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 Rencontre fraternelle

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Asch Räder
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Asch Räder

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Rencontre fraternelle - Page 2 Vide
MessageSujet: Re: Rencontre fraternelle   Rencontre fraternelle - Page 2 Icon_minitimeLun 17 Aoû - 1:53

Les épaules d'Asch se crispèrent peu de temps après que Jesse ait posé ses mains dessus. Outre le fait qu'une telle démonstration de soutien n'était pas typique du norme - il avait clairement une idée derrière la tête - le rouquin n'appréciait pas du tout le ton qu'il l'entendait prendre. Son cynisme et ses remarques incisives avaient de nombreuses fois été salvatrices - à défaut d'être toujours les bienvenus - mais pas maintenant. Pour plein de raisons différentes, Asch ne voulait pas qu'il s'immisce dans la "discussion". Même si on pouvait difficilement appeler ça comme ça, compte tenu de l'actuelle incapacité du métamorphe à formuler la moindre réponse verbale.

"Pour quelqu'un que tu présentais comme à la base de ton équilibre émotionnel, je suis quelque peu déçu."

Asch se figea et cessa de respirer sous l'effet d'un embarras profond. Ce n'était pas le genre de choses qu'il avait envie que Jesse répète devant sa frangine. Avant qu'il parte, Karin et lui partageaient beaucoup de trucs, mais de là à formuler ce qu'ils représentaient l'un pour l'autre en des termes aussi directs... Nan. C'était pas le genre de la maison. C'était une révélation disgracieuse, malvenue, surtout tandis qu'ils étaient l'un en face de l'autre. Le culot du norme était en train d'avoir raison du peu de contrôle qu'Asch avait encore sur lui même. L'explosion qui le menaçait était lentement mais sûrement en train de prendre la direction d'une colère dangereuse et entièrement dirigée vers le doctorant.

Un grognement qui n'avait plus grand chose d'humain roula dans sa gorge. Il tenta tardivement de l'éteindre, encore une fois honteux. Faire ce genre de sons en face de Karin, pour lui, ce n'était pas concevable.

Jesse se permettait des trucs qu'il n'aurait pas dû. Il prenait un ton culpabilisant à l'intention de sa frangine et ça ne plaisait pas du tout à son aîné. Karin était en droit de lui en vouloir. Il y avait eu une formulation malheureuse, laissant entendre qu'elle n'avait peut-être pas bien pris la mesure de ce que toute cette situation avait d'insoutenable pour lui, mais il méritait qu'elle lui en veuille et le lui fasse remarquer. Ce n'était pas la faute de sa sœur si Asch n'était pas en mesure d'entendre les reproches qu'elle avait à lui faire. Elle n'était responsable ni de la honte qu'il ressentait en sa présence, ni de l'état dans lequel il s'était mis tout seul, certes bien aidé par Précieuse, dans la continuité des brimades de Rachel.

"Dis-moi, Asch... Tu as toujours eu des tendances suicidaires ? Je n'aurais pas cru. Enlève tes mains, pour voir ?"

Trop, c'était trop. Il n'allait pas foutre ses fragilités actuelles sur le dos de Karin. Asch détestait jusqu'à l'idée qu'elle fut au courant de ses envies de suicide. Jesse lui avait-il expliqué qu'il y avait eu une réelle tentative, ou du moins ce qui s'en était rapproché ?

Pourquoi fallait-il qu'il souligne ce qu'il essayait de cacher ? La honte explosa finalement avant la colère :

"... MAIS TU VAS FERMER TA GUEULE ??!"

La colère était derrière, elle suivait en réalité de très près, elle s'était évidemment mélangée à cet éclat et elle poussa le métamorphe à agir sans réfléchir. Ce n'était d'ailleurs plus entièrement lui, dans sa tête... Ou pas dans le sens où il avait compris son identité jusqu'à encore trop récemment. Le loup guettait, les muscles bandés, pratiquement prêt à prendre le dessus sur l'humain.

En moins de temps qu'il ne le fallait pour le dire, Jesse se retrouva plaqué contre un mur. Une chaise avait valdingué bruyamment. Asch tenait le norme par le col et serrait suffisamment sa gorge pour lui faire mal et entraver modérément sa respiration. Le grondement lupin était de retour, cette fois parfaitement incontrôlé. Des crocs acérés remplissaient ses mâchoires. La crispation allait jusque dans son poing, lequel faillit partir dans réfléchir dans le menton du norme.

