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 Il faut que je te dise quelque chose...

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Il faut que je te dise quelque chose... Vide
MessageSujet: Il faut que je te dise quelque chose...   Il faut que je te dise quelque chose... Icon_minitimeMer 21 Mai - 14:50

Olivia avait eu beau lui dire que la politique était bien différente de son ancien métier, il y avait des similitudes dans les journées de Sergio qui lui rappelaient souvent son poste de Directeur-Adjoint du BIAS. A peine les portes des bureaux du sénateur passées, l’agitation était digne de celle d’une fourmilière ou d’une ruche. Les petites ouvrières, ou les petits ouvriers, gravitaient de part et d’autres, classifiant des dossiers, triant des courriers, rédigeant des rapports, répondant à des coups de fils, dans un brouhaha caractéristique de ces bureaux toujours occupés de l’heure d’ouverture à l’heure de fermeture. Une fois la première salle passée, l’atmosphère gagnait en calme, les sonneries de téléphones se faisaient plus rares et on entendait surtout les bruits de clavier frappés avec énergie et rapidité. Au milieu de sa traversée, deux personnes rejoignaient Sergio dans sa marche et lui rappelaient, après les salutations d’usage, les grandes lignes de la journée à venir, notamment ce qui concernait les évènements publics qui, heureusement, n’avaient pas lieu tous les jours. Hélas, avec le retour du printemps, ces derniers ne manqueraient pas de se multiplier désormais. Après quelques mètres, il passait devant le bureau de sa secrétaire qui le saluait et il pouvait enfin rentrer dans son bureau, juste le temps pour lui de poser ses affaires sur le porte-manteau et de s’installer avant de voir arriver son employée avec les lettres du jour, soigneusement triées en amont, une pile de papiers à lire et signer, ainsi qu’une liste d’appels téléphoniques et messages laissés pour lui. Quelques rares questions faciles à régler étaient traitées en quelques mots et verbalement puis ensuite il n’avait plus qu’à attendre son café et à s’atteler à la tâche. Quoiqu’on en dise, cela lui rappelait étonnement son service au BIAS une fois que les responsabilités étaient devenues son lot quotidien.

Après la petite heure traditionnelle réservée au courrier des « fans » auxquels il répondait parfois, il s’attela à sa tâche. La journée était chargée. Plusieurs projets de loi étaient en cours au Sénat et si le cadet des Luz-Descalzo avait surtout remporté cette élection pour faire un pied-de-nez à ses frères, il comptait tout de même remplir son rôle, ne serait ce que pour ne pas jeter l’opprobre sur le nom familiale, contrairement à Darian, qui, pour le moment, n’en menait pas large… Au plus grand bonheur de son cadet. Plusieurs rendez-vous étaient programmés aujourd’hui, dont un pour le déjeuner. Un problème pour Sergio qui aurait préféré inviter Olivia à le rejoindre dans les des restaurants du centre-ville mais ce serait pour une prochaine fois. C’est ainsi que se passa sa journée, comme toutes les autres en somme, jonglant entre les coups de fil, les visites à son bureau, le déjeuner et même une visite dans une maison de retraite de la ville pour l’inauguration officielle que le gouverneur avait eue le luxe de refuser. Après avoir expédié un nouveau lot de courriers pour terminer sa journée ainsi que quelques recommandations pour le planning du lendemain à ses employés, le Sénateur prenait la direction de la maison. Il n’était pas très tard mais la circulation à la Nouvelle-Orléans n’était pas des plus simple en fin d’après-midi et même s’il ne conduisait pas personnellement, ce qui lui manquait énormément il devait l’admettre, il voulait se ménager du temps pour Olivia qui si elle ne devait pas s’ennuyer, devait quand même se sentir seule à la Casa del Sol. Sergio avait fait construire cette villa plusieurs années après son arrivée à la Nouvelle-Orléans lorsqu’il semblait évident qu’il y resterait pour de longues années, si ce n’était plus. Les travaux avaient été financés sur ses fonds propres, hors de question de devoir quelque chose à la famille.

La voiture s’arrêta devant le portail qui s’ouvrit quelques secondes plus tard, laissant le véhicule de fonction s’arrêter sur une allée avant de laisser sortir son passager. Sergio remercia son chauffeur et se dirigea vers l’entrée. La villa jouissait d’une parfaite exposition au soleil ainsi que d’un grand terrain de plusieurs dizaines d’hectares de terrain à l’arrière pour les jardins qui avaient été aménagés et qui étaient entretenus par Gioseppe, un employé modèle. Le bâtiment lui-même s’inspirait des architectures mexicaines et n’était pas en reste en terme de taille. Les chambres et bureaux ne manquaient pas, ni l’espace des pièces à vivre. Il salua Maria, la maitresse de maison qui le débarrassa de ses affaires et lui demanda où se trouvait Olivia. Il apprit qu’elle se reposait au soleil de la fin de journée, sur la terrasse. Il la remercia et se dirigea vers cette nouvelle destination, bien décidé de se reposer lui aussi un peu, après une journée chargée. Il acheva de se mettre à l’aise, relevant les manches de sa chemise avant de passer l’une des portes vitrées, déjà ouverte, qui donnaient sur la terrasse. Il aperçut la silhouette d’Olivia qui regardait l’horizon non loin d’une chaise et d’une table basse où trônaient des rafraichissements. Il n’y accorda pas plus d’intérêt tandis qu’il approchait de la femme de sa vie. Il passa ses bras autour de sa taille et l’attira légèrement contre lui, déposant un baiser dans son cou. « Hola mi ángel. » Son espagnol n’était pas parfait, mais pour ce genre de choses, il se débrouillait plutôt bien. Il releva la tête pour regarder dans la même direction qu’elle. « On profite de la vue ? » Depuis qu’elle avait emménagé avec lui, la retrouver après une journée de travail était toujours un trésor qu’il chérissait.
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Il faut que je te dise quelque chose... Vide
MessageSujet: Re: Il faut que je te dise quelque chose...   Il faut que je te dise quelque chose... Icon_minitimeMer 21 Mai - 16:44

Si elle n'avait pas un emploi du temps de Sénateur, la journée d'Olivia n'en avait pas pour autant été moins occupée. Enfin, c'était surtout parce qu'elle avait mal commencée. Pas au sens strict du terme, non, elle n'avait pas trébuché en se levant, ne s'était pas renversé son thé dessus ou autres désagréments du genre, non... Non, elle, elle avait juste eu à penser aux évènements de la nuit précédente pour se dire que sa journée allait être particulièrement... compliquée.

Elle ne savait pas encore si elle devait ou non remercier Margaret de lui avoir téléphoné la veille. Certes, elle n'aurait pas aimé apprendre via les Unes des divers journaux plus ou moins People les agissements de son fils, mais elle n'était pas certaine d'avoir apprécié être aux premières loges... Oh, elle était loin d'être crédule (du moins le concernant), elle savait qu'Esteban avait passé l'âge de jouer aux jeux-vidéos avec les jeunes filles... Mais tout de même, l'idée qu'on l'ait surpris n'était absolument pas convenable. Vraiment. L'avait-on jamais surprise, elle ?

Et puis, il y avait cette histoire d'alcool, aussi. Qu'il boive avant l'âge légal était une chose, qu'il ne soit pas capable de se tenir en était une autre. Et si Olivia pouvait faire l'impasse sur la première parce que son fils chéri avait bien le droit de s'amuser un peu lui aussi, la seconde l'inquiétait un peu. Pas pour elle, ni pour sa réputation, mais plutôt pour l'image que cela allait donner de lui : si il passait pour un... alcoolique (elle frissonna en s'entendant penser une telle chose) combien de temps faudrait-il pour que les médias transforment l'information en le faisant passer pour un menteur ?

Plus que tout le reste, c'était ce qui inquiétait la future ex-Madame Luz-Descalzo. Elle savait combien l'image allait compter dans le procès qu'Esteban menait contre Darian, et elle connaissait assez bien son futur ex-mari pour savoir à quel point il pouvait tromper les autres et changer l'image qu'il donnait de lui-même. Une fois l'information entre ses mains, il serait aisé pour le Gouverneur de l'Arkansas de manipuler faits et gestes de son fils et les faire peser contre Esteban. Et elle ne laisserait pas ça arriver. Elle s'en faisait peut-être (sûrement) un peu trop, comme ça avait toujours été le cas concernant son enfant, mais que les autres Mères-Poules lui jettent la première pierre...

Olivia avait donc passé sa journée a tenter -plus ou moins discrètement- de savoir ce dont Darian pouvait être au courant. Elle avait commencé par rappeler Margaret qui -Dieu soit loué- était son amie à elle avant d'être celle du couple Luz-Descalzo et avait donc tenu sa langue. Pour son mari, ce n'était pas dit, mais apparemment il n'avait jamais particulièrement porté Darian dans son cœur -qui l'en blâmerait ? Le problème résidait donc auprès de Vince et, par extension, de Juan. Malheureusement, Olivia ne pouvait rien faire à ce niveau-là, et ne pouvait donc qu'espérer que son fils avait eu un minimum de tenue en face de l'employé de son oncle...

Les tenants et aboutissants possibles de cette situation lui avaient tournés dans le crâne toute la journée, tant et si bien qu'elle finit par tout envoyer valser en fin d'après-midi, décidant qu'elle avait besoin d'une pause. Elle avait demandé à l'un des employés de Sergio si elle pouvait avoir quelque chose à boire, et s'était enfuie sur la terrasse, qui surplombait le magnifique jardin. De temps en temps, elle pouvait distinguer la silhouette des chiens de son amant qui couraient à perdre haleine et elle souriait doucement, ravie de voir que tous les animaux n'étaient pas de pauvres bêtes maltraitées. Il fallait dire que ces deux-là étaient tombés sur un maître des plus aimants...

Elle ne sut pas combien de temps elle resta plongée dans ses contemplations, s'efforçant de mettre ses pensées en mode « muet », mais elle n'en sortit qu'en sentant deux bras entourer sa taille. Son sourire revint et s'agrandit alors qu'elle se laissait attirer contre le torse de Sergio sans lui imposer aucune résistance. Elle ferma brièvement les yeux et, s'il ne pouvait pas voir le sourire qui embellissait son visage, il pouvait sans aucun doute le deviner au son de sa voix.


« Hola Cariño. » lui répondit-elle doucement. Rien que la façon qu'il avait de l'appeler lui remettait du baume au cœur. Et elle appréciait les efforts qu'il faisait dans sa langue maternelle bien plus qu'elle ne saurait le dire, elle qui portait sa double-culture en bannière. Inutile de préciser que d'autres ne s'étaient jamais cassé la tête là-dessus...

« Oui. C'est magnifique et reposant, je n'étais pas contre me vider un peu l'esprit... »

Elle laissa échapper un soupir de bien-être et se blottit un peu plus dans les bras de Sergio, tout en caressant la peau hâlée qui n'était plus cachée par la chemise du bout des doigts. Ne voulant pas vraiment l'ennuyer avec ses soucis de mère inquiète, elle embraya.

« Ta journée s'est bien passée ? »
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MessageSujet: Re: Il faut que je te dise quelque chose...   Il faut que je te dise quelque chose... Icon_minitimeDim 25 Mai - 22:05

Sergio devait admettre que la récente procédure de divorce entre Darian et Olivia était l’aubaine de son existence. Certes, cela impliquait des choses qu’il n’appréciait pas énormément, comme les attouchements dont avait été victime Esteban, chose ignoble s’il pouvait en être une et, il le savait, sa mère espérait en secret que ce ne soit pas vrai, même si, bien entendu, il n’y avait aucune raison pour ne pas croire son petit-fils. De son côté, le sénateur n’avait aucune idée de la véracité des propos de son neveu, mais lui non plus n’avait aucune raison de douter de lui, même si, au fond, cela l’arrangeait de croire que cela pouvait être vrai, notamment parce que si le procès allait jusqu’au bout, cela plongerait son aîné dans une merde noire, une vengeance à laquelle il goûterait volontiers, même par procuration. Qui plus est, ce n’était que la petite cerise sur le gâteau. Quelque soit le résultat, il savait qu’Olivia irait jusqu’au terme de la procédure de divorce et c’était pour lui la seule chose qui comptait réellement. Dès lors, ils avaient pu arrêter, plus ou moins, de faire semblant de ne pas être ensemble. Nul besoin de s’occuper de rendez-vous, d’excuses, de reconnaître des endroits tranquilles où ils ne seraient pas reconnus. Il savait que le fait qu’elle ait accepté d’emménager chez lui pouvait être surprenant pour beaucoup de personnes, mais pour eux, c’était presque tout naturel. Enfin, il avait la chance de pouvoir la retrouver chez lui lorsqu’il rentrait, sans avoir à faire attention, pour l’enlacer tendrement et l’embrasser. Le simple début de cette scène qu’ils jouaient, tous les deux, sur la terrasse était ce qu’il avait toujours imaginé lorsqu’il rêvait de ce que pourrait être sa vie, s’il avait pu trouver chaussure à son pied. Mais il n’y avait toujours eu qu’Olivia pour prendre cette place, même si certaines autres femmes s’étaient glissées dans sa vie.

Tandis qu’il l’enlaçait avec tendresse, il sourit légèrement en entendant sa douce voix répondre en espagnol. Cette langue n’était pas un enseignement obligatoire dans la famille Luz-Descalzo mais depuis sa rencontre avec Olivia, lorsqu’ils étaient enfants, il avait cherché à en percer le mystère. Hélas, ses connaissances se limitaient à un espagnol classique, basique et si ça prononciation laissait parfois à désirer, il essayait de s’améliorer depuis quelques années, apprenant auprès de la meilleure professeure qu’il puisse connaître. Il savait que Darian n’avait jamais fait cet effort, une honte, surtout parce que l’espagnol était une très belle langue, tout particulièrement pour ce qui touchait au désir et à la passion. La langue n’était d’ailleurs pas la seule chose que les Espagnols associaient fort bien avec l’amour, il y avait aussi la danse, comme le flamenco. Peut-être devrait-il s’y mettre un jour. Ce serait une idée n’est-ce pas ? Peut-être devrait-il en parler avec Olivia. Il jeta un coup d’œil au jardin où jouaient ses deux chiens Ace et Argos qui profitaient eux aussi de la tiédeur de cette fin d’après-midi pour se dépenser un peu, loin de la chaleur de la journée pendant laquelle ils passaient le plus clair de leur temps à dormir à l’intérieur, au frais. Il fronça légèrement les sourcils lorsque en entendant le léger soupir de sa compagne. Quelque chose n’allait pas, du moins c’était son ressenti, elle ne lui permit cependant pas de lui poser immédiatement la question. A la place, ce fut à son tour de soupirer légèrement. « Ma foi… La vie de sénateur. De la paperasse, des rendez-vous, et l’irrésistible envie de rentrer chez moi pour te retrouver. La routine habituelle quoi. Les jours à venir vont être chargés, mon agenda n’en fini plus de se remplir de soirées de gala et de rendez-vous. A croire que tous veulent changer le monde. »

Il avait dit cela avec amusement. Il savait que la vie politique ne serait pas de tout repos et Olivia s’était assurée que ce soit le cas avant qu’il ne fasse son petit bout de chemin en politique pour montrer de quoi il était capable, cependant, même s’il ne manquait pas de remplir son devoir et ses responsabilités, il n’allait pas nier que ce temps passé au bureau était moins agréable que celui qu’il pouvait passer auprès d’elle. « Et toi ? Ta journée ? J’ai l’impression qu’elle n’a pas été de tout repos. Quelque chose ne va pas ? » Il défit légèrement son étreinte pour attraper dans ses mains celles de sa compagne avant de les ramener autour de sa taille tout en serrant délicatement ses mains dans les siennes avant de tendre légèrement sa tête en avant pour croiser son regard. « Tu sais que si je peux t’aider pour quoique ce soit, il suffit de me demander. Que ce soit pour toi, ou pour Esteban, ou pour quoique ce soit d’autres. Je ferais tout ce que je peux. » Il était sincère, après tout, elle savait que l’amour qui l’animait était bel et bien réel et que, malgré les années de mariage qui avaient unis son frère et elle, il n’avait jamais réussi à l’oublier, encore moins lorsqu’ils s’étaient revus et qu’il avait pu comprendre à quel point il l’aimait encore, malgré tout ce qui s’était passé, que ce soit de son côté ou du sien. Au loin quelques aboiements éclatèrent, recueillant quelques instants l’attention de Sergio qui s’assurait qu’il ne s’agissait que de jeux, rien de plus.
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MessageSujet: Re: Il faut que je te dise quelque chose...   Il faut que je te dise quelque chose... Icon_minitimeLun 26 Mai - 15:31

L'étreinte de Sergio était l'un des endroits où elle se sentait le mieux, et toujours celui qu'elle avait le plus de mal à quitter. Elle savait que leur histoire était chaotique, compliquée et certainement incompréhensible pour quelqu'un d'autre qu'eux deux, mais elle n'échangerait sa place pour rien au monde. Souvent, il lui arrivait de se fustiger de ne pas avoir été capable de tourner le dos à son éducation comme lui l'avait fait, et de ne pas avoir été en mesure de lui offrir plus que cette double-vie qui avait été la leur pendant des années. Elle savait qu'il ne lui en voulait pas, qu'il la comprenait, mais cela ne l'empêchait pas de penser qu'elle aurait dû avoir la force de prendre une autre décision, celle de laisser son frère, ou de rendre à Sergio la liberté de sa vie amoureuse.

Il avait fait son choix en connaissance de cause, cependant. Tout comme elle, qui n'avait pas pu s'empêcher de frapper à sa porte en cette journée des années auparavant, après avoir reçu cette lettre qui lui avait rouvert le cœur comme lui seul était jamais parvenu à le faire. Des années de silences rompues par les lignes sombres sur du papier qui avaient envoyé valser l'espace d'un instant toute prudence et l'avaient entraînée à prendre le premier avion pour la Nouvelle-Orléans, pour retrouver celui qui avait toujours été son meilleur ami et son premier amour. Il leur avait fallu des années pour en arriver là, et ça n'avait pas toujours été facile pour eux, ni tout rose, mais aujourd'hui elle savait qu'elle ne pourrait plus jamais quitter cet homme qui lui avait apporté plus que ce qu'il pouvait imaginer. Et si son divorce était en partie causé par la mise en lumière d'événements qu'elle n'aurait jamais voulu voir apparaître dans sa vie et surtout celle de son fils, il était aussi une des raisons pour lesquelles elle envisageait l'avenir bien plus sereinement qu'elle ne l'avait jamais fait.

Olivia écouta son homme lui raconter sa journée sans rien dire, un sourire s'étirant sur ses lèvres lorsqu'il la mentionna. Peu de gens connaissaient cette face romantique et sensible du sénateur, et elle se sentait toujours plus privilégiée lorsqu'il la lui montrait, que ce soit par ce genre de paroles ou de petites attentions qui lui faisaient chaud au cœur. Elle avait souvent l'impression de ne pas le mériter, mais elle faisait son possible pour l'aider, que ce soit au niveau de sa nouvelle carrière politique ou de leur vie de couple. Une chose est sûre, maintenant qu'elle était sur place, avec lui et pour de bon, ce serait bien plus aisé et elle était prête à faire de grands efforts, même si ses convictions et son éducation restaient de beaux obstacles selon les sujets...

