été donné de vivre. Il avait bien failli ne pas s'en relever. Il n'en était pas non plus sorti indemne. Il était certes devenu plus fort, mais paradoxalement plus fragile, aussi. Sa santé mentale était très endommagée. Même à ce jour, il ne fallait pas forcément grand chose pour réactiver les traumatismes, rouvrir les blessures, dégrader son équilibre et le plonger dans l'incohérence la plus totale.
Il se confiait beaucoup à Tess mais il n'était pas encore prêt à lui faire part de ces détails. Ses démons ne concernaient que lui, elle n'avait pas besoin d'être au courant. C'était trop sombre et trop coupant. En les gardant en lui derrière une porte blindée fermée à double tour, il se rendait un service autant qu'il le rendait à la princesse.
‘Bon… J’avoue, le soutien du poisson rouge royal n’est pas idéal, mais il est là tout de même.’
Un geste discret, comme pour balayer cette proposition. Il n'aimait pas l'entendre se rabaisser toute seule à ce point, quand bien même c'était une sorte de plaisanterie de sa part... Il avait plus ou moins compris que cela tenait à la façon dont elle avait été éduquée. Il trouvait cela fâcheux et il aurait voulu pouvoir, à son niveau, inverser la vapeur.
"Ne dites pas des choses pareilles... Vous ne vous voyez certainement pas comme je vous vois. Votre avis m'importe. Votre soutien de même... Au-delà des quelques personnes qui n'ont pas tiré un trait sur moi après ma transformation, je n'en reçois pas énormément."
Les messages anonymes par internet ne comptaient pas : il recevait autant de lettres de remerciement que de menaces de mort.
Une dernière question le laissa quelques instants pensif. Le silence s'étira durant plusieurs longues secondes tandis qu'il réfléchissait à ce qu'il allait répondre. Ce n'était pas évident. Depuis qu'il avait commencé à accepter son destin et à changer d'avis sur les outres, il n'y avait jamais réellement réfléchi car cela demandait à confronter des facettes de sa personnalité qui étaient devenues incompatibles.
"Les... Choses seraient très différentes, si rien de tout cela n'était arrivé. J'aurais continué d'avancer sur la voie qui m'était toute tracée malgré les difficultés dont je vous ai fait part plus tôt."
Il retint un éclat de rire amusé mais il se rembrunit rapidement.
"... Je ne vais pas vous mentir, je continue à regretter cette transformation. J'ai perdu bien plus que je n'ai gagné. Il y a bien des choses dont je n'aurais pas pris conscience et j'aurais contribué au mal que ma famille répand en politique sur ce pays et ailleurs dans le monde... Mais égoïstement, j'aurais préféré que ma vie ne dévie pas de cette trajectoire. Bien sûr ce qui est fait est fait... Désormais, je ne peux que voir le bon côté des choses. Puisque cela m'est arrivé, autant que cela ait du sens. Autant faire la différence et agir en bien là où j'aurais fait l'inverse si j'étais resté humain."
Était-il seulement intelligible ?
Tess Cambridge
Identification Emploi: Sans-emploi Age apparent: 18 Dangerosité: (15/30)
Sujet: Re: Grand luxe et Mississipi Lun 6 Avr - 15:33
‘Je dois avouer que je suis un peu comme vous sur ce niveau’ elle dit timidement ‘je n’ai pas vraiment la tête adéquate pour la couronne, mais plutôt parce que… Hm. Disons que je n’ai pas le profil.’
J’ai le tact de mon arrière-grand-père Philip, Duc d'Édimbourg, je crois que ça expliquerais énormément.
‘Dans tous les cas, il faudrait qu’une catastrophe arrive dans notre famille pour que je devienne le premier choix. Je n’ai donc que très peu à craindre.’
Heureusement. L’idée de devenir reine lui donnait la nausée, elle était terrifiée. Son frère avait beau être une ordure, il semblait déjà avoir une meilleure idée du fonctionnement royal et en plus il pouvait se montrer beau parleur. Son père encourageait Tess à la gymnastique et à faire ce que bon lui semblait, il espérait qu’elle allait un jour réaliser ses rêves en terme d’éducation physique. Princesse Charlotte, quant à elle, ne voyait que très peu de ressemblance avec sa fille et c’était peut-être pour cela qu’elles n’étaient pas aussi proches. Leur mère prêtait plus attention à préparer Edward à la couronne car on ne savait jamais ce qui pouvait arriver à George, son fils ou à Charlotte elle-même. Le roi restait en dehors des affaires des petits-enfants, il faisait confiance à sa famille qu’il y aura quelqu’un d’adéquat pour l’ascension.
Ce que dit Esteban était très gentil et cela l'avait touché. Après, c’est vrai qu’il y avait des différences entre eux. L’autodérision était naturelle chez elle, comme pour beaucoup de Britanniques. Par contre, ce qu’il dit au départ n’était que vrai.
‘Vous avez raison, on ne se voit pas comme ceux de l'extérieur nous perçoivent.’ elle sirotait son milkshake avec un air pensif ‘Je me demande parfois qui a raison. Enfin… Ce sont des choses qui me traversent la tête, dés fois.’
Ils ne se connaissaient pas encore très bien, l’avis qu’ils se faisaient d’autrui n’allait pas être profond. Il faudrait plus de temps pour évaluer, du temps qui leur manquait finalement. Certes ils pouvaient rester en contact en ligne, mais comme elle s’était déjà plaint “ce n’est pas la même chose”. Pour changer de sujet elle posa sa nouvelle question, espérant qu’elle n’avait pas perturbé un nid de frelons. Elle remarqua qu’il retint un éclat de rire, étonné elle haussa des sourcils et sourit puis changea d’expression quand celui-ci prit un air plus sobre.
Il regrette toujours?
Elle semblait triste quand il fit cet aveu. Tess espérait qu’il avait finalement réussi à sortir de ce gouffre, puis au fur et à mesure de son discours elle commençait à comprendre, du moins elle le pensait. Le fait qu’il accepte sa situation ainsi montrait beaucoup de maturité, une maturité qui manquait cruellement à Tess car finalement elle n’acceptait toujours pas après tant d’années qu’elle ne pouvait pas être comme les autres filles de son âge. Elle pouvait toujours potentiellement devenir reine du pays. Sa manière de plier les règles était une petite forme de rébellion qui pouvait s’avérer enfantine. D’ailleurs elle avança une nouvelle question.
‘Mais alors, est-ce que vous êtes toujours l’héritier ou est-ce que cela tombera sur quelqu’un d’autre? Je veux dire… Si vous êtes à la tête de cette dynastie, auriez-vous dans ce cas la possibilité de changer le cours de cette politique dans la famille ainsi que de l’influence qu’elle a sur le monde?’
Elle s’arrêta net. La princesse réalisait qu’elle interrogeait son hôte comme un agent de la Gestapo et elle posa son milkshake, quelque peu crispée.