Quelque part très en arrière de lui, quelque chose lui rappela le danger. Il ne pouvait pas frapper un norme. Pas à pleine force. Plus maintenant. Son poing dévia et s'enfonça dans le mur presque jusqu'au coude. La tête de Jesse n'était qu'à quelques centimètres. Si ça avait été le doctorant qu'Asch avait frappé sous le coup de la fureur, il aurait eu de bonnes chances de le tuer. Cela le terrorisa instantanément et l'aida à se calmer. Il lâcha Jesse immédiatement.

Puis il entendit Karin briser le silence à peine revenu suite au vacarme dont il s'était rendu responsable :

"Tu as raison, Jesse."

Oui. Mais non. C'était pertinent et en même temps pas du tout. Ce. N'était pas. La faute. De Karin. Il n'en démordrait pas. Jesse n'avait pas à parler comme ça à sa frangine, qu'elle ait ou non manqué de tact à l'égard d'Asch, volontairement ou pas. Et il n'avait certainement pas à dire ces choses trop personnelles en face d'elle. Le rouquin n'aimait décidément pas qu'on choisisse à sa place ce qui devait être révélé ou non. Surtout pas lorsqu'il était là pour l'entendre.

Dans sa vision périphérique, il remarqua Karin qui cherchait ses yeux. Asch n'était pas capable de soutenir son regard. Surtout pas avec ses propres yeux encore jaunes, inhumains, et cette gueule pleine de crocs animaux. Il sortit son poing du mur. Parlons aussi de force inhumaine. Asch s'orienta de telle sorte à lui montrer aussi peu de son visage qu'il le pouvait sans pour autant lui tourner le dos.

Karin s'excusait. Asch ne savait pas vraiment quoi répondre. La première des remarques de la wiccane n'avait certes pas été très bienvenue, mais il avait mérité chaque mot de la seconde. A défaut d'être capable de faire face à sa frangine, Asch se tourna encore vers Jesse, l'air peu amène.

"... La prochaine fois que tu essaies de rendre ma sœur responsable de mes conneries, je te raterai pas."

Menace en l'air compte-tenu du risque trop important pour Asch de le tuer s'il se laissait aller à la violence. Cela dit, le métamorphe ne se contrôlait pas, et il avait effectivement failli lui exploser la face. On n'était pas à l'abri qu'à force de stimulations malheureuses, ça finisse par arriver.

"... Ou en tous les cas c'est une issue probable. Ça n'arrangerait personne, alors tu vas vite calmer ta joie."

Il ne pouvait pas temporiser plus longtemps. Il fallait qu'il réponde à Karin. Il ne parvenait toujours pas à la regarder. Pas comme ça. Pas avec ce visage. Et maintenant c'était ses griffes qui commençaient à pousser à la place de ses ongles. Impuissant face à ce phénomène, face à ce trop de transformations partielles qui devenaient impossibles à masquer, il se sentit vaciller mentalement. Il cligna des yeux humides. Il en avait marre. Marre d'être incapable de la moindre foutue once de contrôle depuis qu'il était devenu comme ça.

"... Mais je sais pas. T'as fait exprès de retourner le couteau dans la plaie ? Si c'est le cas, c'était peut-être un peu vache de ta part. Mais sinon de quoi tu t'excuses.. T'as raison. Je suis parti sans prévenir. Je sais pas quand je l'aurais fait. Je pouvais pas rester là-bas. Je pouvais pas te mettre entre elle et moi non plus. Mais est-ce que ça change quelque chose, hein ? Mes raisons changent que dalle."

Il n'avait pas encore tout évacué. Maintenant qu'il s'était forcé à parler, les mots devenaient plus faciles, plus rapides qu'ils l'étaient généralement, lui qui ne passait que très rarement par eux et qui était généralement si mal à l'aise avec. La situation ne lui avait laissé que ce choix, ou celui de la fuite qu'il se refusait à faire une fois de plus.