Il se renseigna à son tour sur sa journée et il était clair qu'elle n'avait pas caché sa fatigue. Elle lui sourit à nouveau lorsqu'il lui proposa son aide. Elle savait tout ça, et elle n'aurait pas hésité longtemps avant de demander, si tant est qu'il puisse y faire quelque chose. Mais Olivia pensait sincèrement que, pour le moment, seul Esteban pouvait faire quoi que ce soit -ou plutôt s'abstenir de faire quelque chose- pour s'éviter des ennuis. Elle l'embrassa tendrement sur la joue alors qu'il avait tourné la tête vers le jardin, surveillant ses chiens, avant de caler sa tête dans le creux de son cou.


« Je sais. Ne t'inquiète pas, c'est juste Esteban qui me tracasse un peu... Figure-toi que ton fils a trouvé le moyen de s'envoler hier soir pour Las Vegas, en compagnie d'une jeune fille et ce dans le jet privé de Juan. Je n'aurais rien contre l'idée en temps normal, mais je trouve le timing un peu mauvais, surtout quand on sait qu'il n'était pas tout à fait dans son état normal... C'est mon amie Margaret qui m'a prévenue, tu sais, cette femme que j'ai rencontré dans un gala en 2047. Elle était à Las Vegas avec son mari, pour profiter d'un week-end prolongé pour tenter sa chance au black-jack, quand... »


Et voilà. L'Olivia-machine était lancée. Elle parlait sans s'arrêter, et vraisemblablement sans tout à fait se rendre compte de ce qu'elle disait. Si Sergio la laissait faire, elle continuerait sur cette histoire d'ascenseur, puis Margaret qui l'avait appelée pour lui raconter tout ça sur un ton entre le partage d'informations ultra-sensibles et l'envie d'être la détentrice du dernier potin à la mode, et enfin la discussion d'Olivia elle-même avec son fils, puis avec cette jeune fille qui -malgré tout- ne lui avait pas fait trop mauvaise impression...

...Mais vu le lapsus qu'elle venait involontairement de faire, il n'était vraiment pas dit qu'elle parvienne à la fin de son récit.
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MessageSujet: Re: Il faut que je te dise quelque chose...   Il faut que je te dise quelque chose... Icon_minitimeMer 28 Mai - 19:17

Les instants paisibles de cette fin de journée avaient une saveur toute particulière, surtout depuis qu’Olivia les partageait directement avec lui. Quelques semaines plus tôt, il se contentait de jouer avec Ace et Argos, une activité qu’il affectionnait tout particulièrement et qu’il n’abandonnait pas, mais dont il ménageait quelque peu les horaires pour s’arroger du temps à passer avec l’amour de sa vie. Elle comprenait, surement mieux que quiconque, l’amour qu’il pouvait porter à ses fidèles compagnons à quatre pattes mais il aurait été déplacé de la laisser croire qu’il lui faudrait lutter contre eux pour gagner l’affection de Sergio et même si elle était seule souveraine dans le cadre intimiste de leur chambre, elle passait également avant eux lorsqu’il rentrait chez lui. L’heure des bêtises dans le grand jardin viendrait bien assez tôt, pour le moment, il se contentait de profiter de la proximité d’Olivia et de cette chance qu’il avait de pouvoir enfin ne plus avoir à se cacher pour le faire. Si l’homme qu’il était n’avait pas eu beaucoup de mal à accepter le fait d’être l’amant de la femme de son frère, et par là-même de le tromper, il avait revanche beaucoup souffert de cette relation un peu chaotique, rythmée par les seuls possibilités de l’un et de l’autre. Concilier deux agendas n’était pas nécessairement évident, sans compter que, lorsqu’elle avait eu Esteban, Olivia avait du, évidemment, passer beaucoup de temps à s’occuper de lui, réduisant les possibilités pour Sergio de la voir. Rien de tout cela n’avait été évident et, à plusieurs reprises, il lui avait proposé de quitter Darian et de venir avec lui mais il avait comprit les raisons pour lesquelles elle se refusait à le faire. Leur éducation n’était pas la même, et même s’il souffrait de la voir vivre un mariage sans amour, et même si elle en souffrait probablement encore plus, il ne pouvait que la soutenir.

De son côté, le cadet des Luz-Descalzo avait fait contre mauvaise fortune bon cœur et avait enduré la situation, profitant de chaque moment avec Olivia jusqu’à la dernière seconde. Ace et Argos avaient été ses piliers, lorsque la situation lui semblait parfois insurmontable tant les absences de sa bien-aimée pouvaient le rendre fou. Il avait trouvé en eux une affection dont il avait besoin, des compagnons lors de trop longues soirées passées sur le canapé d’un appartement à regarder de mauvais films de série B lorsqu’il n’était pas de service. Enfin, tout ceci était terminé. Il n’attendait qu’une chose, que le divorce soit enfin proposé, et là, ils pourraient passer à autre chose, aller de l’avant, peut-être. Il savait qu’Esteban n’approuverait peut-être pas, après tout, ils ne se connaissaient pas et il se doutait qu’il n’était pas forcément facile pour un enfant de voir sa mère avec un autre homme que son propre père, fusse-t-il un salaud parfois. Le jeune homme n’était plus un enfant, mais cela n’arrangeait rien à l’affaire. Il espérait simplement qu’Olivia ne mettrait pas au conditionnel leur vie à deux à cause de son fils. Il ne supporterait probablement pas de devoir renoncer à elle si le courant ne devait pas passer entre Esteban et lui. Un avantage non négligeable était probablement que le garçon avait hérité grandement de sa mère et non de Darian, ce qui évitait à Sergio de voir en lui son frère ainé. Des photos qu’Olivia lui avait montrées, il avait toujours trouvé qu’il ressemblait davantage à sa grand-mère, pour tout ce qui ne venait pas de sa mère directement. L’idée que les gênes de Darian se soient éclipsés face à ceux de sa future ex-femme dans l’énigme génétique était particulièrement savoureusement ironique, bien que fondamentalement ridicule.

Il esquissa un sourire tandis qu’il sentait les lèvres de sa compagne déposer un délicat baiser sur sa joue, l’écoutant lui raconter ce qu’elle avait sur le cœur, sans porter immédiatement attention à elle, continuant d’observer les deux chiens se rouler dans les herbes hautes. Le lapsus ne lui sauta pas immédiatement aux yeux, peut-être parce qu’il n’était pas suffisamment concentré de prime abord, mais soudain quelque chose lui parut particulièrement étrange et, tandis qu’Olivia continuait à parler d’une certaine Margaret, il se permit de l’interrompre, ce qu’il faisait rarement, parce que même si elle pouvait parfois être une vraie machine, il avait toujours trouvé très agréable de pouvoir l’écouter. Il s’était tourné vers elle, le regard surpris quelques instants avant de s’adoucir sur un sourire. Elle s’était surement trompée, après tout, cela peut arriver. « Excuse-moi, Gatito, mais aux dernières nouvelles Esteban est le fils de Darian, bien que cela ne m’aurait pas gêné le moins du monde d’avoir un enfant de toi. » Le fait que les frasques de son fils puissent épuiser Olivia ne l’étonnait pas. Il était vrai que le timing n’était peut-être pas des plus optimaux. Enfin, cela n’avait pas l’air extrêmement méchant et, avec un peu de chance, cela n’arriverait pas aux oreilles de son frère, même si, au fond, Sergio doutait qu’on puisse utiliser cela à un procès, d’une manière ou d’une autre. « Désolé de t’avoir interrompue, donc, Margaret, l’amatrice de Blackjack, c’est ça ? » Il eut un sourire amusé. « Enfin… Esteban a de bons choix de destination pour ce qui est de la séduction. Elle était jolie au moins ? » Il lui fit un clin d’œil et serra Olivia un peu plus contre lui, sans se douter que sa remarque l’avait mise mal à l’aise.
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MessageSujet: Re: Il faut que je te dise quelque chose...   Il faut que je te dise quelque chose... Icon_minitimeVen 30 Mai - 1:51

Olivia avait légèrement froncé les sourcils en croisant le regard surpris de Sergio. Qu'avait-elle donc dit pour mériter pareil traitement ? Enfin, elle ne se plaignait pas de son étreinte, mais elle ne pensait pas que les facéties de leur fils méritait telle...

...Minute. Elle n'avait pas... Oh, Madre mia del Amor hermoso...

Gentiment, comme toujours, son amant lui remit les idées en place, d'une façon qui aurait dû faire sourire Olivia mais qui lui fit l'effet d'une douche froide. Elle se tendit imperceptiblement, et ne parvint qu'à esquisser une légère grimace. Elle savait qu'il y avait des chances pour que Sergio prenne cela pour une sorte d'excuse à la comparaison peu convenable qu'elle aurait pû sembler avoir faite... mais ce n'était pas le cas, et elle n'était pas sûre de pouvoir partir sur ce genre d'histoire déplacée. Elle haïssait l'idée même de mentir à ceux qu'elle aimait et, concernant Sergio, elle pensait l'avoir fait depuis bien assez -certains diraient 'trop'- longtemps. Enfin, le mensonge par omission, ce n'était pas tout à fait mentir, n'est-ce pas ?

Oh peu importe, Dieu ne lui pardonnerait pas sa première erreur de toute manière... Non pas qu'elle considérait son histoire avec Sergio comme une erreur, mais dans tous les cas, entre l'adultère, le divorce et le reste, elle avait tracé son chemin vers l'Enfer de façon particulièrement nette. Était-elle vraiment à un mensonge près ? Enfin, à une omission de plus ?

Perdue dans ses pensées, Olivia n'aurait pas retrouvé le fil de son histoire si Sergio ne l'avait pas fait pour elle. Et là encore, alors qu'il la remettait gentiment sur les rails, sans avoir la moindre idée de ce qu'il pouvait se passer dans la tête de la mexicaine, cette dernière n'était pas certaine de ce qu'elle avait à dire. Et ça se sentait.


« Je... Oui, oui, il semblerait. En même temps, cela ne m'étonnerait pas, il n'est jamais à court d'idées pour impressionner les jeunes femmes, et il est extrêmement sensible et romantique. Il doit tenir cela de son père. Enfin... je veux dire... Oui, Margaret aime beaucoup le blackjack, c'est son addiction à elle, disons... Et donc, alors qu'elle prenait l'ascenseur... »

Pourtant confortablement lovée dans les bras de son compagnon, Olivia n'arrivait plus à se sentir aussi à l'aise que précédemment. Et non seulement c'était uniquement de sa faute mais en plus, ce n'était vraiment pas parti pour s'arranger...
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Il faut que je te dise quelque chose... Vide
MessageSujet: Re: Il faut que je te dise quelque chose...   Il faut que je te dise quelque chose... Icon_minitimeMar 10 Juin - 14:34

Quelque chose ne tournait pas rond et il ne fallait pas être médium pour s’en rendre compte. Non pas que Sergio accordait un réel crédit à ces fadaises, qu’étaient la voyance, l’astrologie et toutes ces « sciences » qui s’inventaient des siècles voire des millénaires de pratiques et ne subsistaient que grâce à des déductions généralistes qu’un enfant de huit ans pourrait faire avec un peu d’entrainement. Il avait cependant bien plus de considérations pour certains Wiccans ou Vaudouns qui pouvaient trouver de véritables informations grâce à la Wicca ou grâce aux Loas. Il avait d’ailleurs pu en faire l’expérience lors de ses années de service au BIAS, toujours surpris de voir à quel point les capacités de certains consultants pouvaient faire la différence dans une enquête potentiellement délicate. Il faut dire qu’ils étaient plutôt bien payés pour cela, ce qui justifiait un minimum leur bon travail. Car si Sergio avait apprit quelque chose, c’était bien qu’un travail était généralement mieux fait lorsque le salaire motivait un minimum. Le plus dur était de trouver la juste mesure, mais, pour un homme comme lui, il suffisait de se cantonner à la réalité de la vie et de la qualité du travail. Ses domestiques étaient d’ailleurs parmi les mieux payés, du moins c’était ce qu’il avait pu lire dans un article d’un magazine people, mais, pour lui, il n’y avait aucune raison de ne pas valoriser le travail de son jardinier, ou de sa gouvernante, lorsqu’ils effectuaient celui-ci avec dévotion et professionnalisme. Sans parler, bien entendu, de leur silence concernant ce qu’il pouvait se passer dans la villa Casa del Sol, notamment depuis qu’Olivia avait trouvé refuge ici. Après tout, les rumeurs auraient pu courir mais il savait qu’il pouvait faire confiance à ses employés pour ne pas ébruiter leur rapprochement.

Pour en revenir néanmoins à ce qui troublait Sergio, et qui n’avait pas spécialement à voir avec ses employés, il semblait Olivia passablement perturbée. Etait-ce son erreur qui la mettait dans cet état ? Il était surprenant de la voir réagir ainsi, après tout, ce n’était rien de grave et même si cela pouvait laisser supposer que, l’espace d’un instant, elle l’avait pris pour Darian, il n’était pas homme à se formaliser de si peu. Enfin peut-être que si. Si la confusion avait été faite par quelqu’un d’autre qu’elle, il aurait certaine trouvé à y redire d’une manière légèrement moins agréable mais là n’était pas la question. C’était principalement la façon dont il avait pu sentir qu’elle s’était subitement tendue. Etait-ce à mettre sur le compte de son interruption ? Elle n’était peut-être pas du genre à aimer être interrompue elle aussi, mais dans un cadre aussi privé que celui-là, il doutait qu’elle lui en tienne rigueur. Autant les apparences devaient parfois être sauvegardées, mais là, il n’y avait qu’eux deux et ils se connaissaient suffisamment pour savoir que le respect qu’ils se vouaient dépassait de loin la simple interruption. Peut-être s’était-elle légèrement tendue entre ses bras également pour laisser planer quelques soupçons dans l’esprit de Sergio. Il sembla un peu plus perplexe lorsqu’elle vanta les qualités sensibles et romantiques d’Esteban, ce dont il ne doutait pas, mais n’était pas conscient que c’était là également des qualités que possédait Darian qui, généralement, s’asseyait bien volontiers sur des choses comme le romantisme et la galanterie, à moins que cela ne puisse lui bénéficier, d’une façon ou d’une autre. Quelque chose la perturbait mais il n’aurait pu dire quoi. Avait-elle de réels problèmes avec Esteban et le procès ? Essayait-elle de lui cacher quelque chose concernant cette affaire ? Il espérait que non.

Alors qu’Olivia finissait par reprendre son histoire, Sergio se détacha d’elle et vint se placer face à elle, cherchant son regard avec une intensité perplexe. « Olivia, Olivia, attends deux minutes. » Il l’interrompait encore, mais, à vrai dire, son discours n’était plus très… cohérent, ou, du moins, ne faisait guère illusion auprès du Sénateur. Il posa ses mains sur ses épaules dans un geste rassurant et protecteur. Il semblait inquiet, et, au fond, il l’était. Peut-être parce qu’il était certain que quelque chose n’allait pas chez la femme de sa vie et qu’il espérait bien pouvoir en savoir plus afin de l’aider. « Et si tu me disais ce qui ne va pas ? C’est cette histoire avec Esteban qui te met dans un état pareil ? » Il soupira doucement, se voulant un peu plus rassurant dans un sourire sincère. « Ne te fais pas un sang d’encre pour cette histoire, elle n’apportera rien à Darian, même s’il venait à l’apprendre. Qui n’a jamais rêvé de faire une petite escapade en amoureux à Las Vegas ? » L’idée était particulièrement savoureuse et, d’une certaine façon, il enviait un peu le jeune homme d’y avoir pensé. Il y avait des destinations plus romantiques mais c’était un très bon choix compte-tenu du critère de la proximité et de la rapidité de la décision. « Et si tu t’inquiètes pour eux, je suis certain qu’ils sont entrain de profiter de leur journée. Ils en reviendront des étoiles plein les yeux et, finalement, je sais que tu seras jalouse. Peut-être devrait-on y faire un tour aussi ou peut-être préfèrerais-tu un autre endroit ? » Son sourire s’élargit quelque peu. L’idée était plaisante. S’enfuir, l’espace d’une journée, juste quelque part, ailleurs, loin des ennuis et des tracas du quotidien. Oui, cela pourrait être intéressant.
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MessageSujet: Re: Il faut que je te dise quelque chose...   Il faut que je te dise quelque chose... Icon_minitimeMer 11 Juin - 20:08

Que son mal-être passe inaperçu aurait été trop demandé. D'un autre côté, c'était très certainement une façon de Seigneur de la punir pour ce qu'elle avait caché jusqu'à présent. Il s'agissait peut-être d'un signe du Tout Puissant, lui disant qu'il était temps d'arrêter cette mascarade. Tout comme elle aurait dû arrêter la précédente -celle dont le diamant ornait toujours son annulaire droit- des années et des années auparavant. La bataille juridique qu'Esteban menait à présent contre Darian en était la preuve. Elle aurait dû être plus forte et assumer ses torts il y a bien longtemps, mais entre son éducation, son caractère un peu (trop) têtu et l'impact du regard des autres, elle n'avait pu s'y résigner. C'était une autre des raisons pour lesquelles elle appréciait tant la compagnie de Sergio. Avec lui, elle avait l'impression d'être dans une bulle, d'avoir la possibilité d'être elle-même tout en étant quelqu'un de complètement différent, le tout sans jamais que le regard de son amant sur elle ne change. Elle connaissait la profondeur de ses sentiments (tout comme il connaissait les siens) mais était toujours surprise de le voir aussi proche et attentionné. Si elle n'avait pas été élevée dans une famille sans amour, Javier et Alejandra n'avaient jamais étés si proches l'un de l'autre. Des regards échangés, des mains qui se frôlent, des baisers sur les joues ou les tempes, ça elle en avait vu assez pour croire que c'était à ça que ressemblait l'amour véritable, une fois que l'on était adulte. Elle en avait vu assez pour supposer que c'était tout ce qu'elle aurait à attendre de sa propre vie de femme mariée. Elle n'avait pourtant pas supposé que, pour Darian, c'était déjà trop.