‘Excusez-moi. Je réalise que je vous bombarde de questions et celle-ci n’est pas appropriée. C’est juste que je n’ai pas l’occasion, ni l’habitude d’ailleurs, d’avoir une conversation aussi intéressante avec quelqu’un.’
Le quelqu’un était dit de manière tellement naturelle que c’était presque un peu triste à entendre. Le choix de ce mot était instinctif, vu qu’elle passait son temps seul et que cela ne laissait plus vraiment de questions quant à son entourage. Qui était pratiquement nul.
Oh ciel, j’espère qu’il me pardonnera ce questionnement je ne veux pas sembler fouineuse, c’est horrible comme sentiment. Si seulement je pouvais me creuser un trou...
Esteban Luz-Descalzo
Identification Emploi: Etudiant Age apparent: 18 (ou moins) Dangerosité: (14/30)
Sujet: Re: Grand luxe et Mississipi Lun 20 Avr - 11:32
Qui possédait réellement le profil pour devenir roi ou reine d'un pays tout entier ? Si cela existait, ça devait être très rare. On n'était probablement jamais entièrement prêt. Cependant il y avait certainement des gens qui partaient avec un bonus de sang-froid, de confiance en eux, d'intelligence stratégique, ou sociale. Ou tout simplement de préparation. C'était comme Christian. Christian aurait probablement été plus à l'aise que lui dans ce rôle d'héritier principal. Il était d'un naturel plus proche des attentes des Luz-Descalzo.
"Je ne vous souhaite aucune catastrophe de cet acabit... Cela dit j'ai la certitude que vous sauriez vous adapter. Car c'est bien de cela qu'il est question : tout changement de cette importance demande nécessairement un long temps d'adaptation."
Une légère moue pensive remplaça le sourire sur son visage et il parut absent pendant un très court instant. Il se faisait la réflexion qu'on pouvait adapter ses propos à bien d'autres situations qu'un couronnement accidentel. Ce n'était d'ailleurs probablement pas son expérience en tant qu'héritier financier des Luz-Descalzo qui parlait, c'était plus certainement celle du jeune humain qui du jour ou lendemain s'était retrouvé allongé dans la rue, la peau froide et la bouche pleine de crocs.
"J'ai tendance à me dire que nous sommes rarement assez objectifs pour nous juger tous seuls. Je sais que je me suis trompé plus d'une fois, en attendant."
Heureusement que Luisa n'était pas là pour l'entendre parler. Il aurait été agaçant de la voir danser la danse de la victoire, et ricaner sous son nez. Cependant il était vrai que sans sa tante qui lui avait progressivement permis de poser un regard différent sur sa propre personne, il ne serait probablement plus là, ou - puisque le procès battait toujours son plein - dans un état misérable.
La princesse lui posa une question intéressante, qui demandait à ce qu'il réfléchisse. Tout avait bien changé en quelques années, mais sans se voiler la face, il regrettait toujours ce qui était arrivé. Quand bien même, sans cela, il serait resté aveugle à de nombreuses problématiques.
Tess était bien curieuse. Cela ne dérangeait pas Esteban. Il était ravi qu'il aient trouvé un sujet de conversation fluide quand bien même cela l'amenait à énormément parler de lui, ce dont il n'avait pas nécessairement l'habitude - ou en tous les cas pas sur des sujets aussi sensibles que celui-ci. Cependant elle approchait dangereusement d'une zone d'ombre à laquelle l'héritier ne pouvait pas lui donner accès. Cela aurait demandé à ce qu'il lui dévoile les relations de sa famille avec le TPH, et les contacts qu'il avait lui même développé avec le Talion. C'était bien évidemment hors de question.
Il pouvait cependant donner quelques éléments de réponse, en ignorant le détail...
Esteban esquissa un doux sourire, qui se voulait rassurant. La princesse semblait prendre conscience de son "indiscrétion". Un terme fort, lequel ne correspondait pas à ce que ressentait le vampire, ravi qu'on s'intéresse à lui, en réalité.
"Je vous en prie... Je suis flatté par votre intérêt. Et vos questions sont passionnantes, je ne me les étais moi-même jamais vraiment posées. Pour la plupart."
La toute dernière... C'était un autre problème. Il avait construit l'assurance et la sécurité qu'il possédait désormais pendant des années. Cela avait été un véritable parcours du combattant de réunir les arguments, les leviers nécessaires pour forcer les Luz-Descalzo à le laisser tranquille, et à ne pas manœuvrer pour le mettre hors-jeu du point de vue de la course à l'héritage.
"C'est une histoire compliquée mais sachez simplement que ma famille ne fera rien pour m'évincer. Quant à savoir si je changerai la politique familiale... Je disposerai sans doute d'une influence considérable et ils seront obligés de négocier durement, mais je ne peux modifier leur façon de penser. Ils restent plus nombreux que moi, et leur puissance n'est pas négligeable. Cela nous promet un avenir mouvementé."
Voilà tout ce qu'il pouvait dire sans trop se mouiller. Toujours aussi avenant, il fit un sort à tout ou partie de son dessert, selon la vitesse des réactions de la princesse.
Tess Cambridge
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Sujet: Re: Grand luxe et Mississipi Sam 2 Mai - 15:12
‘Oui, je crois que vous avez raison’ elle acquiesça en sirotant son milkshake ‘Il y a des responsabilités qui sont inévitables, mais il y eut des situations dans ma famille où la couronne n’a pas résidé sur la tête du dît couronné pendant longtemps.’
Elle alla presque en rêverie en repensant aux histoires qu’elle avait lu sur Edward VIII et Wallis Simpson. Renier la couronne pour se marier avec l’amour de sa vie? C’était presque féerique. Commodément, elle oublia le scandale que ça a causé, la vie ruinée de l’actrice qui fût traité de lépreuse par les médias Britanniques à l’époque et des difficultés qui étaient présentés pour le couple pratiquement en disgrâce. Bien entendu, la jeune femme ne souhaitait pas qu’il y ait vraiment de catastrophe dans sa famille, plus parce qu’elle voulait éviter la responsabilité que par grand amour pour sa famille. Intérieurement, elle sentait une certaine rancœur envers sa famille. Son père à part, le reste n’a jamais montré énormément d’amour ou de sympathie pour ses choix personnels. Du moins c’était son ressenti.
‘Je crois avoir un souvenir assez vague de quand j’étais à l’école’ elle posa son doigt sur ses lèvres ‘Ce débat qui avait divisé mes camarades de classe. Sommes-nous comme on le perçoit nous-même? Ou sommes-nous plutôt comme les autres nous voient?’ Rien que d’y repenser elle avait mal à la tête. Elle n’allait pas avouer que pendant ce débat elle se faisait des scénarios où le garçon qu’elle aimait bien à l’époque allait la demander en mariage. Elle secoua la tête ‘À méditer, j’imagine.’