Quelque chose lâcha encore. Dans ses yeux brillants, une lueur hallucinée. Tout se bouscula. Il n'était pas sûr de vouloir dire tout ça. Il était même sûr de l'inverse, et pourtant quelque chose le poussait à avouer :

"... Des années, n'est-ce pas ?. Et je suis toujours un foutu danger public. Je contrôle rien. ... Regarde. Rien, niet, zéro. Je voulais pas que tu me voies comme ça. J'y arrive pas... J'y arriverai jamais..."

Et il se força à la regarder dans les yeux, finalement. Tout l'inverse de ce qu'il avait fait jusqu'à présent. Dégoûté par lui-même, il cherchait dans le regard de Karin la confirmation qu'il redoutait : il n'était plus le même frère. Ils n'avaient même pas le même père. Son géniteur était un abuseur anonyme. Asch était à peine mieux qu'une foutue bête sauvage. Un métamorphe bon à dresser, aux yeux de nombreux wiccans de la W. Précieuse ne s'en était pas privée, par ailleurs.

"Ose encore dire que j'ai pas changé... Et il t'as dit que j'ai failli éventrer quelqu'un aussi, ou bien il s'est contenté de ce qui l'arrangeait pour te faire venir ?"

Si Jesse était encore ici, il venait d'être à nouveau projeté au milieu de la conversation. Mais il l'avait un peu cherché. Asch peinait à soutenir le regard de sa sœur. Il tremblait beaucoup trop fort. Le loup rouge n'avait pas voulu péter un câble comme ça. Ses hantises, son mal être avaient parlé sans lui demander son avis. Un truc de famille, sans doute.
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MessageSujet: Re: Rencontre fraternelle   Rencontre fraternelle - Page 2 Icon_minitimeJeu 22 Oct - 18:16

L'espace d'une dizaine de secondes, Jesse se dit que cette situation était particulièrement anti-climatique. Lui qui s'était attendu à de grandes effusions de joie et peut-être même à quelques larmes de bonheur, il devait avouer que la froideur des retrouvailles entre le frère et la sœur lui laissait presque un goût amer. Évidemment, il se disait que sa présence n'était peut-être pas pour rien dans cette absence de chaleur. Il connaissait assez bien Asch pour savoir qu'il était d'une pudeur maladive dès qu'il était question d'exprimer ses sentiments, voire de les ressentir. Et le peu qu'il avait vu de Karin lui disait qu'elle était faite du même bois.

C'était pourtant elle qui avait insisté pour qu'il reste. Voulait-elle un garde-fou pour éviter ces fameuses effusions ? Aux yeux du doctorant, c'était ridicule. Et ce fut partie de la raison pour laquelle il ne mâcha pas ses mots.

Durant les secondes qui suivirent, donc, le californien était à deux doigts d'en rajouter une couche sur le point auquel cette situation était décevante et qu'il s'en voulait presque d'avoir préparé toute cette histoire depuis des mois. Mais, soudain, enfin, le plus fragile de la fratrie explosa.

"... MAIS TU VAS FERMER TA GUEULE ??!"

Une étincelle d'intérêt brilla dans les yeux gris sous verre. On y était. Il aurait répondu un simple "Non." avec son impertinence habituelle si le métamorphe n'avait pas été plus rapide que lui.

En deux temps trois mouvements, et ce malgré son éloignement préventif, Asch fondit sur lui. Son dos heurta le mur avec un son mat et l'arrière de son crâne suivit, le rendant légèrement nauséeux sur le coup. Un grognement lui échappa, qu'il ne fut pourtant pas capable d'expirer correctement : l'étreinte du jeune homme autour de son cou l'empêchait légèrement de respirer.

Jesse n'était pas du genre à s'affoler. Au contraire, il restait d'un calme si olympien en toutes circonstances que c'en était agaçant. Cependant, il n'était rien de plus qu'un être humain. Tout en contrôle de ses réactions qu'il pouvait être en temps normal, certaines ne pouvaient pas être évitées. Il ne put donc empêcher son regard de s'agrandir de stupeur et un frisson de peur de parcourir son échine. Aussi prédateur soit-il (à sa manière de lire si facilement chez les autres et de mettre en lumière ce qu'ils voulaient le moins voir), le californien n'avait aucun doute : à présent, il n'était rien de plus qu'une proie.