Pour lui, elle n'avait été qu'un nouveau bijou à exposer dans la vitrine des Luz-Descalzo. Une valeur ajoutée que l'on n'ignore pas, mais à quoi l'on ne prête pas non plus une attention particulière. Elle se devait d'être resplendissante en tous temps (ce qu'elle avait toujours été, avec ou sans les suggestions de son mari, le contraire aurait été inconcevable), de s'arroger son plus beau sourire et de faire la conversation aux dames dans le salon d'été tandis que les hommes parlaient affaires autour du billard, un cigare en bouche. Les gestes d'affection de son futur ex-mari se comptaient sur les doigts d'une main et se résumaient généralement à des actes dont il était mal avisé de parler en public. Alors il est vrai que, quand elle avait redécouvert Sergio, son assurance tranquille, son charme innocent qui l'avait toujours touchée, mais surtout sa gentillesse et son côté affectueux qu'elle avait (inconsciemment ?) oublié, elle s'était offerte corps et âme en se souciant (trop) peu des conséquences. Et elle avait découvert un autre type d'amour, celui qui s'exprime par des gestes en public comme en privé, qui se montre, dont on est fier et qui s'intéresse toujours à l'autre avant soi-même. Cet amour et ce sens aigu du bien-être de l'autre qu'elle avait tenté de transmettre autour d'elle comme Sergio le lui prouvait à elle, chaque fois qu'ils se voyaient, que ce soit deux jours ou deux heures ou bien encore -dernièrement- des semaines entières.

Tout cela pour dire que cet air inquiet qu'arborait le Sénateur, Olivia ne l'avait vu que sur un seul autre visage. Celui de son fils Esteban, les rares fois où elle n'avait pas su lui cacher sa fatigue, sa frustration ou encore sa tristesse. Et si en temps normal elle se serait sentie fière de la comparaison, d'avoir quelque part réussi à aider son fils à se conduire de la même façon que cet homme qu'elle estimait plus que n'importe quel autre (et surtout d'être parvenue à éviter de le transformer en un modèle réduit de Darian, bien que ce dernier soit parvenu à cela tout seul en se faisant détester du jeune homme), cette fois-ci la comparaison lui laissait un goût amer de culpabilité au fond de la gorge. Les mains chaudes et rassurantes posées sur ses épaules lui faisaient l'effet de deux poids insupportables, et elle s'attendait à ce que le regard émeraude qui fixait le sien soit tôt ou tard assombri par la sensation de trahison. Elle se détestait d'avance (et se détestait déjà depuis un certain temps) pour les réactions qu'elle allait engendrer chez l'homme qu'elle aimait, mais elle lui faisait l'affront du mensonge depuis bien trop longtemps maintenant, et même s'il avait été plus aisé de ne rien dire lorsqu'ils ne se voyaient que de manière épisodique, maintenant qu'elle était installée chez lui le problème s'était révélé être bien plus épineux, comme le suggérait le début de leur discussion. Il était temps de mettre un terme à tout ça.

Elle ne sut si ses iris sombres avaient laissé échapper le contenu de ses tourments, mais il était clair qu'elle n'avait payé qu'à moitié attention aux paroles de son compagnon -ce qui n'était absolument pas convenable, d'ailleurs. Néanmoins, elle pensait en avoir saisi l'essentiel et se composa un petit sourire pour répondre.


« Jalouse je ne sais pas, mais nous serons fixés bien assez tôt, je me suis permise de les inviter à bruncher, ce dimanche. J'espère que ça ne te dérange pas, je suis vraiment curieuse de découvrir la prétendante de mon Niñito. » Parce que oui, c'était son fils qui recevait des demandes, et non pas lui qui courrait après les filles voyons, il était bien au-dessus de cela... Et puis, qui ne se battrait pas pour les beaux yeux de son fils adoré, hum ? Même les hommes se... NON, n'extrapolons pas sur ce sujet. Le sourire de la mexicaine se fit un peu moins forcé et une certaine douceur se reflétait dans ses yeux noirs. « De plus, ce sera une occasion pour vous deux de faire plus ample connaissance... »

Elle y tenait particulièrement -pour des raisons nombreuses et variées- et ça se voyait. En réalité, elle aurait aimé qu'Esteban fasse plus que croiser Sergio aux -trop peu nombreuses- réunions de famille où le jeune Luz-Descalzo avait pu (ou voulu) se rendre, mais le pousser vers lui dans ces moments aurait de suite paru très suspect aux yeux du reste de la famille -et plus particulièrement de Darian- alors qu'Olivia et lui n'étaient sensés s'adresser la parole que pour les civilités d'usage. Maintenant qu'ils n'avaient plus besoin de jouer ce jeu de l'ignorance, et qu'en plus ils étaient tous trois réunis dans la même ville -ce qui n'était jamais arrivé auparavant- l'occasion était idéale. Bien sûr, Olivia ne voulait pas les imposer l'un à l'autre s'ils ne s'entendaient vraiment pas -bien qu'elle doute que cela puisse arriver- mais elle se savait incapable de ne pas essayer d'avoir les deux hommes de sa vie à ses côtés.

Levant la main gauche vers son épaule, elle prit la main de Sergio dans la sienne et la serra tendrement avant de les descendre et de baisser le regard vers leurs mains entrelacées.


« D'ailleurs Cariño, écoute, concernant Esteban... »

...Qu'allait-elle dire ? Qu'elle tenait vraiment à ce qu'ils s'entendent ? Oui, mais pourquoi ? Enfin, elle savait que Sergio se contenterait de n'importe quelle explication qu'elle lui donnerait. Mais méritait-il vraiment un autre vrai/faux mensonge ? Une altération de la réalité ? La culpabilité revint en force. Elle ne pouvait pas lui faire ça. Pas encore. Mais... et si il la rejetait, ensuite ?

...Si il la rejetait, elle n'aurait qu'à assumer ses erreurs, au moins une fois dans sa vie. Même si, pour le moment, elle n'était pas capable de le regarder en face.


« … il y a quelque chose que j'aurais dû te dire à son propos depuis longtemps... »
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MessageSujet: Re: Il faut que je te dise quelque chose...   Il faut que je te dise quelque chose... Icon_minitimeLun 23 Juin - 13:34

Au fond de lui, Sergio aurait peut-être préféré que tout soit aussi simple qu’un peu de jalousie envers la nouvelle conquête d’Esteban. Il se serait d’ailleurs contenté de cette solution sans grands problèmes. Il connaissait Olivia plutôt bien, même mieux qu’elle ne le pensait certainement et ce n’était pas un comportement qui lui semblait impossible. Il avait beau ne pas avoir eu la chance de la côtoyer durant de longues années, il n’avait rien oublié d’elle, de sa façon d’être, et même s’il n’avait jamais réellement apprécié les repas de famille, l’y revoir avait toujours eu une saveur douce-amère, apportant son lot de souvenirs agréables mais déchirants lorsqu’il fallait se rendre à l’évidence que Darian était celui qui avait la chance de pouvoir l’avoir à ses côtés. Mais ce n’était plus le cas désormais et le nouveau Sénateur de Louisiane profitait de ce véritable ouragan du changement pour profiter enfin de la vie. Les mauvais jours semblaient définitivement derrière lui et tout ce qu’il entreprenait désormais se voyait couronné de succès. Il n’y avait aujourd’hui aucun nuage dans le ciel de cet homme mais il savait que le temps pouvait rapidement changer du beau fixe à l’orage et, s’il avait apprit une chose durant son existence, c’était bien qu’il fallait se méfier de tout, même du plus anodin. Olivia pouvait se faire du mauvais sang pour rien, mais elle n’était pas du genre à se mettre les nerfs en pelote pour si peu. Quelque chose devait réellement lui peser pour qu’elle soit aussi tendue et ne parviennent pas à se détendre en sa présence. Les procès avec Darian étaient exténuants, il le savait, mais elle avait été forte jusqu’à maintenant et il ne l’imaginait pas vaciller, pas maintenant, alors qu’elle semblait enfin heureuse. Se trompait-il ? Il espérait que ce n’était pas cela. L’idée qu’il puisse la décevoir le rendrait malade.

Il haussa un sourcil de surprise en apprenant qu’un brunch était prévu dimanche avec les deux fugueurs d’une nuit, mais c’était plus la rapidité d’exécution qui surprenait l’homme plutôt que l’idée d’avoir un repas avec Esteban et sa petite-amie. Il esquissa un sourire tandis que sa compagne avouait également qu’elle voyait cet événement comme un bon moyen de faire connaissance avec son fils. Il était vrai que Sergio n’avait pas vraiment eu l’opportunité de rencontrer vraiment Esteban. Les réunions de famille n’étaient pas le fort de ce dernier, ni du cadet de la famille, raisons pour lesquelles ils ne s’y étaient que très rarement croisés alors de là à échanger quelques mots… Oh, c’était arrivé, bien entendu, mais quelques formalités d’usage et une petite curiosité de la part de l’inspecteur du BIAS qu’il était à l’époque, parce qu’il aurait été encore plus bizarre de rester silencieux, dans la même pièce, sans chercher à échanger un minimum. Et même si ce garçon était le fils d’Esteban, Sergio n’avait aucune raison de le détester, après tout il avait beau ne pas aimer son frère, il n’y avait jamais retrouvé la « patte » lorsqu’il regardait son neveu. Une chance, quelque part. « Un peu de compagnie ne sera pas de refus et je suis sûr que Maria se fait déjà un plaisir de cuisiner pour l’événement. » Il était vrai que, jusqu’à ces derniers temps, elle n’avait à cuisiner que pour lui, ce qui la désolait un peu, elle qui lui répétait qu’il devait se trouver une gentille petite femme et avoir quelques enfants tant qu’il était encore temps. Il n’avait pu décemment lui dire qu’il voyait déjà une femme mariée, mais il se doutait qu’elle n’avait pas été dupe lorsqu’Olivia était venue s’installer dans la villa. Ces deux-là possédaient une complicité qui dépassait l’amitié d’enfance et ne pouvait être née en si peu de jour après son arrivée. Mais si elle en pensait quelque chose, elle n’en avait jamais fait part, d’une façon ou d’une autre. En tout cas elle ne semblait pas lui en tenir rigueur.

Alors qu’il pensait que le plus dur était passé et que tout irait mieux à partir de maintenant, il dut se rendre à l’évidence que tout n’était pas encore tout à fait réglé. Il laissa sa compagne se saisir de sa main avant de la faire glisser au bas de son épaule. Non, quelque chose ne tournait pas rond et si l’optimisme et une certaine jovialité s’étaient invités sur son visage quelques instants plutôt, Sergio était redevenu tout d’un coup très sérieux. La confession semblait porter sur Esteban, du moins avait-elle commencée ainsi, mais il ne savait pas vraiment à quoi s’attendre. Il imagina des scénarios divers. Etait-ce un Outre ? L’idée était probablement farfelue mais c’était possible. Peut-être un Métamorphe ou un Wiccan. L’ancien Directeur-Adjoint du BIAS en avait suffisamment vu pour être conscient que tout pouvait arriver dans ce domaine. Olivia ne semblait pas fière de ce qu’elle voulait lui admettre mais toutes les hypothèses qu’il pouvait faire ne collait pas. Il allait falloir qu’elle se lance et que la vérité s’échappe de ses lèvres, sans quoi il pourrait tergiverser encore longtemps. En douceur, il serra la main de la jeune femme entre ses doigts, avant, de sa main libre, de passer une main sous son menton pour relever son regard vers le sien. Et bien qu’il soit dans l’expectative, les émeraudes se voulaient rassurantes, comme sa voix. « Que se passe-t-il Gatito ? Tu sais que tu peux tout me dire. Il y a un problème avec Esteban ? » Quelque chose de plus « problématique » que sa petite virée à Las Vegas avec le jet de son oncle ? Il ne savait pas ce qui pouvait se cacher derrière ça, mais il espérait le savoir bien assez tôt. De toute façon, c’était un peu tard pour elle pour revenir en arrière.
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MessageSujet: Re: Il faut que je te dise quelque chose...   Il faut que je te dise quelque chose... Icon_minitimeMar 24 Juin - 1:18

Il lui fallut rassembler son sang-froid et toute la contenance aristocratique dont elle était capable lorsqu'elle vit Sergio hausser un sourcil à la mention du repas de dimanche. Il avait l'air surpris. Avait-elle pris une mauvaise décision ? Etait-il fâché contre elle ? Oh, bien sûr, l'idée lui avait traversé l'esprit (environ dix minutes après qu'elle ait été proposée et acceptée, évidemment, pas avant), mais elle ne pensait pas Sergio du genre à se vexer pour quelque chose d'aussi insignifiant : après tout, il devait bien se douter qu'Olivia n'allait pas se passer d'inviter son fils chéri à lui rendre visite à un moment ou un autre... le plus souvent possible d'ailleurs. Certes, le délai était très court, mais c'était bien la seule chose à laquelle l'homme avait pu ne pas s'attendre, non ? Et dans tous les cas, Olivia ne pensait pas qu'il s'en formaliserait. Son frère l'aurait fait, très certainement. Mais lui...

Elle fut donc rassurée de le voir sourire légèrement lorsqu'elle fit mention d'un éventuel rapprochement entre Esteban et lui. L'idée ne devait donc pas lui déplaire tant que ça, et elle devait avouer qu'elle aurait été mortifiée d'avoir commis un impair. Ils avaient beau se connaître depuis aussi longtemps qu'elle pouvait s'en rappeler, ils n'avaient jamais vécu ensemble et -en partie par sa faute- Sergio n'avait jamais vraiment connu la vie avec une « femme de maison ». Il y avait bien Maria, mais c'était totalement différent, cette dernière pouvait prendre des initiatives mais jamais le même genre que celles qu'Olivia pensait pouvoir se permettre. Peut-être devrait-elle faire attention tout de même, la prochaine fois...

Un pointe de soulagement perça dans son regard sombre quand son compagnon accepta l'invitation -qu'il aurait plutôt dû proposer. Elle n'avait pas réalisé avant cet instant qu'elle lui avait complètement forcé la main. Elle avait tellement pris l'habitude de n'en faire qu'à sa tête à Little Rock, où la présence masculine du chef de famille était aussi anecdotique que désagréable (un commentaire qu'elle faisait évidemment à posteriori, mais on ne pouvait pas vraiment l'en blâmer), et comme les moments qu'elle partageait avec Sergio avaient toujours été plus dans « l'impulsion du moment » qu'autre chose, elle n'avait pas vraiment réfléchi avant de prendre cette décision qu'elle jugeait maintenant peu convenable, voire déplacée. Mais une fois de plus, Sergio se montrait l'homme doux et compréhensif qu'il avait toujours été pour elle dans leur vie d'adulte, et elle ne pouvait que se sentir extrêmement reconnaissante... ce qui n'arrangea rien à l'étau de la culpabilité qui se resserrait dans son ventre.

Elle avait baissé la tête, dans l'espoir de pouvoir se recomposer un visage neutre -ou du moins pas aussi torturé qu'elle devait l'être si son regard traduisait son état d'esprit- et aussi pour réfléchir à ce qu'elle voulait lui dire (ou plutôt à la façon dont elle souhaitait le lui dire... mais comment annoncer une chose pareille, après tout ce temps?!) mais elle n'y parvint pas avant de sentir la main de son compagnon lui soulever le menton. Ses mots, son regard, son toucher, tout était doux, se voulait rassurant, calme, apaisant... Et étrangement, pour Olivia, ce fut soudainement trop. Elle secoua brusquement la tête en signe de négation, les yeux voilés de larmes qu'elle retenait de laisser couler sur ses joues, mélange de tristesse et d'une rage coupable contre elle-même...mais qui se déversa sur celui qui lui faisait face.


« Tu dis ça maintenant... Mais tu n'as pas idée... J'ai péché, menti à tellement de monde pendant si longtemps... Mais à toi, j'aurais dû le dire, tu ne mérites pas le traitement que je te donne, Cariño... Tout comme je suis loin de mériter le bonheur que tu m'offres depuis des années, plus encore depuis... »

Le ton n'était pas colérique, juste bas, presque un murmure, résonnant de tristesse et d'une culpabilité qu'elle traînait avec elle depuis près de vingt ans, comme un poids dont elle n'osait se délester de peur qu'il ne revienne pesant plus lourd encore. Elle avait à nouveau baissé les yeux au milieu de son discours décousu, et son regard restait figé sur cette main dans la sienne, qu'il serrait doucement, comme une invitation.

Elle prit une grande inspiration et releva les yeux pour plonger dans les émeraudes de son amant. Elle en avait trop -ou trop peu- dit, de toute façon. Autant se jeter à l'eau. Elle avait retrouvé un calme étrangement résigné lorsqu'elle laissa (enfin) la phrase s'échapper de ses lèvres.


« Esteban n'est pas le fils de Darian. »
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MessageSujet: Re: Il faut que je te dise quelque chose...   Il faut que je te dise quelque chose... Icon_minitimeVen 27 Juin - 15:26

Pour un peu, la scène aurait probablement pu être tournée et montée dans un scénario d’un épisode des Feux de l’Amour. Un couple dont la femme était sur le point de divorcer du frère de son amant et qui allait lui faire une révélation des plus incroyables. On aurait surement pu glisser quelques publicités entre deux séquences de regards intenses. Non, à regarder cela, devait être incroyablement passionnant, du moins pour tous ceux qui passaient leur début d’après-midi devant la télé, c’est-à-dire grosso modo les plus de soixante-quinze ans. Pour un peu, Sergio aurait pu en rire, lui qui n’était pas spécialement le genre de public pour ces feuilletons destinés à la ménagère de plus de cinquante ans, si, bien entendu, il n’était pas entrain de vivre cette même scène. En même temps, il savait que la vie n’était pas toujours toute rose lorsque l’on vivait avec quelqu’un et même s’il filait le bonheur quasi-parfait en compagnie d’Olivia, il se doutait que quelques nuages viendraient poindre à l’horizon de temps en temps, comme cela avait pu être le cas avec la seule autre aventure de son existence. Tout n’avait pas filé droit sur des roulettes et les détours étaient courants, c’était d’ailleurs ce qui finissait par forger l’amour d’un couple ou, tout simplement le détruire. Sans grande surprise, il fallait simplement être à l’écoute, ne pas se fermer et entendre ce que l’autre avait à dire, quelque soit le sujet. Ce n’était pas quelque chose pour laquelle le Sénateur avait besoin de se forcer, bien au contraire. Comparé à ses deux frères, il devait certainement être le seul à ne serait-ce qu’avoir une oreille attentive pour sa compagne. Ce qui le tourmentait néanmoins c’était de remarquer l’état dans lequel se mettait Olivia alors même qu’elle ne lui avait pas encore dit de quoi il s’agissait.

Il la connaissait un peu et savait qu’elle vivait selon des principes relativement stricts, même si, pour lui, elle avait enfreint beaucoup de ses propres règles. Mais, pour cette histoire, tout rentrerait bientôt dans l’ordre. Le divorce avec Darian était une question de temps et leur histoire ne serait plus complètement qu’un pêché. Certes, cela n’enlevait pas le fait qu’ils avaient commencés à se voir alors qu’elle était encore mariée, mais, il semblait qu’Olivia avait réussi à accepter le fait qu’elle n’avait pas complètement agi selon les croyances catholiques, pour son propre bien. C’était égoïste, mais pour Sergio, c’était un mal nécessaire. Qui plus est, elle ne l’avait pas fait par égoïsme ou pour faire du mal à Darian, mais bel et bien par amour. N’était-ce pas là une des valeurs que Dieu avait insufflées aux Hommes et qu’il leur demandait de répandre ? L’ancien Directeur-Adjoint du BIAS était mal placé pour réellement pouvoir parler de religion, après tout, il n’était pas trop tourné vers ces choses-là. Toutefois, il doutait sincèrement que l’on puisse aller en Enfer, pourvu qu’il existe, pour avoir décidé de vivre plus heureux avec une autre personne. Le mariage avait perdu de sa « sainteté » depuis qu’il était possible de marier de force deux personnes. Quoiqu’il en fut, si Olivia se mettait dans un tel état, il savait au fond de lui qu’il devait y avoir une raison et commençait peut-être à craindre le pire, surtout lorsqu’elle commença un peu à paniquer. Qu’avait-elle donc fait pour lui mentir ? Le concernant il ne pouvait pas y avoir beaucoup de possibilités mais celles qu’il envisageait étaient simplement trop stupides et à la fois trop sombres pour qu’il ne daigne réellement les envisager. Après tout, pourquoi aurait-elle menti sur son divorce qui faisait quelques choux gras pour la presse ?