Débattre n’était pas quelque chose qu’elle aimait faire. Les débats en famille elle connaissait… Elle était un grand zéro en rhétorique et vu le tempérament de sa mère et son frère, il y eut des moments où ces débats étaient un peu trop passionnés à son goût. Déjà qu’elle n’aimait pas la confrontation, la meilleure façon pour elle de défouler toutes ces émotions intenses était en faisant du sport. La princesse se demandait à quel point son hôte aimait débattre, il était charmant et à part son ascendance sud Américaine, elle avait du mal à l’imaginer entreprendre une discussion quasi passionnée sur quoi que ça soit… Peut-être sur les Outres? À en croire les subtilités, il devait avoir un avis assez similaire sur la chose que son frère Edward.
D’ailleurs elle s’arrêta de le questionner comme un agent de la police. La brune avait honte de se montrer aussi indiscrète, mais il était vrai qu’elle n’avait jamais l’occasion de parler de manière aussi libre à quelqu’un qui finalement était à la fois si différent et si semblable à elle-même. Heureusement que la jeune princesse était assise, le doux sourire d’Esteban a pu lui plier les genoux, mais vu sa position elle n’allait pas se faire mal. Encore heureux!
‘Il est difficile de changer ou d’abolir une idéologie, mais pas impossible. Cela prend énormément de temps par contre, on n’a qu’à regarder l’histoire de ma famille!’ elle renifla, retenant un rire puis elle fini son milkshake ‘C’est un avenir mouvementé, mais j’ai foi en vous. Vous saurez prendre les bonnes décisions, je n’en doute pas!’
La princesse déposa sur la table le verre vide qu’elle était triste de voir, c’était presque comme si le dernier souper arrivait à sa fin. Tess ne savait pas vraiment quel seraient les prochaines activités, s’il voulait toujours continuer de lui parler ou s’il trouvait qu’il se faisait tard? Enfin non, la notion de “tard” était subjective si l’on considérait leur nature opposante. Elle aurait pu lui parler encore des heures, mais elle sentait qu’après tant de nourriture, d’alcool et de sauna elle n’allait plus faire long feu. Peut-être encore une ou deux activités? Il fallait tâter le terrain.
‘Tout cela était absolument délicieux, mes plus sincères compliments.’ elle jeta un œil sur la table plus loin où Patrick et Octavio était assis, Patrick avait pratiquement dévoré l’assiette ‘Je crois que je peux parler pour mon assistant aussi.’
En terminant son verre de vin (laissant peut-être quelques petites gouttes au fond) elle regarda Esteban avec un sourire enjoué. Avide de continuer la soirée en sa merveilleuse compagnie.
‘Voulez-vous continuer la soirée? Y’a t’il quelque chose que vous auriez vraiment envie de faire à présent?’
Tess espérait qu’ils allaient encore passer un peu plus de temps ensemble. Elle ne voulait aucunement que cette nuit se termine, surtout qu’elle n’aurait plus l’occasion de le revoir de si tôt.
Esteban Luz-Descalzo
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Sujet: Re: Grand luxe et Mississipi Lun 22 Juin - 13:40
"Sommes-nous comme on le perçoit nous-même? Ou sommes-nous plutôt comme les autres nous voient ?"
Esteban n'était pas entièrement objectif face à cette question. Son expérience personnelle l'obligeait à considérer l'erreur qu'il avait faite, et qui l'avait presque conduit à jeter son existence aux orties. Pour lui la réponse était évidente, et il n'y avait pas réellement matière à débat : à certains sujets, on était probablement le mieux à même de se connaître. Sur d'autres, en revanche, on pouvait se montrer totalement inconscient, aveugle à ses propres défauts comme à ses propres qualités. La vie était ainsi faite : les réponses étaient rarement simples. Croire l'inverse, c'était prendre le risque d'adhérer à des idéologies dangereuses. Celle du TPH, par exemple, selon laquelle les outres étaient des créatures monstrueuses, démoniaques, qui ne méritaient que la mort.
"C'est un sujet complexe dont la réponse ne saurait être monolithique... Elle a dû, sans nul doute, faire l'objet de longues dissertations."
C'était subtil, mais si Tess était suffisamment observatrice, elle le remarquerait : le regard légèrement fuyant de l'héritier tout comme le ton de sa voix, subitement distrait, indiquaient un besoin pressant de changer de sujet. Il n'avait pas envie d'ouvrir un débat. Il savait se battre verbalement. Il avait été obligé d'apprendre à le faire : il y avait le procès. Il y avait aussi l'enfer qu'était devenue sa vie quotidienne. Il savait défendre sa position, mais il n'y prenait aucun plaisir. Chaque fois, c'était une épreuve, et il ne s'en tirait jamais indemne que ce soit nerveusement comme psychologiquement. Ce n'était pas des situations qu'il tenait à reproduire durant son temps libre, encore moins lorsqu'on frôlait de si près son passé et ses traumatismes.
Il était en revanche heureux de répondre à toute question posée. La curiosité de Tess était flatteuse, même lorsqu'elle l'obligeait à jouer sur les formulations et sur les informations qu'il daignait exposer, de sorte à ce qu'il ne révèle rien de dangereux tant pour sa famille que pour lui-même.
Pensif, peut-être vaguement mélancolique, il tentait d'imaginer ce futur que la princesse le pensait capable de forger. Elle n'avait pas conscience du monstre face auquel Esteban se dressait. Evidemment. Elle ne savait rien des liens profonds qui existaient entre sa famille, le TPH, d'autres organisations plus anciennes encore... Personne n'en savait rien, ou en tous les cas, si certains s'en doutaient, personne n'avait de preuve concrète.
Modifier la politique familiale à court terme ou à moyen terme était parfaitement inenvisageable. Il n'osait pas se projeter dans le long terme car cela le terrorisait. Il aurait fallu qu'il accepte de se voir, égal à lui-même, toujours aussi jeune, oublié par le temps, dans un monde où ses proches - ses seuls soutiens - n'existeraient plus. Il n'en avait pas la force morale. Tentant d'ignorer ces perspectives glaçantes, il esquissa un sourire anxieux.
"Je ne peux qu'espérer que vous ayez raison."
Les dernières bouchées, les dernières gorgées avaient été avalées. Il était temps de passer à la suite. Esteban n'était pas fatigué pour la très bonne raison qu'il en était physiologiquement incapable, mais il n'oubliait pas que sa jeune invitée fonctionnait selon un métabolisme très différent. Son premier réflexe fut donc de lever son poignet afin de regarder sa montre.
"Nous serons bientôt arrivés à Bâton-Rouge. Souhaitez-vous observer les lumières de la ville, avant qu'il soit l'heure de regagner nos quartiers ? Evidemment, il reste encore un peu de temps... Un café, peut-être ?"
Tess n'avait visiblement pas envie d'aller dormir, mais elle devait commencer à accuser l'heure tardive, c'était certain.