Il se força à garder les yeux fixés sur le poing qui s'approchait à une vitesse alarmante. Peut-être que ses lunettes aidaient. Peut-être qu'il n'avait pas réalisé qu'il avait cligné des yeux à de nombreuses reprises. Ce faisant, l'une de ses mains fouillait dans la poche du pantalon droit qu'il portait. Ses longs doigts se refermèrent sur une fiole à l'instant où le mur se faisait transpercer à quelques centimètres de sa tête. Inutile d'être un génie pour savoir qu'il l'avait échappé belle. Peut-être aurait-il dû utiliser cette fiole, au lieu de jouer sa vie à quitte ou double en pariant sur la retenue du métamorphe.

Pour sa défense, il n'avait demandé cette fiole de sang à Ailin qu'en cas d'extrême urgence et ne pensait pas avoir à s'en servir. Il se contentait être prudent. Il n'avait pas envisagé que la réaction de la fille Räder le ferait sortir de ses gonds au point de dire tout haut ce que personne ne voulait entendre.

La situation se calma aussi rapidement qu'elle s'était dégradée. Jesse sentit plus qu'il ne vit la poigne sur son cou se desserrer. Sa main libre (l'autre n'ayant pas quitté sa poche) vint rapidement au niveau de sa gorge, la massant légèrement. Asch n'y était pas allé de main morte, et pourtant l'étudiant savait pertinemment qu'il s'était retenu. La trajectoire de son poing en était la preuve.

"Tu as raison, Jesse."

Le susnommé tourna légèrement le regard dans la direction de Karin, sourcil relevé. Vraiment ? Elle allait la jouer comme ça ? Il retint de peu le soupir qu'il avait sur le bout de la langue. Joueur, oui, mais pas suicidaire. Il était hors de question qu'il s'investisse plus que cela ce soir, même s'il avait très envie de répondre à la jeune femme et de lui dire d'arrêter son cirque, que ses excuses sonnaient si faux que même lui était capable de s'en rendre compte.

Mais ce n'était pas le moment d'en rajouter. Il n'allait pas risquer la colère d'Asch plus que de raison. D'autant que le métamorphe était justement en train de l'incendier. Son regard gris se tourna vers lui et il l'écouta jusqu'au bout avant de répliquer, sur son ton calme habituel, comme s'il ne venait pas de passer plusieurs dizaines de secondes épinglé à un mur à la seule force d'un bras.

"Ce n'est pas ce que j'ai dit."

Il n'avait aucunement cherché à rendre Karin responsable de l'état de son frère. Il avait simplement mis en lumière le fait qu'elle n'était pas la seule à souffrir de cette histoire et qu'il était malvenu de sa part de commencer par le fustiger lorsqu'ils étaient clairement mal en point, tous les deux.

Ce n'était pas pour autant qu'il allait s'expliquer plus avant. Il était évident que quoi qu'il ajoute ce soir, ce serait de trop. Le norme se contenta donc de cette phrase et d'attendre le moment idéal pour prendre la porte, peu importe ce qu'on pouvait inventer pour qu'il reste cette fois.

Asch s'adressait à sa sœur. L'interrompre maintenant pour prendre congé n'était pas non plus la meilleure idée du monde. Il l'observa donc avec un désintérêt feint, prêtant comme toujours une attention extrême aux mots échangés. Une fois de plus, il eut du mal à retenir un soupir. En quelques minutes, il voyait le travail de plusieurs mois s'effondrer sous ses yeux. C'était frustrant, mais également les aléas de toute expérience sociale. Un pas en arrière (ou plusieurs, dans ce cas précis) étaient souvent nécessaires pour enclencher une marche en avant.

Il aurait pu rester silencieux et partir sans faire de vagues s'il n'avait pas été brutalement remis au centre de la conversation. Son regard se tourna vers Asch, et on pouvait presque lire l'agacement ténu mais néanmoins présent dans ses yeux. Il avança d'un pas, se rapprochant de la table où son verre d'eau était encore posé, sans quitter le métamorphe du regard.

"Au risque de me répéter, je n'ai rien dit te concernant avant de passer cette porte. Et je vais la passer dans l'autre sens avant que nous ne disions tous des choses que nous risquions de regretter."

Sous-entendu : il ne regrettait absolument aucun des mots qu'il avait eu depuis qu'il était entré dans l'appartement.

Sortant la fiole de sa poche, il la posa en évidence sur la table avant d'avoir un geste de la tête en direction des deux Räder.