Non ça ne devait pas être ça et, pourtant, il ne parvenait pas à mettre le doigt sur ce qu’elle essayait de lui dire. Tandis qu’elle s’emballait un peu, il serra un peu plus sa main dans la sienne et passa une main sur sa joue. « Tranquila Gatito, tranquila… » Paniquer ne servait à rien. Et il lui avait dit qu’elle pouvait tout lui dire. Il la regarda, croisa son regard alors qu’elle relevait le menton vers lui. Elle semblait si fragile. Il aurait voulu la prendre dans ses bras. Quand elle lâcha enfin ce qu’elle voulait lui dire, il resta interdit quelques instants. Il fronça les sourcils, comme pour chercher à comprendre ce qu’elle venait de lui dire. Esteban n’était pas le fils de Darian ? Mais de qui était-il alors ? Il continuait à la regarder, un peu ailleurs, tandis qu’il était complètement prit par ses pensées. Son neveu, enfin officiellement, avait dix-huit ans… A l’époque, Olivia et Sergio étaient déjà amants. Il avait détourné la tête en réfléchissant et reposa son regard sur sa compagne, perplexe. « Tu veux dire... » Il n’y avait pas trente-six possibilités et elle n’était pas du genre à avoir deux amants en même temps. L’idée le bouleversait, peut-être parce qu’il ne s’y attendait pas du tout, mais, au fond, la logique commençait à prendre le pas sur tout. L’absence de réelle ressemblance avec Darian… Il n’en pouvait plus. Il lâcha la main d’Olivia et se détourna légèrement, attrapant le montant de la balustrade de la terrasse. « Mais c’est… » Incroyable ? Ah oui, ça c’était certain. Et pourtant, les images de son neveu qui lui revenaient en tête ne laissaient plus de place au doute. « Comment as-tu… » Fait pour tenir aussi longtemps ? Il n’en revenait pas. Ses mains, posées sur la balustrade de la terrasse serrèrent le bois jusqu'à blanchir. Tant d'années de silence. Mais, était-elle la seule à blâmer pour cela ? Comment avait-il être pu aussi stupide pour ne pas s'en rendre compte ? « Esteban est mon fils, n'est-ce pas ? » C'était une évidence, mais il avait peut-être besoin de l'entendre directement des lèvres d'Olivia. Pourtant, en quelques secondes, son entrain avait été soufflé comme un château de cartes l'est par le souffle d'un enfant. A vrai dire, il était assailli de sentiments contradictoires et essayait surtout de se contenir pour ne pas exploser.
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MessageSujet: Re: Il faut que je te dise quelque chose...   Il faut que je te dise quelque chose... Icon_minitimeVen 5 Sep - 5:27

Il tentait de la calmer, le lui demandait gentiment, mais il n'avait même pas idée. Un ensemble troublant de sentiments et de pensées contradictoires tourbillonnaient dans l'esprit de la future divorcée, tellement qu'elle avait l'impression d'être retournée vingt ans en arrière, alors qu'il passait sa main sur sa joue. A cette fameuse journée où tout avait basculé, à ce matin grisâtre où ils s'étaient quittés de manière bancale, et aux nombreuses tergiversations qui avaient suivi dans esprit troublé, jusqu'à la prise de décision, pas la meilleure, juste celle qui lui avait parue la moins pire. Celle qui, au fond, avait été la plus égoïste.

Et elle en avait eu, depuis, des pensées égoïstes. Et pourtant, quand il avait été question d'Esteban, ce n'était jamais à elle qu'elle avait pensé en premier. Avant même qu'il ne naisse, elle avait choisi de faire, pour son fils, un sacrifice dont elle ne se serait pas crue capable.

Il avait été facile décaler la date de conception de quelques semaines. Malgré les avancées technologiques, ces machines ne pouvaient être trop précises sans être intrusives, et le développement d'un fœtus faisait encore partie de ces choses réservées à Dieu... ou à l'imprévu. Étrangement, Olivia avait toujours su que l'enfant qu'elle portait n'était pas de son mari. Une certitude qui s'était affirmée au fil des années et qu'elle avait scientifiquement prouvée par des tests effectués au plus profond de son pays d'origine, endroit où elle était sûre que jamais Darian ne viendrait chercher.

Elle avait ressenti le besoin de cacher cette information. Pas seulement pour des raisons évidentes où une telle révélation aurait induit un divorce dont elle ne voulait pas, parce qu'elle ne se sentait pas les épaules d'en souffrir, mais aussi et surtout parce qu'elle n'aurait certainement pas été la seule à avoir des problèmes ensuite. Et, bien qu'il lui soutienne que ça ne faisait rien et que le divorce restait une option envisageable, elle ne voulait pas les mettre en danger, Esteban et lui (elle connaissait assez bien l'aîné Luz-Descalzo à présent pour savoir la menace réelle). Et puis, naïvement, elle avait cru que la vie de son fils serait meilleure dans la demeure de Little Rock que dans un appartement miteux (à ses yeux) de la Nouvelle-Orléans. Et, pendant plusieurs années, ce fut le cas.

Elle en voulait à Esteban de lui avoir caché sa situation avec Darian pour de nombreuses raisons : parce qu'elle estimait mériter sa confiance, parce qu'il n'avait pas à la protéger, parce que l'ignominie était telle qu'il n'aurait jamais dû porter sa croix seul. Mais, surtout, elle lui en avait voulu parce qu'il n'avait fait que lui remettre en pleine face l'erreur de sa vie, qui aurait pu avoir été corrigée bien plus tôt si les choses avaient évolué autrement. Au final, c'était à elle-même qu'elle en voulait. Pour n'avoir pas su prendre la bonne décision en pensant qu'elle devait garder ce lourd secret. Parce qu'elle aurait pu offrir à son fils une vie meilleure, s'il s'était ouvert à elle. Parce qu'elle aurait pu quitter Little Rock et Darian bien avant et qu'Esteban aurait pu avoir une relation bien plus saine avec celui qui était son père biologique... et qui se trouvait présentement en face de la Mexicaine.

Olivia n'avait eu la force que de hocher la tête, presque timidement, quand Sergio lui avait accordé un regard perplexe. La chape de plomb qui s'était provisoirement envolée lorsqu'elle avait fait par de son terrible aveu venait de refaire surface, obsédante. Elle savait que le Sénateur n'était pas idiot, elle le connaissait depuis bien assez longtemps pour savoir qu'il avait compris. Et elle avait voulu qu'il comprenne, ne souhaitant pas lui annoncer de but en blanc une nouvelle qui changerait sa vie (et très certainement la sienne) à jamais. Certes, cela ne changeait pas grand chose... Mais au moins, cela lui permettait de faire les connexions, d'analyser les ressemblances par lui-même.

Le poids qu'elle ressentait dans sa poitrine et sur ses épaules devint presque physique lorsque Sergio lâcha sa main. La brune au teint hâlé se sentit comme poussée à reculer par une force qu'elle ne contrôlait pas, et qu'elle aurait qualifié d’œuvre du Démon si elle n'avait pas de suite réalisé qu'il s’agissait de sa propre culpabilité. Elle avait mérité qu'il se détourne d'elle, et elle n'avait plus qu'à affronter et à subir les conséquences de ses actes. Sa main, maintenant libre, vint chercher le dossier de la chaise de jardin en fer non loin, comme pour s'assurer qu'elle avait un appui et qu'elle n'allait pas s'effondrer au sol. Son regard sombre ne quittait pas le dos du cadet Luz-Descalzo. Elle l'entendait, il ne la croyait pas, se disait que c'était impossible, certainement. Et pourtant, à force de réflexion, il en viendrait sûrement au constat qu'elle avait fait elle-même des années plus tôt.

Ses genoux tremblèrent sous sa robe longue, et elle s'aida cette fois de ses deux mains sur la chaise pour ne pas vaciller. Sans vouloir tout à fait y croire, certainement, Sergio lui demandait confirmation. Il ne la regardait pas, et en baissant les yeux du dos de ses épaules tendues à ses mains, Olivia put voir qu'il serrait la balustrade à s'en blanchir les jointures. Il était en colère, c'était évident. Et normal. Elle s'y attendait, et pourtant cela lui fit plus mal qu'elle l'avait imaginé. Certainement parce que cela donnait raison à la culpabilité qu'elle ressentait depuis des années.

Prenant sur elle, la brune s'avança jusqu'à rejoindre Sergio au bord de la terrasse, posant ses mains sur la balustrade à son tour, frôlant l'une des siennes.
« Oui. » Sa voix n'était qu'un murmure dans le lointain, et elle rassembla son courage pour tourner vers lui son regard sombre tourmenté avant de continuer. « Oui, Esteban est ton fils. Pas celui de ton frère. » Elle savait qu'il avait compris la première fois, mais quelque chose l'avait poussé à préciser -Dieu seul savait pourquoi. Et elle n'avait pas terminé.

« Je n'ai pas voulu te le dire parce que... Je sais à quel point tu voulais fonder une famille, Sergio. Et à l'époque, c'était quelque chose que nous n'aurions jamais pu être. Je ne voulais pas que tu aies à vivre ça. »

Regarder la femme qu'il aimait vivre avec son frère devait déjà être suffisamment difficile. Mais si il avait su qu'il vivait loin de celle-ci ainsi que de son fils... Jamais elle n'avait souhaité cela pour lui. Elle avait même essayé de l'éloigner, rompant volontairement quelques années plus tôt pour le protéger et lui donner une chance d'avoir ce qu'il voulait...Elle n'avait pas tenu. Ils étaient attirés l'un à l'autre, comme des aimants, de manière inébranlable... du moins jusqu'à maintenant.

« Je comprendrais que tu sois en colère et que tu m'en veuilles terriblement et de façon irrémédiable. » Olivia avait à nouveau détourné le regard, le fixant sur l'immensité du jardin de la villa. Ses lèvres étaient pincées et si ses genoux ne tremblaient plus autant, elle ne leur faisait cependant pas tout à fait confiance. « Je veux juste que tu saches...que j'ai fait ce que je pensais être le mieux, à l'époque. » Mais évidemment, si elle avait su plus tôt ce qu'elle savait maintenant... « J'espère que tu pourras me pardonner. »

Sa voix était redevenue plus faible qu'à l'accoutumée, moins sûre d'elle. Au fond, elle éprouvait une peur panique à l'idée que cette colère et cette tension qu'elle voyait en lui finisse par éclater, se déverser sur elle -même si elle estimer la mériter, quelque part- et qu'il lui ordonne de quitter les lieux. Elle n'osait même pas poser une main sur la sienne, se contentant de la frôler, restant juste à côté, présente mais sans être trop intrusive. Elle n'aurait pas supporté un rejet.
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MessageSujet: Re: Il faut que je te dise quelque chose...   Il faut que je te dise quelque chose... Icon_minitimeVen 19 Sep - 10:31

C’était une sensation étrange qui s’était emparée de Sergio. Quelque chose qui ne lui était pas familier, ou plutôt si, mais qui avait été tellement distant, qu’il n’avait plus le souvenir d’avoir ressenti quelque chose comme cela par le passé. Ce mélange de peine, de tristesse, de colère, de haine et de rancœur. Un cocktail aussi étonnant que détonnant. La première fois qu’il avait ressenti cela, c’était il y avait bien longtemps, lorsqu’on lui avait apprit la mort de celle dont il s’était épris, sauvagement assassinée par des monstres de la pire espèce, la sienne. Le chagrin qui l’avait assailli avait été aussi fort que la colère qui en avait suivi et s’était entremêlée à la tristesse pour ne former qu’un seul et même tout, un mélange de sentiment au potentiel dévastateur. Combien de coups de poing avait-il asséné au mur pour soulager sa frustration au poing de s’ouvrir la main ? A quel sort avait-il dévoué les ordures qui s’étaient pris à elle ? La colère pousse à des extrémités terribles qu’une conscience affaiblie par le chagrin parvient finalement à accepter. S’il avait eu les preuves nécessaires pour mettre en cause ses frères, il n’aurait pas hésité un instant à se faire justice lui-même. Heureusement, ou malheureusement, cela n’avait pas été le cas. Il n’avait même pas réussi à mettre la main sur les véritables gros bras, juste de seconds couteaux, aussi malin que la moindre des pierres que l’on peut ramasser dans la rue. Il avait du s’en contenter, mais il avait toujours gardé au fond de lui cette parcelle de rancœur contre ceux qui étaient surement les véritables meurtriers et qui, un jour, finiraient par payer, d’une façon ou d’une autre. Il en avait fait le serment, pour elle. Même s’il était convaincu qu’elle n’aurait jamais voulu qu’il se lance dans une telle vendetta.

Ce n’était plus les mêmes causes, et, pourtant, c’était encore un tourbillon de sentiments qui s’acharnait contre l’esprit de Sergio. La surprise avait fait la place à la déception, celle de ne pas avoir été « digne » de la confidence depuis toutes ces années, de n’apprendre que maintenant cette réalité qui aurait du être la sienne depuis dix-huit ans. Mais aussi la tristesse, inhérente à toute déception de ce genre. Sans compter sur la colère, celle qui finit par ressortir même avec la meilleure volonté du monde, qui déchire la raison et met en morceau ce qu’il peut en rester. Pourquoi lui avait-elle caché tout cela ? Parce que c’était ce qu’il y avait de mieux à faire ? Parce qu’elle ne voulait pas lui faire du mal à lui qui voulait fonder une famille ? Il repensa à cette fois où elle avait décidé de couper les ponts et où elle ne lui avait plus jamais adressé la parole. Etait-ce finalement pour cela qu’elle avait tenté de mettre un point final à ce qui les liait ? Il avait un fils. Un fils de dix-huit ans et, pourtant, elle lui annonçait cela maintenant… Aurait-il était si difficile de lui en parler ? N’avait-elle pas confiance en lui pour respecter sa décision, ou ce qui, d’une certaine manière, aurait pu être leur décision ? Avait-elle si peu de considération pour lui ? Pensait-elle qu’il n’aurait pas pu être raisonnable ? Quelle était donc cette opinion de lui qu’elle semblait avoir ? Avec toutes ses considérations, il ne pensait bien entendu plus à Olivia, plus à cette difficulté qu’elle avait eu de lui annoncer cette nouvelle et il ne lui avait porté aucun regard, ne s’étant du coup pas rendu compte qu’elle n’en menait pas large. Il sondait la terrasse du regard, cherchant, en vain, un certain réconfort en observant le grand jardin et ses occupants canins.

Alors qu’il essayait de lutter contre ce torrent émotionnel qui menaçait de faire rompre le barrage de sa raison, déversant le trop plein par l’entremise de ses mains enserrant avec force la balustrade, les dernières paroles d’Olivia le mirent à mal. Une part au fond de lui aurait voulu résister, ne pas s’emporter, mais peut-être n’était-il finalement que comme les autres… Même le contact léger de sa main ne le réconforta pas. « En colère ? Pourquoi serais-je en colère ? » Il n’avait pas détourné son regard du jardin, son ton était calme, mais froid et, sans aucun doute, ironique. « Tu m’as caché la vérité pendant dix-huit ans, pour ce que tu pensais être le mieux ? » Il soupira longuement, comme pour essayer d’évacuer une certaine pression, mais il n’y parvint pas réellement. Il se tourna vers Olivia, plongeant ses yeux dans les siens. Il aurait pu remarquer sa détresse, mais il était bien trop sous tension pour cela… « Quelle est donc cette piètre opinion que tu as de moi ? Pensais-tu que je ne pourrais pas gérer cette information ? Que je serai incapable de tenir ma langue, de faire comme si de rien n’était ? » Il se détourna à nouveau vers le jardin. « En même temps, j’ai été stupide de ne pas voir l’évidence alors qu’elle se trouvait sous mon nez… Quel idiot… Il est beau l’inspecteur du BIAS ! » Il ferma les yeux et inspira profondément avant qu’une autre ‘vérité’ ne lui éclate en pleine figure. Il rouvrit les yeux. « Et lorsque tu as voulu mettre un terme à notre relation, tu disais vouloir me permettre de fonder une famille, mais tu savais déjà que j’en avais une… » Il posa à nouveau son regard vers elle, mais, au sein des émeraudes, l’éclat semblait s’être terni. « Tu penses toujours avoir fait ce qu’il y avait de mieux à faire ? »
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MessageSujet: Re: Il faut que je te dise quelque chose...   Il faut que je te dise quelque chose... Icon_minitimeSam 20 Sep - 1:16

Même si son regard était principalement tourné vers le jardin, Olivia continuait de jeter un œil sur la silhouette masculine près d’elle, de temps en temps. Il ne parlait pas et elle ne pouvait pas l’en blâmer. Elle savait qu’il s’agissait de beaucoup d’informations d’un coup. Même pour elle, un peu plus de dix-huit ans de cela, ça l’avait été. Mais son silence l’inquiétait. Elle savait que Sergio n’était pas homme à étaler ses sentiments, bien qu’il puisse se montrer particulièrement démonstratif dans certaines situations. Mais le fait qu’il ne prenne pas la parole lui donnait l’impression –à raison- qu’il était énervé contre elle. Et si elle s’y attendait et était prête à l’assumer, cela ne voulait pas dire qu’elle aimait ça pour autant.

Et puis, il finit par prendre la parole et la brune retint de peu une grimace. Ce qui allait suivre serait particulièrement éprouvant, elle le savait. Et pourtant, il fallait que ce soit fait. Elle ne se voyait pas lui mentir une minute de plus. Et pourtant… A l’entendre, c’était comme s’il l’accusait d’y avoir pris plaisir. Olivia le laissa parler mais son regard se détourna définitivement de lui pour se poser sur un arbre dans le lointain. Il ne fallait pas qu’elle le regarde, où elle pourrait se sentir dépassée par ses sentiments. Et il fallait que l’un d’entre eux garde la tête froide, pour continuer à avancer sur le sujet. Pour une fois, il semblerait que ce soit son lot à elle.