"Nous devrions encore avoir le temps pour une activité, plus calme peut-être que nos précédentes aventures. Il ne faudrait pas contrarier votre digestion... Appréciez-vous les jeux de plateau ? Ou peut-être préférez-vous le casino ?"
C'était une proposition comme une autre. Si l'idée déplaisait à Tess, si elle lui semblait moindrement ennuyeuse, il aurait tôt fait de dresser un nouveau plan pour finir la soirée en beauté.
Tess Cambridge
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Sujet: Re: Grand luxe et Mississipi Ven 3 Juil - 22:52
La princesse haussa brièvement des sourcils et lâcha un petit rire par le nez, comme pour dire “vous n’avez pas idée”. Les dissertations elle connaissait, la princesse avait presque raté sa scolarité car elle n’éprouvait pas d’intérêt ou de plaisir à débattre ce genre de question en écrit. Comme tout le monde elle avait une opinion à ce sujet, mais souvent son opinion restait fermée dans un tiroir de son cerveau qui ne s’ouvrait qu’une fois tous les trente-six du mois. C’est d’ailleurs pour cela qu’elle ne continua pas après sa réplique (mis à part le fait qu’il ne semblait pas vraiment vouloir continuer en ce chemin) et passa à autre chose; aux questions qu’elle voulait poser à son hôte qui lui était fort intéressant.
Tess était de nature positive, une situation négative ne pouvait être que résolue par soi-même. La politique familiale des Luz-Descalzo lui était inconnue, mais elle allait faire ses recherches en rentrant chez elle. Bien sûr avec une grande pincée de sel, car elle faisait bien plus confiance à Esteban qu’aux tabloïds Nord-Américains ou Britanniques. Elle en avait fait les frais, souvent par sa faute et sa tête dans les nuages.
‘Oh’ elle rit de sa manière charmante ‘je ne peux prendre un café à cette heure-ci, mais je vous remercie beaucoup. Je vous accompagnerais volontiers observers les lumières.’
Comme chorégraphié, Patrick se leva juste au moment où la princesse se décida de quitter sa chaise. Elle leva sa tête et fit face à un grand miroir qui reflétait sa personne, ce qui la fait écarquiller les yeux. Automatiquement, sans réfléchir à deux fois qu’elle n’était pas seule, elle se mit de profil pour se toiser. Bien entendu elle avait beaucoup mangé et beaucoup (beaucoup!) bu, c’était normal qu’elle était un peu plus enflé, mais cela faisait depuis longtemps qu’elle ne s’était pas vue après une soirée de libation. Elle se ressaisit quand il parlait de jeux de plateau et se retourna une fois de plus vers lui. Embarrassé d’avoir fait son acte de jeune adolescente qui ne savait que faire de sa nouvelle poitrine qui commençait à pousser, elle allait ignorer le fait qu’elle ait potentiellement exposé ses courbes une fois de plus au jeune héritier.
‘Un casino? Pourquoi pas. Je n’ai pas l’habitude, traditionnellement nous attendons les jeux d’Ascot chaque année. J’ai gagné une fois… Quand j’avais 16 ans.’
Elle regarda le plafond, distraite. Rien ne disait qu’elle ne pouvait dépenser un peu d’argent dans un casino, après tout le Royaume-Uni avait une longue tradition de jeux d’argents et sa famille effectivement plaçait des paris sur les chevaux pendant Ascot. C’est pourquoi elle accepta la proposition de l’héritier et elle demanda à Patrick de les guider vu qu’il savait exactement où se trouvait le casino (eh oui, il aimait dépenser son argent en pariant par ici et par là quand il avait le temps). Tess ne pouvait s’empêcher de penser que la soirée allait arriver à sa fin et elle se sentait un peu triste. Après avoir gagné quelques parties de black jack (le poker étant trop compliqué pour elle), son humeur revint de plus belles.
À ce stade là ils devaient être à Bâton-Rouge et elle suivit son hôte vers le pont quand ils aient fini avec le casino. En émergeant de l’intérieur du paquebot, elle fit face au paysage urbain éclairé par les lumières. Il était tard, mais il semblait que cette ville était encore bel et bien vivante. L’architecture lui était complétement différente, la vue de Londres en bateau était bel et bien différente, l’architecture près du centre était très classique. Bâton-Rouge était l’opposé. La rivière Mississippi était beaucoup plus grande que la Tamise et c’était une vue qui l’avait stupéfaite. Sans un mot, elle s’approcha du rebord et observa les lumières en silence, pour une fois elle n’avait rien à dire. La vue n’était pas magnifique comme on le dirait du haut de la Tour Eiffel par exemple, mais brut et réaliste. Se voyait-elle vivre dans un endroit pareil si elle n’était pas une princesse? Non, pas du tout. Il y avait quelque chose en cette ville qui lui donnait à réfléchir.
Patrick et Octavio étaient eux deux à une distance correcte pour leur laisser un instant privé comme pendant leur dîner et elle sentait la présence de l’héritier à côté d’elle, à une distance sobre et convenable. Toute cette soirée était parsemée de tentatives à se rapprocher, la majorité hélas étaient foireuses vue leur natures différentes (dans tous les sens du terme) et aussi par sa propre ignorance et sa tête dans les nuages. La sobriété semblait faire son apparition après avoir beaucoup mangé et avec cet air frais, elle jeta un œil de côté sur l’héritier qui lui semblait encore plus beau en ce temps.
Est-ce peine perdue de tenter une fois de plus? Même en signe d’amitié?
La princesse semblait hésiter entre l'attente et le désir de faire le premier pas. Une fois de plus elle se faisait des films qui n’allaient jamais arriver.
‘Merci’ elle dit à voix basse ‘de m’avoir invité et amené ici. Je sais que nous n’avons pas tout à fait commencé de manière ordinaire et que je ne suis pas quelqu’un de facile, mais…Oh.’
Elle remarqua que la rose sur le revers de la veste du Méxicain n’était pas bien positionnée et comme par réflexe la brune se rapprocha pour l’arranger. Dangereusement proche, elle continua tout de même ce qu’elle disait tout en arrangeant l’épinglette.
‘Je veux dire merci. Pour votre amitié. Et votre compréhension.’
Ce mot “amitié” lui venait difficilement. D’une part car elle n’avait pas vraiment d’amis, mais d’une autre parce qu’elle espérait trouver en lui quelque chose de plus qu’un ami. Cependant, comme elle le savait très bien cela leur était interdit et elle revint à sa place à côté de lui. À cette distance sobre et correcte.