"Au cas où." Un instant de pause. "Karin, n'hésite pas à me contacter si jamais tu as besoin d'un taxi pour l'aéroport demain."

Sur ces mots, et sans attendre la moindre réponse de la part de l'un ou de l'autre occupant de la pièce, l'étudiant fit demi-tour et sortit de l'appartement. Ce ne fut qu'une fois la porte fermée derrière lui qu'il se permit le profond soupir qu'il retenait depuis si longtemps. Sa main se posa à nouveau sur sa gorge, qu'il massa un peu plus longuement que précédemment. Il n'avait pas besoin d'un miroir pour savoir qu'il garderait des marques pendant un petit moment encore.

Ailin allait sûrement se régaler de cette anecdote.
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Karin Räder
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MessageSujet: Re: Rencontre fraternelle   Rencontre fraternelle - Page 2 Icon_minitimeJeu 4 Fév - 21:11

La situation était devenue hors de contrôle. Intolérable. Depuis quand était-elle si faible, si pathétique ? Jesse avait raison, elle n'aurait pas du simplement contempler son petit nombril. Qu'a-t-elle donc traversé, en comparaison à ce que toi tu as vécu ? Pauvre chérie à la vie trop facile qui chouine parce qu'on la laisse derrière quand au fond le problème est autre : elle a été incompétente, obtuse et égoïste. Même le minimum ce soir, elle n'avait pas pu le faire. Au lieu de se réjouir de retrouver son frère, de se soucier de lui, elle avait faire preuve de l'inexcusable : elle s'était comportée comme Rachel. Ce constat est comme un passage à tabac. Médusée, Karin observe le reste de la scène et réalise qu'à aucun moment elle n'autait pu aider Jesse quand bien même elle l'aurait voulu : tout va trop vite. Tout la dépasse. C'est lamentable, et en dessous de tout. En dessous d'elle, en tout cas.

Face à son trouble et ses états d'âme, face à la situation surtout et l'enchainement de tout ce qui se passe, Karin ne dit rien. Elle se sent faible, à la traine, et déteste ça. Pire encore, il lui semble ne rien apporter de bon. Où est donc cette jeune femme sûre d'elle, à la répartie facile et au sens de l'observation aiguisé ? Ou est donc ce fameux génie, ce talent qu'elle est supposée avoir pour virevolter sur le fil du rasoir sans trébucher ni même en être menacée ? En dessous de tout, vraiment.

A l'offre de Jesse -qu'elle a autant envie d'incendier au sens littéral que de fuir désormais (mais jamais elle n'admettra cette dernière chose) - Karin hoche de la tête brièvement. A-t-elle envie de le revoir ? Non. Le faudra-t-il ? Sans doute, oui, ne fut-ce que pour débriefer et s'assurer que le terrain reste a minima neutre s'ils devaient se recroiser. L'étudiant est quelqu'un d'intelligent. Trop pour qu'elle veuille le négliger ou le sous estimer. D'un claquement de langue, elle retient même ses corbeaux de lui foncer dedans. L'heure n'est pas à la revanche facile ni à la mesquinerie.

Une fois la porte fermée, Karin reste immobile un moment. Elle a peur. Non pas de toi, Asch. Comment pourrait-elle avoir peur de toi ? Non, c'est d'elle même qu'elle a peur, aujourd'hui. Peur de ne t'apporter rien de bon, de te blesser, de causer ta perte. Ironiquement, c'est peut-être assez semblable à ce que tu avais en partie ressenti à l'époque de ton départ. Finalement, avec des gestes lents (pourquoi le monde est-il si flou ?) Karin s'asseoit et attrape la bouteille. C'est plus qu'un verre, qu'il lui faut. Définitivement plus.

Une gorgée, deux, trois. Avec un râle, la rousse repose la bouteille et la dépose en ta direction. Ca ne va toujours pas, mais la sensation brûlante de l'alcool lui fait du bien. Au moins il y a ,maintenant une raison à ce que le monde ne soit plus assez solide. C'est presque drôle : dire qu'elle avait toujours cru que te retrouver au contraire lui reconfèrerait cet ancrage qui lui manquait. Le problème vient peut-être d'elle, finalement. Karin, jeune prodige et viscéralement défectueuse.

- J'ai été stupide. J'en suis désolée.