Cependant, alors que Sergio continuait ses accusations (car comment prendre autrement ces questions quasi rhétoriques qu’il lui posait sur la confiance qu’elle aurait dû lui accorder et l’opinion qu’elle avait de lui ?), Olivia sentait sa résistance flancher. Il avait le droit légitime d’être en colère, mais elle n’était pas certaine qu’il avait celui de s’attaquer ainsi aux fondements de leur relation. Car, si elle ne lui faisait pas entièrement confiance, jamais elle n’aurait pris cette décision, une vingtaine d’années plus tôt. Et il le savait, mais sa colère et ses autres sentiments plus ou moins négatifs l’aveuglaient certainement. Quand il se fustigea, néanmoins, elle ne pu s’empêcher de faire remarquer, toujours sans le regarder.


« Personne ne s’en est rendu compte, Cariño… »

Elle n’ajouta rien de plus, d'une part parce qu’il était inutile de préciser que c’était exactement ce qu’elle avait recherché (c’était assez évident comme cela), d’autre part parce qu’il ne lui laissa pas le temps de dire quoi que ce soit de plus, enchaînant sur une phrase qui la fit se tourner vers lui avec un regard douloureux. Elle secoua la tête avant de répondre, d’une voix douce, mais ferme.

« Tu n’avais pas de famille, Sergio. Tu avais une amante qui refusait de quitter son mari, et un fils illégitime que tu n’aurais même pas pu serrer dans tes bras. Aurais-tu vraiment pu vivre avec ça ? Agir « comme si de rien n’était », comme si la retenue d’Esteban envers toi, sachant qu’il était ton fils, te laissait de marbre ? Je suis peut-être stupide, ou trop sentimentale, mais je ne voulais pas t’infliger une telle chose. »

Si ses paroles avaient été prononcées sur un ton calme jusque là, la dernière question qu’il lui adressa, ses yeux dans les siens, changea la douleur de son regard en une colère désespérée. Et elle gagna en froideur, signe qu’elle aussi commençait à s’agacer. Il avait appuyé sur le seul bouton auquel il n’aurait pas dû toucher.


« Comment peux-tu me poser une telle question… Comment peux-tu ne serait-ce qu’insinuer que je puisse rester sur mes positions en toute connaissance de cause ? Mon fils, notre fils, a passé toute son enfance à se faire abuser, physiquement et psychologiquement, par un homme que je lui ai laissé croire être son père. Darian lui a non seulement volé son enfance, mais aussi son innocence, son intégrité, et tout ce qu’il avait le droit de garder secret et intouchable. Il l’a violé, Sergio. » C’était la première fois qu’elle utilisait ce terme. Elle était toujours passée par des paraphrases, des euphémismes… Jamais elle n’avait laissé cette vérité immonde et crue traverser la barrière de ses lèvres. Jusqu’à aujourd’hui. « Il l’a violé alors qu’il avait dix-sept ans, simplement pour affirmer sa domination sur lui, et s’assurer qu’il ne se rebellerait pas. » L’aîné Luz-Descalzo ignorait évidemment qu’il était déjà trop tard, à ce moment-là. « Alors que je passais quelques jours à tes côtés, d’ailleurs. » La précision était peut-être mesquine, mais si il pouvait ressentir au moins un quart du tiers de ce qu’elle avait ressenti en apprenant cette nouvelle, peut-être pourrait-il comprendre que le discours qu’il lui tenait déclenchait sa propre colère. « Penses-tu vraiment que j’aurais hésité à mettre fin à l’ignominie que permettait ce mariage si j’avais été au courant ?! » L’héritière Selva Moreno s’arrêta l’espace d’un instant, ce qu’il fallait pour reprendre sa respiration, sans jamais quitter Sergio des yeux. « Et après, c’est moi qui doit avoir une piètre opinion de toi… J’ai pourtant bien l’impression que tu viens d’inverser les rôles. »

Si le début de son discours faisait montre de colère, la fin avait des accents d’amertume. Elle avait d’elle-même retiré la main qui touchait la sienne, faisant dos à la balustrade pour s’y appuyer, les bras croisés sur la poitrine. La colère, elle s’y était attendue. Après tout, c’était quelque chose de très important et pour elle qui ne lui avait jamais menti, elle ne pouvait lui en vouloir d’éprouver un tel sentiment. L’ironie, elle pouvait la comprendre. Cela avait toujours été la marque de fabrique de Sergio et son principal moyen de défense. Bien qu’il ne l’ait jamais utilisé contre elle jusqu’à maintenant, l’annonce était –une fois de plus- assez surprenante pour qu’elle accuse le coup sans rien dire. Mais la moquerie, le dédain et le sarcasme qu’elle avait cru sentir dans cette dernière réplique, c’était de trop. Surtout au détriment d’Esteban, et de tout ce qu’il avait enduré à cause de ses erreurs. Elle ne pouvait pas le laisser dénigrer ainsi ce qu’elle pouvait éprouver pour son fils. Elle n’avait songé qu’à son bien-être, dès le départ, et personne n’avait le droit de songer qu’il aurait pu en être autrement. Pas même Sergio.
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MessageSujet: Re: Il faut que je te dise quelque chose...   Il faut que je te dise quelque chose... Icon_minitimeMar 23 Sep - 11:36

Que personne ne se soit rendu compte de la « supercherie » lui faisait une belle jambe ! C’était lui qui était sensé trouver les indices, faire éclater la vérité au grand jour et pourtant elle lui avait échappée, comme à ses imbéciles de frères. Pour le coup, il ne valait pas mieux qu’eux et, au fond, c’était ce qui lui retournait les tripes. C’était idiot, mais suffisant. Et quiconque connaissait un peu l’histoire de la famille Luz-Descalzo pouvait le comprendre aisément, sans l’ombre d’un doute. D’un côté, peut-être n’avait-il pas trouvé la vérité car il ne la cherchait pas. Qui serait allé jusqu’à imaginer un seul instant qu’Esteban n’était pas le fils de Darian ? Personne. Ce n’était que maintenant qu’elle l’affirmait qu’il entrevoyait toutes les similitudes et toutes les différences qui pouvaient exister entre le jeune homme, son aîné et lui. Mais malgré tout, il aurait du s’en douter, croiser les dates, ne serait-ce que parce qu’il avait une aventure avec cette femme, parce que la logique voulait que ce soit possible. Mais la logique n’avait pas grand-chose à voir avec l’amour et elle ne lui avait donné aucune raison de croire que son neveu était en fait son fils. Pourquoi chercher plus loin ? Cela aurait été remettre en question la confiance qu’il avait en elle et qui, ce soir, venait de prendre du plomb dans l’aile. Dix-huit années à lui mentir, par omission certes, mais pour Sergio, cela restait un mensonge. Et, à ce niveau-là, ce n’était clairement pas un simple oubli. Il essaya de se souvenir de la date d’anniversaire de son nev… de son fils. Date qui aurait du être de première importance pour lui. Il avait vouloir savoir quand, où tout avait commencé, mais son esprit était bien trop embrumé par des sentiments contradictoires pour lui permettre de raisonner aussi calmement que nécessaire pour faire appel à sa mémoire.

Sergio ne manqua bien entendu pas le regard que posa Olivia sur lui, ni même la douleur qui pouvait s’en échapper et qu’il aurait pu ressentir en temps normal, mais il avait bien trop à faire avec ses propres sentiments pour pouvoir prendre en compte les siens. Quand à ce qu’elle lui répondit, cela lui fit probablement resserrer davantage sa main sur la rambarde de la terrasse, à supposer que c’était encore possible. « M’infliger une telle chose, vraiment ? » Il aurait du tout faire sauf envenimer cette dispute mais c’était plus fort que lui, il se sentait trahi et il n’arrivait pas à reprendre le dessus sur ce sentiment qui le mettait en boule. « J’ai accepté de vivre dans l’ombre de mon frère sans avoir la satisfaction de pouvoir prendre ta main en des lieux vraiment public, j’ai accepté cette situation parce que je t’aime et je n’aurais pas su vivre avec ça ? Je ne suis plus un enfant Olivia. On aurait pu prendre cette décision ensemble. Et à défaut de pouvoir le serrer dans mes bras, j’aurais pu au moins garder un œil sur lui… » Il soupira. « Alors oui, ça aurait été douloureux, je ne le nie pas, mais avec toi j’aurais surmonté cela comme le reste lorsque ce serait devenu difficile. Et peut-être, je dis bien peut-être, que cela n’aurait pas été juste dix-huit années de perdues… » Il n’aurait certainement pas pu faire grand-chose, il le savait, mais cela aurait été toujours mieux que de ne rien savoir et donc, par extension, ne rien faire pendant tout ce temps. Il aurait pu… Rien ne servait de se triturer l’esprit avec tout cela, c’était trop tard de toute façon, trop tard pour faire machine arrière. Peut-être même trop tard tout court… Rien que d’y penser, il en était malade.

Quand au reste, la question lui avait échappé plus qu’autre chose, mais la colère met souvent fin à toute forme de raison. Il ne réfléchissait plus aussi sereinement qu’il ne pouvait le faire en temps normal. Lui, qui, d’ordinaire, analysait chaque situation avec calme, était dépassé par ce qu’il disait, réagissant instinctivement d’une façon qui ne lui aurait pas plu, mais qu’il ne pouvait analyser. Il aurait du être alarmé par le ton que venait de prendre Olivia mais il ne réussit qu’à se sentir davantage agressé, d’une certaine façon. Elle lui avait menti et c’était de SA faute ? Une partie de lui comprenait surement ce qu’il entendait, mais l’autre, n’y portait presque aucun intérêt, si ce n’est ce qu’elle semblait lui reprocher directement. Il repoussa la balustrade et s’écarta de quelques pas. « C’est la meilleure ! Ca va finir par être de ma faute maintenant… » Il se retourna vers Olivia, son regard n’avait plus rien de ce qu’il avait pu être quelques minutes auparavant et, un peu comme un ciel s’assombrit quand vient l’orage, ses émeraudes étaient probablement devenues noires. « Tu crois que je ne sais pas ce qu’a fait Darian ? Que je l’ai oublié peut-être ? Que je trouvais déjà ça ignoble alors que je pensais qu’Esteban était mon neveu. Et tu crois peut-être que maintenant que c’est mon fils je trouve cela moins grave ? » Il serra les dents et se retourna vers le mur contre lequel il projeta violemment son poing gauche. La douleur explosa dans sa tête, mais il n’en montra rien. « Bon sang Olivia… Si on avait fait cela tous les deux, on en serait peut-être pas là. Il n’en serait peut-être pas là. » Il n’insinuait pas que c’était entièrement de sa faute, c’était davantage un constat qui le ruinait complètement. Le poing toujours contre le mur, un éclair de lucidité lui permet de reprendre un peu conscience. « J’ai besoin de prendre l’air. » S’il restait là, il allait continuer de se faire du mal, de lui faire du mal. Il devait se calmer, faire le tri, retrouver une certaine sérénité si c’était possible. Sans une autre cérémonie, il quitta la terrasse pour aller dans le jardin avec à peine un regard pour Olivia. Tandis qu’il continuait de marcher, il siffla à l’attention d’Ace et d’Argos qui le rejoignirent et marchèrent à ses côtés. Après quelques instants, il disparut dans la végétation qui jouxtait la propriété.
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MessageSujet: Re: Il faut que je te dise quelque chose...   Il faut que je te dise quelque chose... Icon_minitimeJeu 25 Sep - 18:47

Elle avala difficilement sa salive quand il reprit la parole. Avait-il la moindre idée de ce qu’il sous-entendait ? Elle savait très bien ce qu’il avait subi pour elle, ce qu’il avait accepté de faire parce que l’idée de briser son mariage la terrifiait, qu’elle était bien trop consciente du poids qui reposait sur ses épaules en tant qu’aînée de sa propre famille et –ensuite- comme femme de l’aîné d’une des plus puissantes famille d’Amérique. Sans oublier les sommes astronomiques que possédaient l’une comme l’autre des deux familles. Ce n’était plus son propre confort qu’elle avait dû prendre en considération, mais ce qu’il lui fallait faire pour garantir la prospérité de sa famille. Cela avait demandé des sacrifices, qu’elle n’avait pas été tout à fait prête à faire. Surtout après que Sergio ait envoyé cette lettre qui l’avait replongée dans sa vie. Elle ne lui en voulait pas, là n’était pas la question, et elle assumait ses décisions. Mais toujours était-il qu’elle avait parfaitement conscience de ce que tout cela avait impliqué, peut-être mieux que celui qui l’accusait du contraire, car uniquement préoccupé par un aspect unique de la chose.

Mais cela avait toujours été. Sergio n’avait cure de la représentation qu’il donnait de sa famille, et l’éducation stricte qu’ils avaient tous reçue avait glissée sur lui comme l’eau sur les plumes d’un canard. Et Olivia l’admirait pour cela, pour cette capacité qu’il avait de faire ce qu’il souhaitait avant tout, faisant fi des convenances, se fiant à ses sentiments et à son instinct. C’était quelque chose qu’elle ne serait jamais capable de faire, même s’il lui était arrivé de laisser par instants son éducation au placard, principalement grâce (ou à cause ?) de lui.

Mais malgré tout l’amour et l’admiration qu’elle pouvait avoir pour lui en temps normal, il y avait quelque chose dans ses paroles qui lui fit oublier provisoirement ce sentiment au profit d’une crispation visible et d’une colère sous-jacente, qu’elle exprima d’abord par un bref murmure.
« Mais il restait mon fils. » Puis sa voix se fit un peu plus forte, mais aussi plus froide, presque cassante. « Il restait mon fils et l’ignorer parce qu’il était supposément aussi celui de Darian, c’était agir avec lui comme tes frères ont agi avec toi : décider qu’il était une sorte d’exclu à tes yeux et qu’il ne valait pas la peine que tu t’intéresses à lui. Alors qu’il restait mon fils. Et qu’il l’a toujours été plus qu’il n’a jamais été celui de ton frère, de toute façon. » Elle inspira profondément, tentant de calmer cette colère qu’elle ne ressentait que très rarement (souvent liée à Esteban), parce que Sergio n’était pas entièrement coupable dans cette histoire, et qu’elle le savait. « Je sais qu’avec ce que Darian et Juan lui ont mis dans le crâne, il n’était pas facile d’accès. Mais tu restais son oncle. Tu pouvais garder un œil sur lui dans tous les cas. Ne serait-ce que pour moi. »

Même plus froide, Olivia était parvenue à garder son calme, parce qu’elle était bien consciente de la quantité d’informations avec laquelle elle l’assommait, et qu’au fond elle était celle qui avait caché toute cette histoire. Mais il aurait dû être capable de comprendre ses raisons, à défaut de les accepter. Et puis, Sergio fit cette réflexion comme quoi elle pourrait ne pas regretter sa décision, et cela brisa le peu de contenance qu’il lui restait. Sa colère força le barrage, et la brune au teint hâlé perdit son calme au profit d’un discours lancé d’un ton plus froid que la glace. Pas forcément la meilleure chose à faire, mais mettre en cause ce qu’elle pouvait éprouver pour ce qu’avait subi son fils n’avait pas non plus été la meilleure chose à dire.

Alors oui, peut-être qu’elle l’attaqua un peu fort, de la même façon qu’elle s’était sentie attaquée. Mais sur le coup, elle ne réalisa pas. Ce fut quand elle le vit se tourner vers elle et la darder de ce regard sombre qu’elle ne lui connaissait pas qu’elle se rendit compte qu’elle avait laissé ses mots dépasser ses pensées sous le coup de cette même colère qui les animait tous les deux. Elle trouva tout de même le moyen de s’insurger faiblement avant qu’il ne reprenne encore la parole.
« Je n’ai jamais dit que c’était de ta faute, Sergio, je… » Mais il reprit un ton plus haut et elle ne trouva pas l’intérêt de finir. Sa colère avait fondu comme neige au soleil face à sa réaction, et elle tenta de s’avancer vers lui, mais s’arrêta brutalement quand elle le vit balancer son poing contre le mur. Elle ne l’avait jamais connu violent. Elle l’avait vu aimant, déterminé, ironique, joueur, amusé, parfois un peu cynique, triste et dépassé aussi par moments…Mais violent, jamais. Et ce n’était pas une vision qui la rassurait, loin de là. Au contraire, s’il avait tourné son regard vers elle à ce moment précis, il aurait pu voir l’étincelle de peur qui avait allumé son regard l’espace d’une demi-seconde. Avant d’être remplacée par une tristesse sans nom. Olivia secoua la tête en signe de négation, faisant bouger ses légères boucles brunes le long de son visage. « Je crois que rien n’aurait pu être évité, tant que nous n’aurions pas découvert les actes de Darian. Et… »

Mais une fois de plus elle ne finit pas sa phrase, cette fois parce que Sergio annonçait qu’il avait besoin de partir. Olivia sentit son cœur se serrer et se mettre à battre tellement fort qu’elle était presque certaine qu’il pouvait l’entendre d’ici. Instinctivement, elle voulut l’empêcher de partir, mais se retint au dernier moment. Il avait sûrement besoin de temps pour penser à tout ce qu’elle venait de lui avouer. Et même si la peur lui déchirait les entrailles, elle ne pouvait pas l’empêcher de le faire. Alors, la tête basse et les épaules presque voûtées dans une attitude qui ne lui ressemblait pas, elle le laissa disparaître dans le jardin. Elle l’entendit appeler ses chiens et resta à fixer le sol pendant un moment, avant de se décider sur la marche à suivre.

Elle ne pouvait pas laisser cette discussion se terminer ainsi. Ils avaient besoin d’en parler, de crever l’abcès, sinon la rancœur les consumeraient jusqu’à ce qu’une autre dispute éclate, plus violente encore, peut-être même dévastatrice. Olivia ne voulait pas ça. Elle n’avait pas révélé à Sergio le seul secret qu’elle avait pour lui pour qu’il s’éloigne d’elle et lui file entre les doigts. Elle lui avait dit la vérité parce qu’elle l’aimait trop pour la lui cacher un instant de plus. Elle voulait qu’il comprenne, et surtout qu’il ne décide pas de la laisser partir. Elle ne supporterait pas cette nouvelle vie sans lui.