Esteban Luz-Descalzo
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Sujet: Re: Grand luxe et Mississipi Ven 10 Juil - 17:46
Pas de café, donc. Esteban acquiesça avec un sourire poli. Certaines personnes aimaient boire le café durant la nuit, lorsqu'elles veillaient plus longtemps qu'à l'habitude. La jeune femme n'en faisait visiblement pas partie. Il était aussi possible qu'elle n'éprouve pas l'envie de rester debout plus longtemps que de raison. Il intégrait l'information avec un petit pincement au cœur, mais il n'en montra rien : l'inciter volontairement ou non à tirer sur son métabolisme en retardant l'heure du coucher n'aurait pas été digne de lui (comprenons : n'aurait pas été convenable). La soirée s'achèverait donc sur les lumières de Bâton-Rouge. Peut-être Esteban s'essaierait-il lui aussi à une sieste, mais il n'en était pas certain : l'idée de s'enfermer dans sa cabine alors qu'il faisait encore nuit lui déplaisait énormément. Il étouffait déjà bien suffisamment durant la journée, forcé qu'il était à se cacher du soleil.
Esteban attendait Tess pour partir. Lorsqu'il fut évident qu'elle s'était égarée dans ses pensées - et dans le reflet que lui renvoyait le miroir - il eut le réflexe quasi immédiat de détourner chastement les yeux. La situation aurait probablement été gênante sans les discussions qui avaient eu lieu à l'étage du spa... Cela dit, maintenant qu'ils avaient mis les choses au clair, Esteban avait l'impression d'être au-delà du problème de leurs attirances réciproques. Ce n'était plus une source d'embarras. Tout le monde était très au courant de l'effet qu'il avait sur l'autre et du fait qu'aucun d'eux deux n'en ferait rien, leurs statuts ne le permettant pas. Lorsqu'un accident survenait - comme maintenant - il suffisait donc d'esquiver, de ne surtout rien relever, et enfin d'attendre que ça passe. Et si cela ne passait pas suffisamment vite, le souvenir de la douche froide qu'ils avaient tous les deux pris dans la salle de massage suffirait amplement à calmer d'éventuelles ardeurs clandestines.
Ils firent tout d'abord un crochet du côté du casino. Alors qu'ils entraient dans la salle de jeu, Esteban se fit la réflexion que cela faisait longtemps qu'il n'avait pas mis les pieds dans ce genre de lieux... La dernière fois remontait à 2051, tout juste avant l'incident qui lui avait prématurément coûté la vie. A Las Vegas, avec Erin. Légèrement ailleurs, il laissa une ombre de sourire s'étirer sur ses lèvres. Ce n'était pas la première fois qu'il traçait des parallèles entre cette soirée avec Tess et le voyage improvisé qui lui avait valu les remontrances de sa mère, ainsi que quelques tabloïds surréalistes... Les médias ne semblaient pas vouloir oublier cette histoire de flamants roses. Même aujourd'hui, il en était encore couramment fait mention dans les articles qui le concernaient.
Aucune sorte d'oiseaux à l'horizon cette fois, cependant. Juste quelques parties de cartes. Il se rappelait relativement bien des règles du Black Jack. Il se décida donc à assister Tess dans ses parties - c'était plus amusant que de faire cavalier seul. La mise n'avait aucune forme d'importance : ce n'était qu'une formalité à laquelle il se proposa de pallier, sans vraiment compter les montants dépensés - l'équivalent du salaire annuel de l'américain moyen, probablement.
Esteban avait demandé à être prévenu lorsque le bateau entrerait dans la ville. Une sonnerie accompagnée d'une annonce de l'équipage les en informa donc : il était l'heure de retourner sur le pont. Ils arrivèrent promptement à destination. Le spectacle qu'ils étaient venus admirer s'étalait déjà sous leurs yeux à perte d'horizon. Les lumières lointaines éclairaient le ciel comme autant d'étoiles et parsemaient l'eau remuante d'étincelles incandescentes, vives, éphémères sans l'être, car toujours renouvelées. La nuit noire accentuait l'immensité du fleuve. Ils étaient au milieu de rien, aspirés par ce vide dans lequel seuls les jeux de lumières subsistaient, étranges et nébuleux. C'était l'une de ces rares vues que l'obscurité sublimait, et qui n'éveillaient pas chez Esteban ce si familier sentiment de privation. De jour, cela n'aurait probablement rien valu : les rives de Bâton-Rouge n'avaient à son goût rien d'extraordinaire. Quelques immeubles espacés. Plusieurs usines inesthétiques. Les lueurs les plus intéressantes leur provenaient des buildings, plus au centre. Esteban préférait les voir comme un ensemble : c'était leur nombre et leur omniprésence qui leur valait ce caractère proprement fascinant. La nuit transformait une réalité probablement ennuyeuse en un tableau vivant.
Arrivé au bord du pont, il appuya ses deux mains sur la rambarde et se laissa glisser sans même en prendre conscience dans une mélancolie somnolente. Les mouvements lumineux du fleuve le berçaient. Il oublia de relancer la conversation et se mura donc dans un silence involontaire, que la princesse n'eut cependant aucun mal à briser, aussi pensive que lui mais pour d'autres raisons.
Ces remerciements étaient un peu embarrassants... Esteban préférait oublier la façon dont la soirée avait commencé. Il jugeait ce rappel vaguement maladroit, mais il l'oublia presque aussitôt, car la princesse était en train de lui sauter dessus.
Ou du moins, c'est l'impression qu'elle lui donna l'espace d'un bref instant. Il faillit esquisser un mouvement de recul mais heureusement, ses réflexes vampiriques lui permirent d'éviter de faire cette bourde : il prit conscience de son erreur d'interprétation plus rapidement qu'il ne bougea. Lorsqu'il bougea, donc, ce fut surtout pour se mettre en face de Tess et lui rendre la tâche plus aisée. Une fois de plus il détourna les yeux : cette proximité était déroutante. Ils devaient renvoyer une image passablement inappropriée... Et il y avait des limites à l'impassibilité que lui offrait l'épisode des aveux du spa. Il se racla la gorge pour répondre... Il était malheureusement peu perméable aux mots pourtant sincères et généreux que lui offrait la princesse : elle était trop près et trop affairée sur ses vêtements.
C'était frôler la limite de trop près. Et puis, Esteban n'avait jamais aimé qu'on touche à ses vêtements, que ce fut pour les choisir ou pour les arranger. Il était seul maître de sa mise. Elle avait remarqué avant lui l'épingle qui avait glissé, et qui n'était plus totalement droite, et dans le fond cela le contrariait. Cette petite vexation instinctive ne devait pas lui faire oublier ses manières... Mais dieu que c'était dur de se montrer empathique lorsqu'on était autrement préoccupé ! Dire qu'elle venait de le remercier pour sa compréhension...
"Vous me faites trop d'honneur... Tout le plaisir est pour moi."