Les larmes menacent de monter, mais Karin coupe court à tout élan de sentimentalisme. Elle n'en a pas le droit. Elle n'en a plus le droit, plus après ce qu'elle vient de t'infliger.

"Tu m'as manqué."
"Si tu veux que je parte, je pourrais comprendre."
"Je t'aime."

Autant de choses qu'elle voudrait te dire, sans oser désormais. Pourtant, une part d'elle sait qu'il faudrait s'ouvrir. Montrer cela, comme elle le faisait avec toi. Il y a trop peu de gens avec qui elle ose vaguement être elle-meme pour se permettre le luxe de chipoter. Seulement voilà : Karin réalise qu'elle ne sait plus faire, même en le voulant. Sa spontanéité a été tuée dans l'oeuf au moment où la honte de ce qu'elle t'a dit l'a submergé. En réalité c'est sans doute plus ancien, plus profond encore.

- Tu te souviens quand on descendait ça en cachette ? C'est toi qui allait acheter la bouteille, évidemment.

C'est dit avec un vague sourire pour ces souvenirs précieux. La jeune femme a toujours aimé ces moments là, à vous deux. A quel moment a-t-elle pu déraper au point que votre passé semble plus simple à gérer ? Un profond soupire, et Karin croise les bras sur la table pour s'y planquer le visage. Tout est trop compliqué. Et descendre trois gorgées cul sec à le ventre vide était définitivement une idée stupide.

- J'ai vraiment envie de te faire un câlin.

C'est dit comme ça, face a la table, avec toute la sincérité dont elle est capable. Quelque part, ça lui fait plaisir de voir que c'est encore possible. De l'autre.. C'est la porte ouverte aux emotions. Et oh que celles-la sont envahissantes et impossibles à gérer, actuellement. Karin se sent aussi perdue et terrifiée que lorsqu'elle te réveillait au milieu de la nuit à cause de monstres sous son lit.
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MessageSujet: Re: Rencontre fraternelle   Rencontre fraternelle - Page 2 Icon_minitimeDim 30 Mai - 21:22

Asch sentit avec horreur la colère volatile qui bouillonnait en lui s'enflammer une nouvelle fois dans la direction du norme. Il était encore trop fébrile, furieux, fragile et fluctuant. Un combo assurément perdant dans un contexte qui, d'une manière ou d'une autre, continuerait de le stimuler négativement.

"Ce n'est pas ce que j'ai dit.
- C'est l'effet que ça a eu. Et si tu me dis que tu ne t'y attendais pas, je te croirai pas."


Parvint-il à ajouter miraculeusement sans gronder. Il était parvenu à durcir sa colère de sorte à ce qu'elle sonne métallique et il parvint aussi à changer la cible de ses préoccupations sans éclats ni violences supplémentaires. C'était un effort immense qu'il n'était pas sûr de savoir reproduire.

Asch avait plusieurs raisons de vouloir garder son calme et épargner à Jesse une nouvelle effusion de rage. Des raisons dont certaines étaient très pragmatiques et d'autres, beaucoup moins. Pragmatique : Frapper un norme était un coup à le tuer et à finir en taule, ce qui était en soi une raison suffisante pour vouloir l'éviter. Beaucoup moins pragmatique : Jesse avait abusé, certes, mais Asch savait que sur ce coup, il ne l'avait pas vraiment fait pour nuire. Ce type était bizarre et se foutait étrangement de tout autant qu'il s'en souciait. On ne pouvait pas tout à fait lui faire confiance... Pas au sens premier du terme, toujours. Pourtant, d'une manière qui n'était sans doute pas moins tordue, Asch appréciait ce gars cynique et percutant qui lui avait sauvé la vie de façon aléatoire, puis qui avait démonté en l'espace de deux heures le résultat de lourdes années de déni.

Il y avait trop en lui. Ses émotions dégueulaient de partout et c'était moche à voir. Elles se manifestaient sous la forme des transformations incontrôlées qui déformaient ses yeux, ses dents, et désormais ses doigts. Ses angoisses trop hautes, trop fortes, obligeaient des mots à déborder de lui, eux avec lesquels il était pourtant si peu à l'aise. Eux par lesquels ses ressentis ne passaient que très rarement, lorsque tout le reste avait échoué.