Alors, se redressant enfin, Olivia décida de prendre son mal en patience et s’installa sur la chaise qui faisait face au jardin. Elle attendrait son retour, et ils continueraient à mettre les choses au clair. C’était la seule chose à faire. Les yeux fixés sur un point du jardin entre deux grands arbres, perdue dans ses pensées, la brune attendait simplement que le propriétaire des lieux réapparaisse. Et si l’on prêtait attention à son visage, on pourrait voir à cet instant précis un légère larme couler sur sa joue.
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MessageSujet: Re: Il faut que je te dise quelque chose...   Il faut que je te dise quelque chose... Icon_minitimeLun 6 Oct - 17:24

Il avait eu besoin de prendre l’air. Non pas pour fuir, non, loin de là, mais simplement parce qu’il avait conscience qu’il n’était plus en mesure de réfléchir convenablement, que, s’il continuait ainsi, ses paroles dépasseraient ses pensées qui, elles, n’étaient plus cohérentes, ou ne pouvaient plus l’être, complètement prises dans un maelstrom d’idées contradictoires qui annihilait tout minimum de raison qui pouvait se former. Et, s’il y avait bien une chose qu’il ne voulait pas faire, c’était laisser la passion prendre le pas sur la raison en un moment pareil. Il ne voulait pas regretter ce qu’il pouvait dire ou même faire. Mieux valait prendre du recul, tout de suite, ne pas envenimer la situation plus qu’elle ne l’était déjà – car du mal avait déjà été fait, d’une manière ou d’une autre – et, comme pour beaucoup de choses, revenir une fois que les esprits se seraient calmés. Probablement plus le sien que celui d’Olivia, mais c’était ainsi. Sa réaction était peut-être blâmable, peut-être pas, toujours était-il qu’il ne pouvait pas revenir en arrière et même si c’était le cas, réagirait-il différemment ? Sauterait-il de joie plutôt que d’imaginer avoir perdu dix-huit années de sa vie avec son fils ? Difficile à dire. Et, de toute façon, ce n’était pas quelque chose sur laquelle il allait s’appesantir. On ne cherchait pas à refaire l’histoire lorsqu’on se débattait avec sa propre conscience, son propre esprit et sa propre raison pour essayer de faire le vide et de reprendre les choses calmement. Quelle personne n’aurait pas réagi comme lui ? Qui dans ce monde aurait pu prendre cette nouvelle sans ressentir quelque chose d’extrême ? Probablement personne. Certains auraient peut-être pu être plus doux, plus serein qu’il ne l’avait été et, d’une certaine manière, il s’en voulait déjà de ce qu’il avait pu dire ou montrer, mais au moins s’était-il arrêté à temps.

Depuis l’arrière du jardin, il s’était enfoncé, avec Ace et Argos, dans la végétation luxuriante et sauvage qui jouxtait la moitié arrière du domaine. Jusqu’aux frontières de ce dernier, l’ensemble était entretenu avec conscience, sans dénaturer l’aspect local de la flore – et de la faune, ou du moins d’une partie – mais, au-delà des limites, le Bayou reprenait ses droits de bout en bout. Cependant, le Gouverneur était habitué à vadrouiller en terre « inconnue » et, jusqu’à présent, il n’avait jamais eu l’occasion de faire de mauvaises rencontres. Qui plus est, ses chiens se rendraient probablement compte d’un éventuel danger avant lui et pourraient le prévenir le cas échant. Même si, dans l’état actuel des choses, il était davantage tourné vers ses propres pensées que vers son environnement, se contentant de marcher, laissant ses pieds décider du trajet sans même y prêter une réelle attention. Il essayait de reprendre les choses à zéro, de laisser couler ses sentiments, d’évacuer ce qu’il avait pu ressentir, de refaire une place à la raison dans son esprit pour ne pas se laisser emporter par ses passions. Ce n’était pas évident et il se maudit plusieurs fois lui-même, mais également Olivia, avant de parvenir à réellement reprendre le plein contrôle de lui-même. Lorsqu’il y parvint, il leva enfin les yeux et jeta un œil autour de lui. La villa était loin, le soleil déclinait à l’horizon. Il soupira et prit une grande inspiration, puis une autre. Au milieu de nulle part – ou presque – il se sentait de nouveau mieux. Il ferma les yeux et, d’un signe, laissa ses deux chiens vagabonder à leurs envies, ou, plus exactement, leurs jeux. Ils ne se firent pas prier et quittèrent les pieds de leur maître pour s’adonner au plaisir de courir dans la végétation haute et dense. Les voir ainsi, presque insouciants, s’amuser redonna un léger sourire à Sergio qui aborda plus sereinement la suite.

Ainsi donc, Esteban était son fils. De la véracité de cette révélation, il n’avait aucun doute. Il avait toujours dénoté que son neveu présentait bien peu de similitudes avec son père, et, maintenant, il était plus facile de savoir pourquoi. Mieux encore, l’inspecteur se prenait à repérer les points communs qu’il se découvrait avec lui. Oui, son neveu était son fils, même les dates coïncidaient, même si là, ce n’était pas vraiment une science exacte. Un regard sur l’horizon, le cadet des Luz-Descalzo se posa la question qui importait le plus. Comment se sentait-il face à cette nouvelle ? Heureux ? Malheureux ? En colère ? Il était difficile d’y répondre avec certitude, mais, même s’il pouvait en vouloir à Olivia pour avoir gardé le silence si longtemps, il ne pouvait nier que la nouvelle le rendait fier. Il avait un fils. Il ne savait presque rien de lui, un minimum tout de même, puisqu’il avait été son neveu, mais ce n’était pas pareil. Mais, malgré tout cela, il se rendait compte qu’il ressentait une certaine joie. Peut-être parce que fonder une famille avait toujours été l’un de ses objectifs et que, malgré les problèmes inhérents à cette situation, il aimait et était aimé d’une femme et avait un enfant d’elle. Certes, beaucoup de détails étaient omis, mais c’était peu ou prou ce qu’il avait toujours rêvé d’avoir. Peut-être restait-il à améliorer un peu cette situation, même si cela n’aurait rien d’aisé. Apprendre à quelqu’un que vous êtes son père alors que cette personne à dix-huit ans… Non, ce ne serait ni simple pour Sergio, ni pour Esteban, ni pour Olivia… Il fallait espérer qu’ils pourraient traverser cette épreuve, encore une. Un peu plus loin, Ace et Argos se chamaillaient en jouant.

Il y avait ensuite le mensonge, par omission. La volonté d’Olivia de lui cacher la vérité, d’avoir voulu s’éloigner de lui, en prime, alors qu’elle savait qu’Esteban était son fils. Pourquoi ne lui avait-elle rien dit ? Avait-elle réellement peur qu’il le prenne mal, qu’il ne puisse pas vivre avec comme il avait vécu avec le fait de ne la voir que de temps en temps, de ne s’offrir sa présence que quelques jours par mois, par an ? Il ne comprenait pas. Il essaya de se remémorer de ses arguments, mais, au fond, pouvait-il réellement se mettre à sa place ? La juger pour ce qu’elle avait fait ou non ? N’avait-il pas le « beau » rôle dans leur histoire ? Ce n’était pas lui qui était marié et trompait son époux, ce n’était pas lui qui portait le secret de la paternité de son fils et qui voyait se dernier grandir à l’ombre d’un homme qui n’était pas son père. Par quoi était-elle passée ? Il lui en voulait d’avoir tout gardé pour elle, d’avoir eu ce courage, au fond, de ne pas partager ce fardeau avec lui. C’était injuste de lui en vouloir pour ça, mais, même s’il pouvait finir par comprendre, il aurait voulu qu’elle lui fasse confiance, qu’elle se repose sur son épaule. Au moins aurait-il eu, peut-être, l’impression d’être utile, peut-être aurait-il pu empêcher les atrocités de Darian. Quoiqu’elle en dise, Sergio n’aurait pas surveillé Esteban de la même façon s’il avait su qu’il s’agissait de son fils. Bien entendu qu’il avait demandé des nouvelles de son neveu, pas que pour elle, comme elle l’avait dit, mais simplement parce que c’était le fils d’Olivia et que, si un jour, ils devaient vivre ensemble, il savait qu’il aurait du vivre avec Esteban aussi, ce qui, n’avait jamais été un problème pour l’officier du BIAS. Mais la Mexicaine avait raison, peut-être cela n’aurait rien changé. Même s’il ne pouvait se départir de cette petite parcelle de doute…

Il releva la tête alors qu’Ace aboyait, probablement à l’encontre d’un rongeur quelconque qui devait avoir la peur de sa vie. Levant les yeux vers l’horizon, il remarqua que le soleil avait presque disparu, plongeant progressivement les alentours dans la pénombre. Combien d’heures s’était-il tenu là ? Assi contre le tronc d’un arbre ? Il préféra ne pas y penser. D’un sifflement puissant, il rappela ses chiens qui ne manquèrent pas à l’appel. Il les gratifia de longues caresses avant de reprendre le chemin de la villa, serein. Il avait eu le temps de se poser, de poser ses idées, son esprit. Revenir ne serait pas une tâche aisée, encore moins croiser le regard d’Olivia. Il restait à espérer qu’ils pourraient discuter plus paisiblement, car ils avaient besoin de discuter. Encore. L’ersatz de dialogue qui avait eu lieu après la révélation ne suffisait pas, loin de là. Au contraire même, il fallait en effacer le fantôme, le remplacer par autre chose, de mieux, de plus adéquat. Olivia le connaissait sans doute suffisamment pour connaître ses méthodes, même si, il en était conscient, elle l’avait surement rarement vu ainsi. Il avait honte de ses gestes mais ne pouvait admettre avoir tous les torts dans cette histoire. La nuit avait englobé la ville depuis quelques temps déjà lorsqu’il mis les pieds sur son domaine et la végétation domptée qui le composait. Il lâcha ses chiens qui galopèrent en premier vers la villa, en quête de nourriture probablement. Peu après, le maître des lieux fit son apparition. A la lumière des quelques petits lampadaires qui ponctuaient le jardin, il avait un air de baroudeur, mais, en même temps, il avait marché dans la nature, une nature qui laisse des traces, qu’on le veuille ou non. Tandis qu’il approchait de la terrasse, il distingua une silhouette sur celle-ci. Son identité ne laissait aucun doute, mais il ne ralentit pas…
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MessageSujet: Re: Il faut que je te dise quelque chose...   Il faut que je te dise quelque chose... Icon_minitimeMer 8 Oct - 2:40

Assise sur l’élégante chaise de jardin, les mains croisées sagement posées sur ses genoux, le regard tourné vers les arbres jouxtant la propriété, Olivia ne donnait pas l’impression qu’il s’était déroulé quelque chose proche du drame à ce même endroit quelques minutes plus tôt. En vérité, elle avait l’air aussi droite et sereine qu’en temps normal, alors qu’à l’intérieur de son crâne son esprit tourbillonnait.

Elle s’était attendue à ce que ces révélations soient compliquées. Elle avait voulu le lui dire, mais pas dans ces circonstances. Quelque part dans son esprit, elle se disait qu’elle aurait mieux fait d’attendre… Mais attendre quoi ? Que des liens se nouent, s’affinent, pour se briser plus encore ?! C’eut été stupide. Et Sergio ne lui en aurait pas moins voulu à ce moment-là, au contraire même. Elle était persuadée que si elle avait laissé à Sergio et Esteban le temps de lier une vraie relation d’oncle à neveu avant de lui avouer que le neveu en question était en réalité son fils, Sergio ne lui aurait jamais pardonné. Alors que là, il y avait une chance… non ?

Olivia frissonna. L’idée que Sergio ne veuille plus entendre parler d’elle après cette scène s’insinuait de plus en plus profondément dans son esprit, au fur et à mesure que le jour déclinait sans que le Sénateur ne retourne de la Nature vers laquelle il était parti. C’était une peur somme toute ridicule, quand on connaissait la profondeur de leur relation et sa continuité malgré les obstacles. Mais cette épreuve pourrait-elle être celle de trop ? Elle pensait ce qu’elle lui avait dit, pourtant. Il n’aurait pas supporté de vivre loin de son enfant, elle en était persuadée. Il pensait le contraire, mais c’était parce qu’il ne savait pas ce que c’était, d’être père. Malheureusement, Olivia savait qu’en lui opposant cet argument elle s’octroierait à nouveau la colère de son amant, puisqu’elle était la raison pour laquelle il n’avait pas développé ce sentiment de protection paternelle. Et, bien qu’elle restait intimement convaincue de sa véracité, il lui faudrait trouver d’autres arguments pour expliquer son comportement, si elle voulait que leur discussion se fasse dans le calme.

Perdue dans ses pensées, la mexicaine ne vit pas le temps défiler de la même manière. Quand un nouveau frisson violent la secoua, elle réalisa que le jour était presque tombé. Il y avait au loin un coucher de soleil rosé qu’elle aurait dans d’autres circonstances trouvé magnifique…mais il lui manquait les bras réconfortants et la chaleur de celui qu’elle aimait contre elle pour ne pas trouver à redire sur la beauté du moment. Tout ce à quoi elle parvenait à penser, c’était que le jour se couchait et qu’il n’était toujours pas de retour. Et s’il lui était arrivé quelque chose ? S’il avait fait une mauvaise rencontre dans le Bayou environnant ? Après un nouveau frisson, Olivia se décida à rentrer à l’intérieur de la villa, juste le temps d’enfiler un pull en cachemire qu’elle avait ramené d’Inde lorsqu’elle y était allée en vacances avec Esteban, des années plus tôt. Penser à son fils à cet instant lui apportait un bref réconfort, qui se changea bientôt en une légère angoisse. Car il faudrait bien le lui annoncer un jour, à lui aussi…Et si elle avait craint la réaction de Sergio, elle s’attendait également à ce que celle d’Esteban ne soit pas des plus enjouées…

Elle était de retour dehors depuis quelques minutes quand des bruits d’animaux courant sur la pelouse bien entretenue se firent entendre. La belle brune tourna le regard vers la provenance des bruits et identifia rapidement les silhouettes d’Ace et d’Argos qui se découpaient dans la pénombre qui commençait à tomber. Celle de leur propriétaire se fit attendre un peu plus encore. Il marchait d’un pas vif, alerte, mais de ce qu’Olivia pouvait distinguer, il n’avait plus l’air aussi énervé qu’auparavant. Mais ça, peut-être qu’elle le voyait ainsi parce que c’était ce qu’elle espérait.

Elle descendit les marches de la terrasse menant dans le jardin pour aller à sa rencontre. Elle ne savait pas encore ce qu’elle allait bien pouvoir lui dire. Elle avait d’ailleurs la sensation que ce n’était pas à elle de parler, mais l’idée même de laisser planer un silence la faisait souffrir. Elle ne voulait pas reprendre la discussion houleuse qu’ils avaient eue plus tôt, mais il était nécessaire qu’ils reprennent leur conversation. Alors, Olivia se dirigea vers un sujet qui pourrait aborder le problème en douceur… peut-être.


« …Comment va ta main ? »


Tout en attendant une réponse, elle avait baissé les yeux vers ladite main, qu’elle prit délicatement entre les siennes, esquissant une grimace. Il ne s’était pas raté, et il était bien écorché, mais avec le temps qu’il avait passé…ailleurs, le sang avait séché et il était difficile de distinguer les plaies des endroits où le sang avait simplement coulé.

« Il faudrait nettoyer cela… »

Elle resta penchée sur la main blessée quelques secondes de plus, le temps de trouver le courage de croiser son regard. Elle espérait simplement qu’il n’était plus aussi noir que quand il était parti, elle ne saurait pas comment réagir, si c’était le cas.
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MessageSujet: Re: Il faut que je te dise quelque chose...   Il faut que je te dise quelque chose... Icon_minitimeMar 14 Oct - 16:49

Partir pour éviter de faire déraper la situation avait été facile. Revenir était une autre paire de manche car, au fond, il savait qu’elle l’attendrait. Après tout, il ne lui avait pas demandé de partir, aussi il n’y avait aucune raison qu’elle le fasse et, surtout, elle n’aurait jamais accepté de partir en laissant cette discussion où elle en était restée. Ils étaient loin de s’être tout dit, quelque soit la manière, et rester sur des non-dits n’étaient pas le genre de la Mexicaine, et, au fond, ce n’était pas le genre de Sergio non plus. Pourtant, même s’il était plus serein que quelques heures plus tôt, il n’était pas convaincu de pouvoir garder son sang-froid. Pourtant, il le fallait, reprendre les choses calmement, passé l’effet de surprise. Continuer de réfléchir rationnellement sans laisser les sentiments prendre le dessus. Bien entendu, c’était plus difficile à dire qu’à faire mais ils n’avaient pas le choix. S’ils ne parlaient pas, il y avait peu de chances qu’ils puissent passer une nuit « tranquille ». Bien que le Sénateur n’était pas convaincu de pouvoir dormir tranquillement même si tout devait bien se passer. La nouvelle en elle-même était suffisamment prompte à réveiller beaucoup de choses en lui que la « dispute » elle-même n’était probablement rien à ce qu’il allait ressentir dans les jours à venir. Sans parler de sa prochaine rencontre avec Esteban ? Comment ferait-il ? Diantre. Rien que d’y penser… Il inspira profondément, se forçant à faire le calme en lui. Ce n’était pas le moment de se laisser à nouveau emporter par ses propres pensées. Il devait rester maître de la situation. Il ne s’arrêta pas lorsqu’Olivia vint à sa rencontre, se contentant de stopper lorsqu’elle arriva face à lui. Il n’avait pas détourné son regard d’elle, mais, sous le faible éclairage jardinier, il ne savait pas vraiment quoi lui dire.

Ce fut elle qui brisa le silence. Mais, de manière assez surprenante, du moins au premier abord, elle n’évoqua pas directement le sujet, lui demandant plutôt comment allait sa main. Sa main ? Par réflexe, il tendit légèrement la concernée devant lui et revint à sa mémoire – et à son esprit – ce qu’il en avait fait quelques heures plus tôt. Il avait oublié la douleur, ou peut-être parce que cela ne lui faisait plus mal du tout. Il n’empêcha pas son invitée de se saisir de cette dernière et de l’observer d’un peu plus près. Tandis qu’elle l’examinait, il ne l’avait pas quitté des yeux, sans réellement se soucier pour ses éventuelles blessures. Si la douleur s’était atténuée, ce n’était pas grave et il n’allait certainement pas en mourir. Elle fit remarquer qu’il serait peut-être judicieux de nettoyer les plaies. C’était probablement le cas, mais il attendait qu’elle relève le regard et, qu’enfin, il puisse poser ses yeux dans les siens. Il n’y avait plus de colère, plus comme avant, et, d’une certaine manière, il était désolé, désolé de la façon dont avait tourné cette discussion, de ne pas avoir su garder son calme malgré tout. « Telle que je la connais, Maria doit avoir préparé tout ce qu’il faut dans le salon. » La maitresse de maison n’avait pas les oreilles dans ses poches et même s’il avait parfaitement confiance en elle, il savait qu’elle avait entendu leur dispute et également le coup qu’il avait porté contre le mur. Elle avait surement maudit son imbécilité en préparant de quoi s’occuper d’éventuelles blessures lorsque tout serait rentré dans la normale. Il aimait ses initiatives qui, souvent, lui permettaient de ne penser à rien, sachant qu’elle devançait souvent ses propres idées tout en restant presque invisible. Il esquissa un léger sourire et, de sa main « blessée » - bien que cela restait encore à prouver – il s’empara de celle d’Olivia avant de prendre la direction du salon.