Sauf durant ce fameux début de soirée qu'il ne fallait surtout pas évoquer. Sauf aussi dans ces moments trop nombreux où la frustration devançait le plaisir de la rencontre. Mais dans ce cas précis, ce n'était la faute de personne, si ce n'est celle de leurs statuts sociaux incompatibles. Il y avait de la nervosité dans le sourire d'Esteban, malgré la distance que Tess avait à nouveau mise entre eux. Une distance malheureuse, mais nécessaire... N'avaient-ils pas déjà retourné ce souci dans tous les sens possibles et imaginables ? La princesse semblait être encore en train de s'y attarder. C'était une bien mauvaise idée. Cela ne ferait que leur faire du mal à tous les deux. Ce laisser-aller de la part de la princesse était involontairement cruel, ce qui ne l'aidait pas à se montrer plus avenant, ni à s'exprimer avec plus de sincérité. Mais il essayait, vraiment. Un silence gênant s'étira durant quelques secondes, le temps qu'Esteban trouve les mots adéquats.
"... Comme vous le savez déjà, ces dernières années, j'ai cessé de vivre au sens littéral autant qu'au figuré. Cela faisait longtemps que je n'avais pas pris la peine de me rapprocher de quiconque. Cette amitié neuve a pour moi d'autant plus de valeur qu'elle semble comme marquer la fin d'une triste époque de stagnation."
Le verrou qu'il avait involontairement mis sur ses émotions se desserrait peu à peu : il put enfin la regarder dans les yeux sans craindre de devoir se montrer hypocrite pour rester poli. Et enfin, son sourire naturel fut de retour.
"J'apprécie votre confiance, votre présence, alors que l'idée paraissait probablement mauvaise à tout le monde sauf nous deux."
Et... Elle l'avait partiellement été (mauvaise). Il suffisait de voir ce qu'il s'était passé. Mais il ne voulait retenir que les bons moments, qui avaient malgré tout été majoritaires. Léger rire. Il ne se tourna pas vers Octavio, mais il eut une pensée pour lui. Et pour sa mère. Et pour à peu près toutes ses connaissances proches, dont il imaginait déjà les réactions si elles venaient à entendre parler de ce rendez-vous.
Tess Cambridge
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Sujet: Re: Grand luxe et Mississipi Sam 11 Juil - 15:04
La jeune fille ne savait pas à quel point c’était irritant pour autrui de s’attarder sur leurs vêtements. Elle avait tellement l’habitude que l’on le fasse pour elle, que c’était quelque chose qu’elle n’arrivait pas à échapper. C’est là où ils étaient encore très différents: Tess aimait qu’on lui choisisse ses vêtements, c’était une manière pour elle de ne pas devoir trop y penser quand elle voulait gagner tout le temps qu’il fallait pour s’entraîner, mais aussi elle faisait confiance aux goûts de l’assistante qui s’occupait de sa garde-robe. Finalement elle faisait plus poupée qu’autre chose pendant les galas et les réunions en famille.
Elle écouta le jeune héritier avec attention et elle observait les lumières à l’horizon. Il se faisait tard et elle sentait à quel point son corps de gymnaste commençait à succomber à Morphée. La fatigue provoquait des pensées un peu tristes: elle ne voulait pas que cette soirée se termine là et elle espérait qu’il était sincère quand il avait dit qu’il voudrait garder contact avec elle.
"J'apprécie votre confiance, votre présence, alors que l'idée paraissait probablement mauvaise à tout le monde sauf nous deux."
En baissant un peu la tête elle rougit. Les cheveux bruns avaient caché les joues rosies de Tess et elle lâcha un “hm” par le nez. Si Patrick pensait que c’était une mauvaise idée c’était plutôt parce qu’il avait idée de la nature de l’héritier et de l’attitude enfantine de sa protégée qui n’avait visiblement aucun concept de danger et qui a vécu une vie bien trop protégé. Au fond, Patrick pouvait compatir avec le jeune garçon vu son état de Vampire malgré lui, il ne lui éprouvait pas de mauvaises pensées, mais il se méfiait car c’était tout simplement dans sa nature. Edward savait et il n’approuvait pas de ce rendez-vous, mais à ce stade là Tess se foutait royalement de ce que son frère pensait (ou du moins elle se le disait). Le reste de la famille, quant à elle… Il y a eu déjà plusieurs associations entre eux et d’autres personnages beaucoup moins sympathiques que le jeune héritier, alors à part entendre quelques réprimandes qui vont peut-être lui coûter les cours d’hélicoptère à son retour, elle ne regretterait pas cette soirée. Aucunement. Elle espérait que ces mots d’amitié n’étaient pas juste une simple marque de politesse parce qu’elle s’était lancée dans son aveu. Il y avait toujours une petite voix qui la narguait, qui lui disait que de toutes les manières cela n’allait pas durer et au moment où elle allait quitter le pays, cette amitié partira aussi.
‘J’aimerais ne pas devoir partir demain. Je suis désolée, je dois sonner comme un disque cassé avec mes plaintes.’ elle sourit ‘J’ai l’impression que cette soirée était bien trop courte et il m’est vraiment triste de le dire, mais je fatigue.’
Elle se tourna vers Esteban.
‘Il me faut aux moins prendre une petite sieste, sinon je vais m’écrouler. Je vous retrouve dans quelques heures?’
Qu’est-ce qu’il lui était dur d’admettre qu’elle fatiguait. Elle n’avait pas l’habitude de veiller aussi tard, l’alcool et l’excitation lui avaient donné un nouveau souffle de vie, mais tôt ou tard cela allait la rattraper. Quitter les côtés du jeune héritier lui étaient aussi difficiles, elle voulait passer un maximum de temps avec lui avant de partir. Tess savait qu’elle allait encore avoir un peu de temps avant le lever du soleil pour parler avec son hôte, que ça soit encore sur le paquebot ou dans sa limousine.
En échangeant un dernier regard avec Esteban elle tourna ses talons vers l’intérieur du paquebot, guidé par Patrick vers les chambres. Son téléphone recommençait à vibrer et elle eut soudain comme une envie de vomir, mais elle se retint. Patrick voyait bien qu’elle n’était pas bien, mais à moins qu’il ne veuille se prendre les dagues figuratives de la jeune femme, il se tût.
Ce n’est pas une fin. C’est une pause. Une petite sieste. Surtout ne regarde pas ton téléphone.
Mais instinctivement elle plongea sa main dans son sac et vit un appel d’un numéro inconnu. Aux moins ce n’était pas Edward, elle était soulagée.
Esteban Luz-Descalzo
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Sujet: Re: Grand luxe et Mississipi Dim 12 Juil - 17:47
Visiblement, Tess était embarrassée par ce qu'il venait de dire. Cela aurait dû le désoler mais... Eh bien étonnamment, ce n'était pas le cas. Il n'avait fait qu'énoncer une évidence à voix haute. Et pas de celles qui manquaient d'élégance ou politesse, non... De tact, peut-être, à la rigueur, mais il ne parvenait pas à regretter ses mots. Il était bon d'avoir ce recul sur la situation. De se souvenir de la quantité de personnes que leur initiative inquiétait, et pour de bonnes raisons : ils n'avaient pas été si loin de franchir la limite, ce dont ils auraient été bien mal avisés.