Il dirigeait ces mots sur Karin parce qu'il n'avait plus d'autre choix. Il n'avait pas voulu qu'elle le découvre ainsi. Il avait honte de lui. Honte de n'avoir même pas su contenir, durant les premières minutes de leurs retrouvailles, la violence monstrueuse qu'il y avait en lui. Cette violence, l'essence animale qui l'habitait n'avait jamais rien fait que l'exacerber, au point de rendre Asch régulièrement incontrôlable. Il détestait que Karin le voie si différent, si bestial. Il n'était pas celui qu'elle avait pensé. Il l'avait déjà déçue parce qu'il était parti sans rien dire et sans laisser d'adresse. Désormais, il allait la décevoir encore autrement. Il n'était tout simplement pas à la hauteur. Il méritait à peine mieux qu'une chaîne autour de son cou et des barreaux pour le contenir. Peut-être que finalement, Rachel avait été celle qui avait toujours eu raison.

Tout ce qu'il n'avait pas voulu que Karin voie, il faisait désormais en sorte de lui présenter sous le nez. C'était d'une brutalité terrible. Chaque mots qu'il ne voulait pas dire lui écorchait le coeur et brisait quelque chose de plus en lui. C'était un acte d'autodestruction. Mais en même temps, c'était aussi une supplique.

Voilà, regarde. C'est ça que je suis. C'est ça que j'ai fait. Dis moi que je suis pas monstrueux, pour voir. Essaie un peu de me dire que je suis récupérable, qu'on devrait pas m'enfermer. Essaie un peu de me dire que tu me trouves encore dans ces yeux jaunes. Essaie de me dire que tu me voies encore comme ton frère, et pas comme un étranger. Une foutue bête trop féroce bonne à piquer.

Il ramena Jesse dans la conversation. C'était probablement une mauvaise idée. Ou peut-être que ce n'était pas si grave, car il entendit à peine ce que l'humain lui répondit. Asch fixait Karin. Il attendait qu'elle réagisse. Elle ne disait rien. Plus le temps passait, plus son crâne lui donnait l'impression de s'auto-écraser. Le sang battait contre ses tempes. Le silence devenait tonitruant.

Asch repéra la fiole qu'on lâchait sur la table. Il dressa rapidement ses yeux dans ceux de Jesse. S'il n'avait pas semblé si hagard, proche de l'accès de démence, on aurait probablement pu y lire un éclat reconnaissant.

Jesse était parti.
Il n'y avait plus que Karin, lui, et ce foutu silence que même les animaux ne semblaient plus vouloir briser. C'était trop long. Asch ne savait pas ce que le mutisme de sa frangine signifiait. Il ne voulait pas se risquer à l'interpréter car s'il faisait ça, il savait que la douleur serait trop forte. Il perdrait à nouveau le contrôle de tout.

Mais il était dur de longtemps lutter contre des conclusions qui se tiraient si facilement toutes seules.

Pourquoi tu réponds rien ? C'est parce que c'est vrai, c'est ça ? Bien sûr que c'est vrai. Les preuves sont là.

Avec l'impression que le temps se déroulait comme dans un cauchemar et que les gestes de sa sœur étaient au ralenti, Asch la regarda s'asseoir et se servir un verre. Elle mit la bouteille devant lui. Il ne sut pas quoi en faire. Cette vodka, c'était un truc qu'ils partageaient lorsqu'Asch était une autre personne. Depuis, il était descendu en enfer. Il avait parfois l'impression d'en être assez littéralement devenu l'un des gardiens.

"J'ai été stupide. J'en suis désolée."

Sa confusion perça le plafond, lui donnant l'impression que le sol tournait. Il ne savait même plus de quoi elle s'excusait. Il ne comprenait pas ce qu'elle faisait. Il restait juste debout devant la table, constatant les caractéristiques lupines qui continuaient de croître. Des poils rouges sortaient désormais de sa peau par plaques. Il ne suffisait que d'une émotion plus forte que l'autre pour que sa bête se décide à sortir pour de bon, entraînant une véritable transformation.

Asch avisa encore la fiole sur la table. La nécessité d'éviter ce processus par lequel il risquait de blesser ou de tuer sa sœur lui permettait d'y voir un peu plus clair.

"Tu te souviens quand on descendait ça en cachette ? C'est toi qui allait acheter la bouteille, évidemment.
- ..."