Il marchait lentement. Dans d’autres circonstances, on pourrait presque croire à une balade romantique, et, avec le charme de l’endroit, c’était presque dommage que ce ne fut pas le cas. Tandis qu’ils se rapprochaient de la villa, Sergio décida de rompre le silence qui s’était à nouveau installé. Ce n’était pas la peine de faire durer le suspense plus longtemps et puis, ils n’allaient pas régler les choses en restant silencieux. Il s’arrêta et se tourna vers Olivia. « Je te demande pardon pour tout à l’heure. J’ai perdu mon calme. Entre la nouvelle elle-même et ce que cela impliquait, je crois que je n’ai pas été capable de raisonner tranquillement et j’ai dit ou fait des choses qui t’ont blessée, alors, pour ça, je te demande pardon. » Sa voix n’était pas forte, il n’avait pas honte, mais il était simplement inutile de parler fort. Cependant, il était clair qu’il était sincère, Sergio était difficilement bon menteur, préférant de loin l’ironie ou la vérité aux mensonges qui finissaient toujours par rattraper ceux qui les inventaient. Et puis de toute façon, il ne savait pas mentir à Olivia, du moins pas sur des choses importantes. Car lorsqu’elle lui demandait s’il avait assez dormi, il se contentait d’esquiver, même s’il était parfaitement conscient qu’elle n’était pas dupe. Mais il était inutile de l’alarmer. De toute façon, cette époque était presque révolue. Presque car, malgré son poste de Sénateur, il avait gardé un certain attachement avec le BIAS et il n’était pas rare qu’il épluche quelques dossiers, pour aider. Après ce court mandat, il reprendrait la sous-direction de ce bureau. Il aimait bien trop cela de toute façon. Il remarqua qu’elle avait passé une petite laine. Il était vrai que les soirées commençaient à se faire fraiche, même si, de son côté, ce n’était pas quelque chose qui le dérangeait. « Peut-être préfères-tu qu’on rentre à l’intérieur ? Je ne voudrais pas que tu attrapes froid… »
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MessageSujet: Re: Il faut que je te dise quelque chose...   Il faut que je te dise quelque chose... Icon_minitimeJeu 16 Oct - 19:23

Il lui aurait fallu un moment pour parvenir à trouver le courage de tourner le regard vers Sergio. Elle serait bien restée un long moment encore à analyser la main blessée dans tous les sens et sur toutes les coutures, juste pour lui donner une excuse pour ne pas croiser le regard émeraude. Mais il faudrait bien qu’elle le fasse, et le fait qu’il ne lui réponde pas lui causait plus d’anxiété que la peur de le fixer dans les yeux. Elle finit donc par relever la tête, et fut légèrement rassurée de ne pas voir cette étincelle de colère qu’elle avait détectée plus tôt dans ses yeux clairs. Bien qu’elle sache qu’il serait normal qu’il soit en colère, et qu’elle s’y était attendue, elle ne l’avait pas vécu aussi bien qu’elle aurait aimé. Mais ce moment était passé. Il était temps d’avancer dans un autre état d’esprit. Ils ne pourraient pas rester en colère l’un contre l’autre, ou blessés par leurs paroles éternellement. Sinon, ils n’avanceraient jamais et autant tout arrêter maintenant…Et cela, c’était une idée à laquelle Olivia ne voulait même pas penser.

La mention de Maria la crispa légèrement, et elle pinça les lèvres. Elle n’avait rien contre la maîtresse de maison, qui faisait d’ailleurs un travail formidable. Et si elle avait l’entière confiance de Sergio, elle ne pouvait que lui donner la sienne. Mais…elle n’avait jamais rien dit à personne. Ce secret était sien depuis plus de dix-huit ans, et le fait de réaliser qu’elle avait mis d’autres au courant, de façon plus ou moins voulue… Elle sentait son sang se glacer. Et si cette information parvenait aux oreilles de Darian, et qu’il s’en servait contre Esteban ? Son fils n’était pour rien dans cette histoire, il ne faisait que subir… C’était sa faute à elle, et à elle seule, elle ne supporterait pas que quiconque paye à sa place, et encore moins son enfant…

Elle aurait été proche de la crise de nerfs si Sergio ne l’avait pas inconsciemment calmée en prenant sa main dans la sienne et en repartant en direction de la villa. Ils marchaient lentement et en silence, mais cela eut le mérite de remettre Olivia dans l’instant présent au lieu de la laisser se perdre en conjectures. Ce n’était vraiment pas le moment. Dans un geste réflexe, elle entrelaça ses doigts avec ceux de son amant, tandis que son autre main se dirigeait vers son cou pour jouer avec la petite croix d’argent qui y était pendue. Les deux gestes mettaient en valeur la contradiction même de la Mexicaine, qui continuait de se reposer sur sa Religion alors qu’elle avait tourné le dos à l’un des plus importants de ses principes dans un moment phare de son existence… et voilà ce qui en avait découlé. Mais pourrait-elle vraiment considérer un jour son fils comme une erreur ? Jamais. Avec tout ce qu’il lui avait apporté, tout ce qu’ils avaient vécu…Jamais aucun Dieu ne pourrait la convaincre de voir Esteban comme autre chose que le plus beau cadeau qui lui eut jamais été fait. Et c’était Sergio qu’elle devait remercier pour cela.

Son compagnon s’arrêta et elle lui adressa un regard étonné. Ne voulait-il pas qu’ils rentrent pour s’occuper de cette main qui pourrait être infectée ? (Il lui était passé au-dessus de la tête qu’elle semblait bien être la seule à s’affoler pour cela…elle en avait l’habitude, de toute façon). Elle l’écouta s’excuser en silence, mais un mince sourire fleurit sur ses lèvres. Elle retrouvait là l’homme qu’elle aimait, bien loin de celui qui avait perdu son sang-froid en frappant le mur du poing un peu plus tôt. Elle ne lui en voulait pas –elle en serait bien incapable- et elle avait certainement des excuses à faire elle aussi… Elle lui serra tendrement la main avant de répondre.


« Je ne voulais pas t’annoncer cette nouvelle ainsi. Ce n’est pas la façon dont j’avais envisagé que les choses se passeraient, et je suis désolée de ne pas avoir su y mettre les formes. Certaines de mes paroles ont dépassé ma pensée, et j’espère que tu ne m’en garderas pas rigueur non plus. »

Si elle s’excusait de son comportement des dernières heures, elle ne lui demanderait pas pardon pour lui avoir caché cette nouvelle. Aujourd’hui encore, et même à la lueur des derniers évènements, elle continuait de penser qu’elle avait à ce moment-là pris la bonne décision. Et si Esteban n’avait pas traîné Darian en justice, provocant par effet boule de neige le divorce de ses parents, Olivia serait encore à Little Rock, avec la ferme intention d’emporter ce secret avec elle jusque dans la tombe. Ce n’était que par respect et amour pour cet homme dont elle partageait désormais la vie qu’elle avait décidé de laisser tomber le voile sur le plus gros –mais aussi le plus magnifique- pêché de son existence humaine. Parce qu’elle n’aurait pas imaginé continuer à l’entendre dire « mon neveu », ou « ton fils » en parlant d’Esteban alors qu’ils vivraient ensemble. Parce que son fils avait justement eu une image de père si déplorable qu’elle voudrait lui donner la chance d’en bâtir une nouvelle…Même s’il était certainement déjà trop tard pour cela.

Sergio lui posa une autre question et elle fronça les sourcils, le regardant sans tout à fait comprendre. N’avait-il pas sous-entendu qu’ils devaient aller dans le salon pour s’occuper de sa main ? Elle leva d’ailleurs cette dernière –toujours enlacée à la sienne- et posa brièvement ses lèvres dessus dans un baiser léger (elle ne voulait pas risquer de lui faire mal) avant de lui sourire.


« Je veux surtout qu’on rentre s’occuper de cela…et du reste. »

Si son ton était doux, la détermination dans son regard ne laissait aucune issue possible : il fallait nettoyer la main blessée. Elle avait bien assez d’un homme malchanceux qui semblait tomber partout et s’égratigner à tout bout de champ dans sa vie, elle ne voulait pas que l’autre risque l’infection pour avoir voulu jouer les braves et minimiser ce qui pourrait s’avérer être une sale blessure. Le fait qu’il ne semblait pas avoir mal ne signifiait rien pour Olivia, qui avait vu Sergio s’abstenir de ployer sous la douleur un grand nombre de fois depuis leur petite enfance. Elle n’y croirait qu’une fois qu’elle verrait cette main nettoyée et sans la moindre trace d’infection ou de blessure profonde. C’était tout.

Avec un sourire, elle reprit donc sa marche, entraînant le Sénateur avec elle, et ce jusqu’au dit salon, où Maria avait effectivement déposé tout le nécessaire, sur la table basse près du canapé. La pensée de la présence discrète du témoin fit à nouveau frissonner la belle au teint hâlé, mais elle ne dit rien, se contentant de jeter un regard à son amant en le traînant derrière elle pour s’asseoir sur le divan.


« Ne bouge pas… Et dis-moi si ça te fait mal. »

Avec des gestes délicats, elle entreprit donc de nettoyer le sang séché de l’épiderme, à l’aide des cotons et de l’alcool que la maîtresse de maison avait laissé à cet effet.
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MessageSujet: Re: Il faut que je te dise quelque chose...   Il faut que je te dise quelque chose... Icon_minitimeMar 28 Oct - 10:56

Si, lorsqu’il avait évoqué Maria, le Sénateur s’était douté qu’il avait réveillé des craintes dans l’esprit d’Olivia, il se serait surement empressé de préciser qu’il ne l’avait fait que parce que leurs éclats de voix n’étaient certainement pas passés inaperçus et que même si la gouvernante n’avait pas cherché à entendre le contenu de la dispute, elle avait surement difficilement pu faire comme si elle n’entendait pas. De là, s’imaginer qu’elle avait entendu le coup qu’il avait porté au mur était une hypothèse raisonnable et, au fond, Sergio avait une parfaite idée de la réaction de son employée – qui était bien plus que ça désormais, il fallait l’admettre – qui ne s’était surement pas privée pour maudire la fougue des hommes et leur manie de tout vouloir casser lorsqu’ils se mettent en colère. Ceci étant, elle n’avait pas beaucoup à râler de ce côté-là avec le cadet des Luz-Descalzo, qui était loin d’avoir les nerfs à vif la plupart du temps. Mais, à sa connaissance, Maria avait quelques origines italiennes qui devaient expliquer sa propension à une certaine exagération, même si, bien entendu, cette réflexion était uniquement basée sur de vils préjugés. Enfin, il n’y avait rien de raciste dans ces pensées, il se contentait de s’en amuser. Après tout, elle était presque devenue une seconde mère pour lui. Ce qu’elle se permettait parfois de lui rappeler de manière fort peu subtile en lui demandant ce qu’il ferait sans elle. A cela, il bottait généralement en touche, lui confiant qu’il ne préférait même pas l’imaginer tant ces petits gâteaux à la cannelle lui manqueraient. Il était quasiment impossible de lui faire changer d’avis de toute façon, et il l’appréciait trop pour la contredire sur un point qui était certainement une vérité. Il avait eu de la chance qu’elle soit venue se proposer au poste, même si personne n’aurait pu dire qu’elle aurait été sa « remplaçante » le cas échéant.

Et voilà que tout le monde cherchait à s’excuser. Ceci dit, c’était un comportement normal lorsque l’on savait avoir blessé l’autre, d’une façon ou d’une autre. Sergio s’était emporté, plus que de nécessaire sans doute, mais il espérait pouvoir penser qu’il était difficilement blâmable au vu de ce qui lui avait été annoncé quelques heures plus tôt. Toutefois, ce n’était pas une raison pour ne pas faire repentance auprès d’Olivia qu’il avait apparemment fait attendre tout le restant de la journée, mais cette discussion lui tenait à cœur, il en avait conscience et, au fond, c’était compréhensible. Avec les évènements récents, Esteban et lui allaient forcément être amenés à se rencontrer davantage. Elle devait sans aucun doute culpabiliser de s’imaginer les voir continuer à se considérer uniquement comme oncle et neveu alors qu’ils étaient bien plus proches qu’ils ne le pensaient. A vrai dire, il n’en savait rien, mais il connaissait suffisamment la femme de sa vie pour savoir que voir son fils et son père aussi proches sans qu’ils ne sachent la vérité, lui ferait mal au cœur, sans l’ombre d’un doute. A sa réponse, il déposa ses lèvres sur sa joue, tendrement. Il ne pouvait pas lui en vouloir. Les formes… C’était un détail dont il ne s’embarrassait que peu le plus souvent, mais, surtout, il ne voyait pas vraiment comment elle aurait pu le lui annoncer autrement. En tout cas, il ne lui en tiendrait pas rigueur. Il n’avait pas passé plusieurs heures dans le Bayou pour rien. Et puis, sans l’admettre, il n’aurait pas supporté de lui en vouloir. Peut-être l’aimait-il trop pour cela ? Après tout, ce n’était pas comme si elle lui annonçait qu’elle l’avait trompé avec un autre homme. Elle lui offrait ce qu’il avait toujours voulu, même si, bien entendu, il était un peu tard pour jouer les papas-poules.

Il acquiesça en silence avant de la suivre en direction du salon où, effectivement, Maria avait tout préparé. Il garda son sourire pour lui et s’installa sur le divan en bon patient qu’il était. De toute façon, il n’aurait pas pu se rebeller, même si, personnellement, il se serait contenté de prendre une douche et de voir ce qu’il en aurait ressorti. Cependant, il n’allait pas se plaindre. Il abandonna sa main à l’infirmière improvisée et rejeta sa tête en arrière, contre le dossier, puis ferma les yeux. Il ne sentit d’abord que l’humidité de l’alcool sur sa main et, petit à petit, quelques légers picotements qui le firent grimacer. Il se crispa légèrement mais inspira profondément, il n’allait pas faire l’enfant. Ceci dit, cela ne restait pas très agréable. Il rouvrit les yeux et fixa le plafond. Le silence était un peu pesant mais l’ancien sous-directeur du BIAS n’aurait pas su dire pourquoi. Le fantôme de la dispute peut-être. Il redressa la tête et regarda Olivia qui s’occupait de sa main avec une douceur qui en disait long sur ce qu’elle ressentait pour lui. Il retint une grimace tandis qu’elle appliquait encore un peu d’alcool sur ses égratignures. « C’était notre escapade en Californie ? » D’accord, ce n’était peut-être pas amené de la meilleure façon mais il devait avouer être curieux. Il connaissait la date de naissance d’Esteban et avait une petite idée de « quand », cependant les dates pouvaient être un peu fluctuantes dans ce domaine-là et Sergio hésitait entre deux possibilités. Qui plus est, savoir si son fils avait été conçu sur une plage déserte au soleil couchant avait quelque chose d’incroyablement romantique. Ceci dit, l’autre possibilité n’était pas moins bien, mais il avait une petite préférence pour celle-ci. Peut-être aussi parce que c’était l’une des fois où Olivia avait su lâcher prise sur les « risques » et ne penser qu’à la passion du moment. Et quelle passion… Le sénateur en souriait presque tout seul. Un excellent antidouleur.
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MessageSujet: Re: Il faut que je te dise quelque chose...   Il faut que je te dise quelque chose... Icon_minitimeDim 2 Nov - 5:24

Un léger sourire fleurit sur ses lèvres quand elle sentit celles de Sergio se poser sur sa joue. Ils s’étaient pardonnés. Cela semblait n’être pas grand-chose, quand on le regardait de l’extérieur, mais ça voulait dire beaucoup. Les mots échangés n’avaient pas été des plus tendres, et cela aurait pu dégénérer bien vite et aller bien plus loin que ce à quoi ils étaient rendus. Au lieu de cela, ils parvenaient à une entente. Peut-être brève, peut-être factice… D’où l’intérêt de rentrer et de poser les choses à plat.

Olivia fut rassurée de ne pas voir son amant faire l’enfant et se laisser entraîner sur le canapé pour qu’elle jette un œil à sa main blessée. Il avait beau faire comme s’il ne s’agissait de rien, il y avait vraiment possibilité que ce soit infecté, quoi qu’il en dise ! Et puis, on ne restait pas avec la main dans cet été, quoi qu’il arrive. Elle avait bien remarqué ses quelques grimaces, et avait décidé de ne pas en faire cas. Elle lui avait demandé de le prévenir s’il avait mal, il continuait de jouer la carte de l’homme fort et brave, tant pis pour lui. Autant qu’elle avait envie de prendre soin de lui, elle ne tenait pas à le materner. Elle avait déjà un Luz-Descalzo à plein temps pour ce job-là.

A la question de Sergio –il était vrai que le silence avait été bien long, surtout pour deux personnes qui avaient décidé quelques minutes auparavant qu’il était temps de parler, à croire que certains sujets étaient bien plus simples à amorcer que d’autres- Olivia lui coula un regard étonné. Sincèrement, si elle avait dû imaginer un tel scénario, ça n’aurait pas été la première question qui lui serait venue à l’esprit. Sa première réponse fut donc un
« Je ne sais pas… Je n’en suis pas sûre à cent pour cent… » qui devait laisser penser qu’elle était rendue dubitative par toute cette scène. Un léger rire ponctua cependant le silence quelques secondes plus tard, alors qu’elle se remémorait l’escapade en question. Son regard avait retrouvé sa douceur habituelle. « C’est fort possible… »

Elle avait fini de nettoyer les coupures et inspectait la main de son amant afin de vérifier qu’aucune d’entre elles n’était particulièrement vilaine avant de reprendre sur un ton qui pourrait paraître songeur. « Tu sais… Quand j’ai appris que j’étais enceinte, j’ai presque aussitôt pensé que tu en étais le père. C’était étrange, et pourtant c’est presque la première idée qui m’est venue… » Presque, car la toute première était certainement liée à cet enfant lui-même, qu’elle se sentait déjà aimer au plus profond d’elle-même. Elle ne trouva rien d’inquiétant sur sa main et choisit donc d’enrouler ses doigts autour des siens avant de les reposer entre eux. « Après tout, j’avais épousé Darian depuis quelques années déjà et notre mariage restait stérile… Ce qui agaçait particulièrement tes parents, d’ailleurs. Ton père en particulier pensait que j’étais le problème de l’équation. » Elle haussa les épaules. Elle avait pris son parti de contrarier le patriarche Luz-Descalzo, qui avait toujours besoin d’une personne sur qui évacuer son mécontentement. Darian étant –ayant été serait plus juste au vu de ce qu’il se passait à présent- son fils prodigue, il était impensable qu’il puisse avoir un quelconque problème. Encore moins lié à sa virilité. « Il avait peut-être raison. J’avais envie d’un enfant, j’adorais passer mes journées à garder Christian pour rendre service à Juan et Cassie, et il m’arrivait même de me pointer chez eux sous un faux prétexte juste pour pouvoir jouer quelques minutes avec leur poupon. Mais je crois que ce que je voulais vraiment, à l’époque, c’était éviter la solitude. »

Ses yeux s’assombrirent et son regard se fit un peu plus triste. Elle fixait en face d’elle une télé dernier cri qu’elle n’avait vu que rarement allumée depuis qu’elle avait pris place dans cette maison, tant qu’elle allait parfois jusqu’à se demander si Sergio l’avait achetée lui-même. Elle caressait la main de son compagnon du pouce, et son autre main était posée sur son ventre, comme si les souvenirs amenaient la réminiscence d’un geste qu’elle avait fait tant de fois durant sa grossesse.