Sans quitter son léger sourire d'amusement, il détourna les yeux et laissa à Tess le temps d'assimiler ses mots. D'en trouver d'autres, enfin, qui semblaient vouloir conclure la soirée.
Lui aussi aurait préféré que le séjour de la jeune femme en Louisiane n'ait pas été écourté. Il se consolait en se remémorant les risques qu'elle avait pris en se mettant à la poursuite de l'ancienne tutrice Butler. Mieux valait qu'elle quitte les USA pour quelques mois, au minimum, le temps de se faire oublier...
"Prenez le temps qu'il vous faudra, princesse. Il n'y a nul besoin de s'inquiéter : l'équipage nous préviendra quelques dizaines de minutes avant notre arrivée au port. Cela devrait vous laisser le temps de vous préparer."
Aimable, quoique peut-être un peu triste, Esteban tenait à faire ces précisions. Ils ne voulait pas que Tess se sente obligée d'écourter sa nuit faute à son propre rythme décalé. Si elle avait besoin de sommeil, mieux valait qu'elle dorme, surtout avec le long voyage qui l'attendait demain et qui serait probablement épuisant.
Suite aux dernières salutations de mise, la princesse et son garde du corps s'éloignèrent en direction des cabines. Esteban décida de rester sur le pont. Il se tourna en direction des lueurs. Elles commençaient à devenir lointaines. Bientôt, elles disparaîtraient, et il ne serait plus entouré que de la nuit sombre. Il serait alors temps d'observer le ciel, couché dans l'une des chaises longues qu'il apercevait à proximité du bar.
Octavio commençait à très bien le connaître. Ils étaient en réalité devenus beaucoup plus proches que leurs échanges publics en donnaient l'impression. C'était peut-être à force de voir sa mère avec Gael qu'il reproduisait ce schéma... C'était plus probablement la solitude du vampire qui les avait appelés l'un vers l'autre. Bref. Il n'était pas aussi proche d'Octavio que de Karl, mais ils étaient officieusement amis, c'était certain, quand bien même aucun d'entre eux n'avait jamais mis le mot dessus.
Le chauffeur s'accouda à la rambarde à côté de lui. La suite de la conversation se déroulerait en espagnol.
"Vous n'êtes pas tenté par une sieste, je suppose. - Grand Dieu non. M'enfermer dans une cabine aux fenêtres exiguës alors qu'il fait encore nuit, quelle horreur... - Hm. C'est bien ce que je me disais."
Silence. Chacun regardait de son côté.
"... Ça s'est plutôt bien passé. - Vous trouvez ? - Disons que ça aurait pu se passer beaucoup plus mal. - Ma mère pense probablement que c'est le cas."
Quelques instants de silence supplémentaires, puis quelqu'un retint un rire. Il n'en fallut pas plus pour qu'Octavio comme Esteban partent effectivement dans un fou rire nerveux. Le jeune homme se sentit très rapidement obligé d'ajouter quelque chose car il avait l'impression de trahir Tess.
"Trêve de plaisanteries. Je suis très content de cette soirée, très divertissante, et nous avons eu l'occasion de mieux faire connaissance. Evidemment, ce n'est pas exactement comme ça l'était avant. Mais ça ne pourra jamais l'être, j'ai été stupide de penser que je pouvais ignorer ma condition ne serait-ce que l'espace d'une soirée. Comment va votre poignet ? J'espère que vous n'avez pas trop de vertiges ? - Non, c'est très vite passé, et le repas m'a remis d'aplomb. - Tant mieux."
Esteban n'avait aucune envie de rentrer à l'intérieur. Depuis sa transformation, il avait appris à apprécier le fait d'être dehors, lui qui au préalable passait le plus clair de son temps entre les livres et les jeux vidéos. Il était déjà cloîtré chez lui en journée. Il n'allait tout de même pas continuer la nuit, lorsqu'il avait la possibilité de faire autrement !
Ils s'installèrent tous les deux dans ces fameuses chaises longues. Le ciel étant bien dégagé, Octavio passa un petit moment à repérer pour lui les constellations stellaires. Esteban lui contait les mythes qu'on leur avait associé (... et faisait remarquer à intervalles réguliers leur réutilisation dans tel ou tel livre, film, ou encore ouvrage vidéo-ludique).
Le temps passa donc finalement plus vite que prévu. Lorsque la fameuse annonce retentit et leur indiqua qu'il leur fallait se préparer, Esteban se redressa sur sa chaise et prit un air surpris.
"Eh bien ! Tu... Je veux dire vous savez tenir votre auditoire en haleine. - Je vous retourne le compliment..."
... On ne serait pas surpris d'apprendre qu'Esteban avait fait un bon 70% de la conversation. Il était très bavard, surtout lorsqu'on le lançait sur un sujet qu'il connaissait bien et qui l'intéressait.
Octavio bailla et sortit de sa poche une sorte de flacon de médicaments. Il glissa un cachet dans sa bouche et eut instantanément l'air moins fatigué. Avec un employeur vampire qui supportait mal la solitude et avait tendance à sombrer trop rapidement dans la mélancolie lorsqu'il y faisait face, il fallait venir préparé... Octavio devait encore conduire la voiture, ce qui aurait été dangereux avec une nuit blanche dans les pattes.
Esteban et Octavio n'avaient donc plus besoin que de descendre dans la cale afin d'attendre les deux autres devant la voiture, ce qu'ils firent. Cela laissait à Tess et son garde du corps le temps de se préparer tranquillement.
Tess Cambridge
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Sujet: Re: Grand luxe et Mississipi Dim 12 Juil - 23:10
La princesse disparut dans l’intérieur du paquebot, elle suivait Patrick de pas ferme, mais ses yeux se fermaient par eux-mêmes. Sauf qu’au lieu de se préparer mentalement pour dormir, elle se demandait qui essayait de l’appeler d’un numéro inconnu. 3 fois.
‘Votre altesse?’ Patrick tourna sa tête vers la jeune femme, son ton était clairement prudent ‘Avez-vous besoin de mon assistance?’
‘Vous n’approuvez pas’ elle dit, yeux baissés en se trainant presque comme une adolescente mal léchée ‘pourquoi?’
Il regrettait assez vite d’avoir prit la parole. Tess était à fleur de peau et après tant d’années son garde du corps devait savoir qu’il ne fallait simplement pas lui parler et que le jour suivant tout allait revenir comme avant. Sauf si l’on voulait avoir à faire au questionnement ou à une conversation digne d’un agent du KGB qui essayait de vous tirer tous les vers du nez. Il soupira et Tess dit son nom, de manière très irritée. Il devait se montrer honnête avec elle, pour son bien, même si cela pouvait lui couter son travail.
‘Votre Altesse, que j’approuve ou pas n’est pas la question. Puis-je parler librement?’
‘Oui! S’il vous plaît.’
Il y avait de l’anticipation dans la voix de Tess. À cause de son statut royal elle manquait cruellement de conversation naturelle. Il semblait que la relation la plus réelle dans sa vie était cette triste affaire avec son frère, même avec l’héritier qu’elle aimait beaucoup elle sentait les status heurter.