Pourquoi est-ce qu'elle faisait ça ? Ca faisait mal. Ca lui rappelait la vie qu'il avait perdue. La vie qui ne lui avait peut-être jamais vraiment appartenu. Pourquoi évoquer ces souvenirs quand tout était devenu différent, et surtout quand rien ne pourrait plus jamais être pareil ?

Une grimace de douleur déforma le visage du métamorphe. Les larmes lui montèrent aux yeux. Il aurait voulu hurler. Au lieu de faire ça, il s'installa à table à son tour. Il récupéra la fiole de sang de vampire que Jesse y avait posé.

"J'ai vraiment envie de te faire un câlin."

Asch ne retint le gémissement de tristesse qui voulait lui échapper que parce qu'à l'instant où ce dernier voulait sortir, il leva la tête pour mettre le contenu de la fiole dans sa bouche et l'avaler. Il reposa le tout, incapable de regarder Karin. Il tremblait. Il observait obsessivement ses mains. Les poils qui retournaient se ranger sous la peau. Les griffes épaisses qui rétrécissaient et redevenaient peu à peu des doigts. Dans sa bouche il sentit les crocs disparaître peu à peu. Enfin ses yeux retrouvèrent leur forme et leur couleur normale. Il ne sentit aucune différence, mais il savait que c'était la dernière étape. Les yeux partaient après tout le reste.

"..."

La bête était provisoirement partie. Il avait retrouvé l'apparence qu'il avait toujours eue. Pourtant, il se sentait toujours aussi sale, misérable, corrompu jusqu'à la moelle. Il pouvait éteindre provisoirement son identité mais il ne pouvait pas la tuer. Rien ne pouvait changer ce qu'il était et ce qu'il n'était plus.

Et puis rien n'était réglé. Ca n'allait pas. Il avait le cul sur un tas de dynamite allumé. Cela le rendait incapable de se convaincre de faire un geste dans la direction de Karin, même alors qu'elle en exprimait un besoin douloureux.

Pourquoi est-ce qu'elle ne lui avait rien répondu ?
Pourquoi est-ce qu'elle voulait de lui quand même ?
Pourquoi, pourquoi, pourquoi, et zéro réponses. C'était le karma, sans doute. Bien fait pour sa gueule. Nul doute que Karin elle aussi avait dû se sentir comme ça, quand il était parti.

Ce fut son tour de plonger son visage entre ses mains. Il aurait voulu éclater en pleurs violents. C'était même honnêtement la seule chose qu'il avait envie de faire et dont il se sentait capable. Il était trop confus pour penser. Il avait l'impression qu'on l'avait retourné comme un gant, toutes ses entrailles étalées à l'extérieur de lui. C'était trop douloureux pour parler, même s'il avait su quoi dire.

Mais il ne pouvait pas laisser les choses ainsi, n'est-ce pas ? C'était Karin. Il ne pouvait pas lui faire ça. Alors il fallait qu'il trouve quand même le moyen de s'exprimer. Partir de choses simples, factuelles, et voir où elles le mèneraient, même s'il fallait qu'il grave son chemin verbal au couteau dans sa chair palpitante.

"Moi aussi... Je voudrais pouvoir te prendre dans mes bras."

Un soupir qui n'était pas loin d'être un sanglot contenu.

"Je voudrais pouvoir évoquer les vieux souvenirs sans que ça me déchire en deux. Je voudrais pouvoir boire la vodka que t'as amené sans avoir l'impression d'usurper une identité. Mais tout de suite, tout est trop dur."

Il marqua une brève pause et reprit à voix basse.

"Tu dis rien... Tu fais comme si ça existait pas, comme si c'était pas important. Comme si on avait pas été élevé pour mépriser les métamorphes. Comme si ça nous impactait pas, peu importe comment on essaie de s'en détacher. Je peux pas faire ça. Je me sens à peine humain. Je lutte constamment pour qu'aucun accident malheureux n'arrive, je devrais même pas être dehors. Vraisemblablement, j'ai pris le pire de ce que ce qui me sert de géniteur avait à donner. J'ai même pas l'impression d'encore mériter d'être ton frère."

Alors comment prendre cette initiative ? Comment réparer ce qui devait l'être ? Comment se donner ce rôle qu'il avait l'impression de voler ? Karin en avait besoin. Il n'y arrivait pas. Il se détestait plus farouchement que jamais.
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