« Je n’étais pas aussi heureuse que j’aurais pu l’être, que j’avais pensé être. Je tentais de me persuader du contraire, mais inconsciemment, c’était peut-être cette sensation qui m’empêchait de porter un enfant… Et puis tu es revenu dans ma vie. » Olivia sourit doucement. Ils savaient tous les deux comment cela s’était passé, la lettre de Sergio, ce qui en avait découlé et qui –au fond- faisait qu’ils en étaient là aujourd’hui. « Tu m’as redonné une joie de vivre. Tu m’as rendue heureuse. Et à ce moment là, mon inconscient a su que j’étais prête. » Elle tourna enfin le visage vers lui. Elle ne savait pas trop pourquoi elle racontait tout cela ainsi. Elle savait que Sergio n’aimait pas vraiment qu’on mentionne ses frères de manière générale, mais il y avait des vérités qui devaient être dites, surtout ce soir. Juan, sa femme et leur fils avaient été d’un grand appui pour elle, et malgré la tension qu’il y avait à présent entre elle et sa belle-famille, elle continuait de considérer le second né comme un frère, à qui elle devait beaucoup.

« Cet enfant, qu’il eut été de toi ou non, je savais dès le départ que c’était grâce à toi que je l’avais eu. »

Il y avait beaucoup de tendresse dans cette phrase, mais aussi une vérité cachée : cet enfant –qui allait devenir Esteban- n’aurait pas dû être de Sergio. En un sens, il aurait mieux valu que ce ne soit pas le cas, d’ailleurs… Olivia aurait pu continuer longtemps –après tout, il s’agissait d’Esteban, sa merveille personnelle et son sujet de conversation favori- mais elle décida de s’arrêter là pour le moment, d’abord parce qu’elle voulait laisser à Sergio le temps de digérer ce qu’elle pouvait dire et de poser d’éventuelles questions, mais aussi parce qu’elle se connaissait et qu’elle savait qu’en continuant elle risquait de partir dans une envolée lyrique sur son fils qui ne serait pas du meilleur goût en cette situation.
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MessageSujet: Re: Il faut que je te dise quelque chose...   Il faut que je te dise quelque chose... Icon_minitimeMar 25 Nov - 17:48

Ce n’était pas quelques égratignures qui lui faisaient peur, et encore moins le désinfectant appliqué à celles-ci, même si, bien entendu, cela n’avait jamais rien d’agréable. De toute façon, il avait été habitué à bien pire, ne serait-ce que pendant son enfance car, au fond, il avait toujours été le plus « aventurier » des trois rejetons de la lignée Luz-Descalzo. Après tout, quel fils digne de ce nom aurait perdu son temps à explorer la nature environnante alors qu’il y avait bien mieux à faire comme apprendre à maîtriser les rouages de la politique ou de l’industrie ? Seul un fils indigne pouvait trouver de l’intérêt à s’esquinter les mains et les genoux. Cette idée le fit sourire. Cela n’avait pas vraiment changé avec les années, pour le meilleur. Il était bien plus agréable de parfois savoir mettre ses « standards » de côtés et partir à l’aventure, que ce soit sur un chemin terreux, au risque de se salir, ou ailleurs. Après tout, on n’avait qu’une seule vie – jusqu’à preuve du contraire – et, même si Dieu existait, il n’y avait aucune raison qu’il punisse ceux qui avaient su trouver du bonheur dans des choses simples et sans extravagance. Du moins était-ce son point de vue. Pour en revenir aux égratignures, il avait également vu bien pire, mais cela concernait d’autres souvenirs, moins agréables. Après tout, le métier d’inspecteur n’était pas sans risque et les fusillades, si elles n’avaient pas été son quotidien, étaient inévitables. Les chirurgiens actuels savaient faire du bon travail, mais il n’avait pas échappé à quelques balles dont l’extraction lui laissait quelques souvenirs douloureux et amers, bien loin des quelques sensations désagréables de l’application du désinfectant, quelque peu adouci par l’identité de l’infirmière qui prodiguait ces quelques soins et qui n’était pas sans lui rappeler encore l’époque où sa mère soignait ses petits bobos d’aventurier.

Pour en revenir au sujet qui avait fait basculer cette fin d’après-midi, Sergio avait préféré un autre angle d’approche, moins direct, plus jovial, qui lui permettrait peut-être de moins penser à tout ce qui avait déjà été dit, sur un ton probablement peu convenable. Il se souvenait parfaitement de cette petite escapade en Californie, comme il se souvenait parfaitement de toutes les escapades qu’il avait faites avec Olivia. Elles représentaient, en partie, les plus beaux moments de son existence et le Sénateur n’avait aucune envie de les oublier. Il y avait d’ailleurs quelque part, quelques petits souvenirs relatifs à chacune d’entre elles qu’il conservait comme des trésors. Il n’était pas spécialement collectionneur de souvenirs, mais certaines choses ne pouvaient simplement pas être jetées. Il esquissa un léger sourire quand son infirmière laissa échapper un petit rire à sa supposition. Elle n’était pas convaincue, mais, après tout, il était surement peu réaliste de pouvoir affirmer une telle chose avec certitude. En silence, non sans poser un regard bienveillant sur elle, il l’écouta se confier à lui, presque comme si de rien n’était. Il serra doucement ses doigts entre les siens lorsqu’elle eut fini de soigner sa main, témoin indéfectible de ce qu’il ressentait pour elle. Malgré ce qu’il avait pu penser, ou ce qu’il avait pensé pouvoir penser, il était évident qu’il l’aimait plus que tout. Une dispute n’était pas un mal en soi, il y en avait toujours. La réelle difficulté n’était pas des les fuir, mais de les surmonter. Il acquiesça en silence concernant l’idée du patriarche. Il avait entendu une discussion à ce sujet mais n’y avait pas participé, notamment parce que son avis allait être nécessairement biaisé. Il doutait sincèrement qu’Olivia puisse être stérile, mais l’idée que Darian le soit lui était passé par la tête et l’avait beaucoup amusé.

Cependant, la théorie qu’elle avança le laissa perplexe quelques instants. Toutefois, il n’était pas rare d’entendre des histoires similaires et, au fond, le corps humain était suffisamment complexe pour laisser planer le soupçon. Au final, ce qu’elle lui avouait avait davantage de portée que la simple réalité scientifique que les mots représentaient, mais plutôt tout ce qui se cachait derrière, sur le plan sentimental. Après tout, n’était-ce pas une déclaration des plus tendres ? Il ne l’avait pas quittée du regard, même si elle ne l’avait pas croisé alors qu’elle se livrait à lui. Il passa son bras libre derrière elle et l’attira doucement contre lui. « Je suis heureux de t’avoir redonné la joie de vivre, mais tu as également été une véritable bouffée d’oxygène dans mon existence. » Car s’il s’était laissé aller à écrire une lettre à Olivia, c’était principalement parce que sa vie n’avait pas emprunté le chemin le plus facile. Non pas qu’il ne lui aurait pas écrit dans le cas contraire, mais il avait eu besoin d’elle et, heureusement, elle avait répondu présente, malgré tout ce que cela avait pu impliquer. Ils s’étaient retrouvés tous les deux et peut-être était-ce cela qui les unissait aussi fortement l’un à l’autre. « J’ai bien peur de n’avoir rien d’aussi romantique à raconter. » Il passa sa main libre dans ses cheveux laissant quelques instants de silence s’écouler entre eux. « Tu penses qu’Esteban pourra un jour savoir ? » C’était une évidence qui s’était faite dans son esprit. Son neveu – officiellement – avait passé dix-huit années de sa vie dans un culte anti-Sergio, plus ou moins officieusement, et ce dernier s’imaginait mal qu’il serait facile d’inverser la tendance. Qui plus est, avec les éléments actuels, il y avait fort à parier que le jeune homme ne devait faire confiance qu’à sa mère et à personne d’autre. « En tout cas, pas avant un petit moment, je suppose… » Il avait dit cela avec un ton légèrement désabusé, mais réaliste. Avec le procès, mieux ne valait pas donner du grain à moudre aux avocats de Darian, ni même déstabiliser Esteban… Ceci dit, plus il analysait la situation, moins il était convaincu qu’il serait un jour facile de lui dire la vérité. Et maintenant qu’il connaissait la vérité, Sergio savait que côtoyer le jeune homme en prétendant qu’il ne s’agissait que de son neveu ne serait pas une chose aisée…
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MessageSujet: Re: Il faut que je te dise quelque chose...   Il faut que je te dise quelque chose... Icon_minitimeJeu 27 Nov - 18:14

Il avait raison. C'était bien plus une déclaration d'amour qu'autre chose de la part d'Olivia qui ne voyait les sciences que d'un oeil vaguement intéressé, comme on surveille l'avancée de ses actions boursières lorsqu'on possède déjà bon nombre de milliards (ce qu'il lui arrivait de faire à l'occasion). Elle ne savait pas si ce qu'elle disait avait une quelconque valeur scientifique, mais c'était ce qu'elle avait ressenti. Et le dire à Sergio signifiait bien plus que la valeur des paroles. C'était le laisser accéder à une partie de son être auquel elle n'avait laissé personne accéder auparavant. Car, soyons objectifs, avec qui aurait-elle pu partager un tel sentiment ? Luisa n'était pas assez mature à l'époque, elle n'aurait pas compris. Quant à son mari, ce n'était même pas la peine d'y penser.

Elle avait donc gardé tout cela pour elle, en faisant l'un de ses secrets, une confession intime qu'elle n'aurait jamais cru pouvoir partager un jour. Le fait que ce soit arrivé, ce soir, démontrait la confiance presque aveugle qu'elle pouvait avoir en cet homme et l'amour qu'elle éprouvait pour lui.

Cependant, Olivia ne réalisa le poids de cette confession qu'au soulagement intense qui l'envahit quand elle sentit la main de Sergio se poser sur son épaule pour l'attirer vers lui. Elle se laissa faire sans y penser, et posa sa tête dans le creux de son cou avec un soupir de bien-être qui détendit les derniers muscles qui auraient pu se tendre avec la conversation. Elle se contenta de sourire quand il lui répondit qu'il n'avait rien d'aussi romantique à lui avouer. La mexicaine n'avait pas besoin de cela. Mais elle sut que Sergio l'avait comprise, et c'était tout ce qu'elle avait attendu de lui à cet instant précis.

Olivia apprécia le silence qui suivit. Après la tempête qu'ils avaient traversé, cette absence de voix l'appaisait. La main de Sergio dans ses cheveux lui faisait fermer paresseusement les yeux, lui rappelant avec un sourire les gestes qu'elle avait parfois pour son fils. Que son amant prenne la parole en citant justement ce dernier aurait pu l'amuser, si le sujet n'avait pas été aussi important. Elle tourna la tête pour apercevoir le visage de son compagnon sans avoir à se détacher de lui. Le regard de la mexicaine était grave et elle s'apprêtait à lui répondre quand Sergio le fit de lui-même. Il était assez intelligent pour envisager la situation sous tous les angles, et il était dans sa nature d'inspecteur de se mettre à la place des divers protagonistes, dont Esteban. Car c'était à lui et à lui seul qu'il fallait penser à présent. Sa situation était bien assez compliquée comme cela...


"Un jour, oui. Mais il a bien assez de préoccupations ainsi pour le moment. Et pour être parfaitement honnête, je préfèrerais d'abord qu'il accepte notre couple, ce qui risque déjà d'être une première épreuve en soi..."

La brune jouait de manière inconsciente avec les doigts de son amant. Elle avait pris sa main entre les deux siennes et la caressait doucement, retraçant ses contours, s'attardant sur les phalanges, avec une délicatesse qui cachait son anxiété. Elle laissa un léger silence s'installer avant de reprendre, ses yeux sombres fixés sur le jeu de mains.

"Dans tous les cas, on ne peut rien lui dire dimanche. Pas en plus devant une inconnue. Ce serait comme le mettre au pied du mur : il se sentirait obligé de réagir convenablement et se braquerait par la suite, ce qui ne ferait que rendre les choses plus difficiles encore."

Parce qu'Olivia connaissait bien son fils : Esteban, bien que sa mère soit parfaitement capable de prendre soin d'elle-même, avait un instinct de protection particulièrement affirmé à son égard. Voir un autre homme ne serait-ce que l'approcher pour une raison ou pour une autre risquerait de déclencher une bataille qu'elle ne pourrait pas gagner. Encore moins si tôt après sa séparation d'avec Darian, alors que le divorce n'était pas encore prononcé... La mexicaine secoua la tête. C'était hors de question. Pas si elle voulait que les deux hommes de sa vie partent sur de meilleures (à défaut de bonnes) bases.

Et puis, une évidence la frappa et elle se redressa, s'éloignant de Sergio pour pouvoir le regarder dans les yeux. Ses mains serraient toujours la sienne, et une ride soucieuse plissait son front. Elle craignait d'avoir été mal comprise.


"Mais je veux le lui dire. Pas seulement pour toi, ou pour nous, mais aussi pour lui. Il a... Je crois qu'il a besoin d'une image du père plus...flatteuse que celle qu'il possède à présent." C'était peu dire. Olivia baissa les yeux avant de terminer."...Je ne l'aurais dit à personne, si je n'avais pas pensé vous l'avouer à tous les deux."

Le sous-entendu était clair : elle n'avait pas l'intention d'étendre cette nouvelle à qui que ce soit d'autre, et il valait mieux pour Sergio qu'il comprenne cette décision. Ou qu'il vive avec, parce qu'Olivia ne changerait pas d'avis.
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MessageSujet: Re: Il faut que je te dise quelque chose...   Il faut que je te dise quelque chose... Icon_minitimeLun 19 Jan - 15:37

La scène tranchait violemment avec ce qui avait pu se passer quelques heures plus tôt mais, d’une certaine manière, c’était beaucoup mieux ainsi. Sergio était un Homme et, en tant que tel, était lui aussi soumis à la même imperfection, cette possibilité, inhérente à chaque être humain, de faire des erreurs. Cette dispute en avait été une, mais tout ne pouvait pas être rose ou bleu. Au moins avaient-ils réussi à passer cette épreuve plus ou moins correctement. Certes, cela aurait pu se passer beaucoup mieux s’il n’avait pas réagi de la sorte, mais, au fond, cela aurait pu être bien pire. Il était essentiel de repenser à ces choses-là, à froid, de ne jamais laisser la pression de l’instant aveugler la raison. Il avait failli une fois et, dans l’intimité de ce salon, sur ce divan en compagnie d’Olivia, le Sénateur se jura de ne plus refaire la même erreur. Même si cela n’avait pas duré, il avait fait du mal à la femme qu’il aimait et Dieu seul savait ce qu’elle avait pu ressentir pendant ses longues heures d’absence. Il s’était toujours targué d’être meilleurs que ses deux frères ainés et, pourtant, en cet instant, il se sentait difficilement supérieur car il n’avait pas su réagir correctement. Il y avait toujours matière à comparaison, bien entendu, mais il n’avait pas passé ce test, il n’avait pas su se maîtriser comme il aurait du le faire. Pourquoi cela l’avait-il atteint à ce point ? Il prit une profonde inspiration silencieuse. Ce n’était peut-être pas le moment de penser à tout ça. La présence d’Olivia dans ses bras l’apaisait, bien que cela ne soit plus vraiment nécessaire, mais, au-delà de l’apaisement, il y avait également ce trouble qu’elle diluait par sa présence à ses côtés. Cette dispute était désormais du passé, elle devait y rester. Mieux valait ne pas continuer à le ressasser, encore et encore.

Mieux valait se concentrer sur Esteban. Cette question était loin d’être résolue, et même s’il ne s’étonnait plus de la nouvelle de la vraie paternité de son ex-neveu, il restait le plus dur : comment prendrait-il la nouvelle, lui ? Pire encore, cela faisait quelque chose de plus à rajouter sur la pile de nouvelles à lui annoncer. Car si Olivia était hébergée officiellement à titre gracieux par amitié chez Sergio, ce n’était bien entendu pas les mêmes raisons officieusement. Mais, à part les deux concernés, la raison officielle demeurait la seule et unique vérité. Aussi, tandis que la Mexicaine avouait à son amant ce qu’il savait déjà, inconsciemment, ce qu’il allait entendre. Il était hors de question de lâcher cette nouvelle comme une bombe sans avoir aucune idée de la façon dont elle serait acceptée – ou non – par Esteban. Et encore moins lors d’un brunch avec quelqu’un qui n’était pas – ou du moins pas encore – de la famille. Il acquiesça doucement, laissant la brune jouer avec ses doigts, son regard perdu un peu dans le vague. Cela le désolait au fond, mais à quoi s’attendait-il ? Même dans le cadre familial cela allait probablement faire un véritable scandale et peut-être même fallait-il garder ce secret à l’intimité des trois seuls intéressés. Le procès entre Darian et son fils, le divorce d’Olivia, la relation entre elle et lui, la paternité d’Esteban. Il n’était pas certain que le « clan » résisterait à tout cela, même en le diluant dans le temps. Il savait que son frère ainé lui en voudrait beaucoup, mais, d’un côté, cela ne changerait pas grand-chose. Sa mère peut-être comprendrait, elle. Le cadet avait toujours plus hérité d’elle que de son père, et elle avait toujours eu un petit côté fleur bleue. Elle n’approuverait pas d’avoir trompé Darian mais comprendrait peut-être qu’ils n’avaient pu s’empêcher de s’aimer.

« Il a le droit de savoir, en effet. » Il resta silencieux quelques instants avant de soupirer doucement. « Je garderai le secret jusqu’à ce que tu décides de lui en parler. Tu le connais mieux que moi et puis il serait capable de ne pas me croire. » Il avait fini sur un ton un peu plus léger, comme pour s’épargner cette douleur pourtant inévitable de cette idée d’un fils qui ne savait rien de son père et le voyait plus comme un « étranger » qu’autre chose. Il se redressa et déposa un léger baiser sur les lèvres de sa belle avant de se fendre d’un sourire. « Nous jouons la comédie depuis tant d’années, je dois pouvoir continuer quelques mois. » Il sembla devenir sérieux quelques instants. « Comment vois-tu notre avenir public ? Vis-à-vis d’Esteban, de la famille ? » La question venait naturellement sur le tapis. Après tout, ils avaient passé une bonne partie de ces dernières années à jouer la comédie oui, mais, avec les évènements récents, la donne avait changée, du moins aux yeux de Sergio. Si Olivia divorçait de Darian, il n’y avait officiellement aucune raison de rester discrets sur leur relation. Néanmoins, il n’y avait pas que les raisons « officielles » qui pouvaient faire obstacle. Elle semblait vouloir parler de leur relation à Esteban, mais évoquerait-elle toute l’histoire ou simplement quelque chose de récent ? Ce serait idiot si elle compte lui parler de sa vraie paternité plus tard, néanmoins, il imaginait mal le jeune homme prendre bien le fait que sa mère ait pu ainsi tromper son père. Quoique les récents évènements pouvaient rendre cela plus… pardonnable. Sergio n’était pas inquiet, mais l’idée de pouvoir vivre sa relation avec Olivia au grand jour était un espoir dont il aurait du mal à se priver, même si, au fond, il savait qu’il était déjà prêt à en faire la concession…
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