‘Vous manquez d’expérience.’ avant qu’elle ne puisse se mettre sur la défensive il continua ‘Ce jeune homme a du vécu, à cause de sa famille et de sa condition. Mis-à-part votre statut qui en soi est différent que par le titre, monsieur Luz-Descalzo est là (il pointa d’un côté) et vous êtes là (son autre main pointa de l’autre). Sachant aussi que vous ne le connaissez que quelques jours.’
Le silence était tranchant. Il avait raison et elle le savait. L’alcool était une très mauvaise idée à chaque fois, c’est bien pour ça qu’elle ne se limitait qu’au gin chez elle. Dans tous les cas, elle commençait à sentir cette horrible sensation qui ne venait que le lendemain: le regret d’avoir été totalement inappropriée parce qu’elle voulait sentir quelque chose de neuf, une connexion pas comme les autres. La princesse se sentait égoïste et c’était un vilain défaut. L’auto-flagellation était de nature, elle serra ses paupières se sentant sombrer.
‘Ne vous méprenez pas, votre Altesse’ il essaya de la rassurer ‘Ce sont simplement les difficultés de la vie. Vous aussi avez vos expériences, mais elles différent énormement de celles de monsieur Luz-Descalzo. Faites-moi confiance, ça passera.’
Le culot.
Elle se mordit la lèvre, elle ne voulait pas ouvrir le nouveau sujet qu’était son frère. Tess savait qu’il ne se faisait que du souci pour elle, après tout il la suivait de très près depuis qu’elle était gamine. Cela l’adoucit: il avait plus d’expérience, il était plus âgé, elle savait vaguement quel était son emploi d’antan et c’était certain qu’il savait bien plus de choses qu’elle.
En la raccompagnant vers sa chambre, elle entra et s’écroula dans le lit géant qui lui rappelait beaucoup du sien. Son sommeil n’était pas venu facilement, elle angoissait et elle repassait tout les événements de la soirée dans sa tête. Esteban était un parfait gentleman et elle s’était comporté comme une… cruche. En repensant à ce triste épisode dans la salle de massage elle fourra son visage dans le coussin et pressa celui-ci contre ses tempes. C’était le moment le plus embarrassant de toute sa vie, à côté d’avoir remercié les Faës après avoir gagné la médaille d’or aux JO. Eh oui, quand on ne pense pas à ce que l’on dit au jour le jour, mais avec l’addition de l’adrénaline dans les tempes…
Finalement elle arriva à s’endormir, mais ce sommeil n’était pas tout à fait plaisant. Un mauvais rêve duquel elle n’arrivait pas à se réveiller fût achevé avec un fort “POOOOOOOOOOOOOOON” suivi d’une annonce. Elle ouvrit grand les yeux et fixait le papier peint haute-qualité avant de n’entendre Patrick frapper à la porte pour la réveiller (car évidemment, le bruit étourdissant n’était pas assez). La pression sur ses tempes était assez pour la remettre au lit encore quelques minutes, heureusement qu’elle avait prévu des médicaments. Avant de ne rejoindre tout le monde à la cale, Tess devait absolument se refaire une beauté car son maquillage avait entièrement coulé et avant de ne quitter les lieux elle retourna le coussin qui était recouvert de mascara.
‘Votre Altesse.’
‘Merci, Patrick.’
Elle lui sourit poliment en se dirigeant vers la cale. Tess vit de suite Octavio et Esteban près de la limousine. Une once de culpabilité pointa son nez, car elle voulait se réveiller plus tôt pour profiter encore du peu de temps qui leur restait, mais son mal de tête était absolument abominable. Le médicament n’avait pas encore fait effet.
‘J’espère que vous ne nous avez pas attendu trop longtemps. Allons-y?’
Patrick ouvrit la porte pour laisser la princesse entrer le véhicule, Octavio fit de même pour son employeur et sans attendre Tess se servit un grand verre d’eau. Mis à part les moments embarrassants, la princesse s’était très bien amusée et elle observait son hôte avec un sourire sympathique.
Esteban Luz-Descalzo
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Sujet: Re: Grand luxe et Mississipi Lun 13 Juil - 0:16
Esteban et Octavio attendaient devant la voiture depuis une grosse dizaine de minutes lorsque la princesse accompagnée de son employé émergèrent par la porte de l'escalier. Malgré les efforts évidents que Tess avait déployés pour se rendre présentable, elle n'avait pas l'air très en forme. Esteban se garda bien de le lui faire remarquer : c'était la dernière chose dont elle devait avoir envie. La première de ces choses étant probablement de regagner son lit à l'hôtel et de terminer plus correctement que cela sa nuit.
Octavio et Esteban venaient de passer plusieurs heures ensemble, attendre quelques minutes devant la voiture était une broutille. Esteban n'avait même pas vu ce temps passer. L'habituel sourire aimable grimpa sur ses lèvres et il entreprit de balayer les inquiétudes inutiles de son invitée :
"Absolument pas, ne vous inquiétez pas. Montons, oui. Le bateau est arrimé, nous pouvons démarrer sans attendre."
Ils furent bientôt confortablement installés dans la limousine. Octavio ne tarda pas à allumer le moteur et l'engin quitta le paquebot pour s'enfoncer plutôt dans les rues sombres et désertes à cette heure de la Nouvelle-Orléans. De ce côté du verre teinté, on voyait l'extérieur. Penché à la fenêtre le vampire était en mesure de constater combien la ville était effectivement vide. Et cela lui donna une idée.
Il regarda sa montre. 4h30 du matin. L'heure typique où l'on ne trouve absolument pas un chat dehors, si ce n'est en se rapprochant du Quartier Sanglant.
"Il est très tard. Les journalistes ne devraient plus être à l'affût. Nous pourrions vous raccompagner immédiatement à votre hôtel, qu'en pensez-vous ? Ainsi, vous serez plus rapidement rentrée."
Octavio ou Patrick pourraient certainement s'occuper du véhicule que la princesse devait avoir laissé dans le garage de l'immeuble, et ils n'étaient pas obligés de s'en charger maintenant. Cela pourrait avoir lieu à une heure plus correcte.
Suite à quelques réflexions échangées entre Esteban et la princesse, c'était décidé : ils ne passeraient pas par le penthouse. Guidé par l'employé royal, Octavio modifia donc la trajectoire du véhicule.
Malgré des moments assez gênants, ils avaient vécu une belle aventure. Pour ce soir cependant, elle était terminée. Ou du moins, c'était ce que chacun pensait...
Tess Cambridge
Identification Emploi: Sans-emploi Age apparent: 18 Dangerosité: (15/30)
Sujet: Re: Grand luxe et Mississipi Lun 13 Juil - 21:10
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Sujet: Re: Grand luxe et Mississipi 
Dim 16 Fév - 21:45
