Eclairer la Lantern

Mary ferma les yeux instinctivement lorsque les lumières furent mouchées. Elle avait toujours préféré clore ses paupières lorsque la nuit envahissait son espace. Et c'était désormais évident que cette soudaine coupure de courant n'était pas accidentelle. Outre les divers déboires toujours survenus à Halloween dans la ville -une preuve supplémentaire que depuis que les Outres se pensaient chez eux, rien n'allait plus à la Nouvelle Orléans - il semblait d'un goût douteux ce coup de pub de la part des dirigeants du Sophie Anne Palace.

Elle retint son souffle, agacée mais également angoissée. Rester ainsi, dans le noir, entourée de toutes ces Créatures dans des costumes horrifiques, n'était pas pour lui plaire. Le Mal aimait jouer dans l'obscurité, elle prit sur elle. Qu'allait-elle découvrir une fois les yeux rouverts ? Elle s'y risqua lorsqu'il lui sembla n'entendre qu'une respiration au lieu des nombreuses précédemment.

Elle découvrit un corridor étroit, et elle était accompagnée d'une jeune femme à l'allure vulgaire. D'instinct, elle se retourna dans l'espoir de retrouver derrière elle la salle principale par où elle était entrée. Un soupir trahit sa déception. Un soupir agacé. Mais résigné.

"Hé bien." Fit-elle observant ce qui se reflétait dans le miroir. "Bonsoir." Lança-t-elle à la jeune femme à côté d'elle. Etait-elle au courant de ce qui se tramait ? Mary ferma une seconde les yeux dans une prière irritée. C'était une épreuve, il faudrait bien qu'elle s'en sorte. "Je suppose qu'il nous faut suivre la lumière." Fit Mary, en haussant les épaules, faisant frémir la capuche noire qui retombait en pélerine ensanglantée sur ses épaules.

Les lumières s’éteignirent toutes au moment où les portes se refermaient sur eux avec un bruit sourd. Morgane avait l’impression d’être prise au piège et commençait déjà à stresser. Elle avait saisi la main de son frère dans le but de se rassurer tandis qu’un silence pesant s’abattait sur les convives rassemblés ici. Seules les respirations de ses voisins résonnaient dans le vaste espace clos. La jeune femme se répétait intérieurement que ce n’était qu’une mise en scène et que cette fois le TPH ne tenterait rien. Les organisateurs avaient dû prendre leurs précautions afin que les évènements de l’an passé ne se reproduisent pas.

Des mains se posèrent sur elle et d’un coup elle ne sentit plus la main de Nathanaël dans la sienne. Elle ne sentit plus grand-chose d’ailleurs, incapable de bouger ou même de crier. Elle eut la sensation d’être coincée dans un caisson d’isolation sensorielle pendant un bref instant avant de voir à nouveau. Un long couloir apparut devant elle, une vision qui ne correspondait en rien à ce qu’elle avait vu en entrant au Sophie-Anne Palace. Aucune trace de son frère jumeau ou de la foule qui peuplait le hall d’entrée quelques secondes plus tôt, elle avait été déplacée sans même en avoir conscience.

Une femme aux traits charmants l’accompagnait, vêtue en une nonne ensanglantée, elle ne semblait pas en savoir plus qu’elle sur ce qui venait de leur arriver. Harley Quinn et la nonne formaient un couple bipolaire entre l’étalage de la chair d’un côté et sa préservation de l’autre.

« Bonsoir. Oui j’imagine, nous n’avons pas vraiment le choix. »

Morgane s’avança lentement vers le bout du couloir mal éclairé, le passage débouchait sur un passage plus large dont le sol était recouvert d’un épais tapis qui étouffait les pas.

« A gauche ou à droite ? »

Les deux directions étaient similaires en tout point et rien ne semblait indiquer laquelle pourrait les mener à Jack.

A gauche ou à droite ? Mary observa les deux options avec un visage neutre. Mais elle n'eut pas longtemps à hésiter. Lorsqu'elle se tourna pour aviser sa comparse de mésaventure, Mary se rendit compte qu'elle ne s'était pas présentée. Elle observa le look, encore une fois, de cette femme à l'élégance douteuse, la vision de toute cette débauche l'avait déjà exaspérée en entrant, mais se trouver si proche désormais, même d'une seule de ses représentantes, piquait son oeil.

Cependant, il fallait être une bonne Chrétienne. Elles étaient finalement toutes deux dans le besoin. Il n'est pas sage de juger au premier regard. Mais comment faire autrement ce soir ? Mary tendit la main.

"Je m'appelle Mary. Et vous ?" S'il fallait marcher des heures, voire courir après on-ne-sait-quoi, autant connaître le prénom de la personne qui l'accompagnerait.

Elle ne semblait pas non plus savoir ce qui s'était passé, ni le but de tout ceci. Un énorme coup marketing ? Dans tous les cas, ce n'était pas l'oeuvre du THP... alors c'était surement une mauvaise blague d'Outres à l'humour noir. Quand allait-on interdire ces pratiques, et ceux qui les propagent, par la même occasion ?

Rester dans l'inaction et dans l'incompréhesion rendait nerveux, et Mary n'allait pas moisir ici...

"A droite." Fit-elle, comme si elle savait où elle. "A la Droite de Dieu." Répéta-t-elle avec conviction.

[Désolée du retard !]

Morgane avait remarqué que la nonne n’avait pas l’air très heureux de se trouver en sa compagnie. Il fallait avouer aussi que la situation n’était pas vraiment guillerette ou propice aux échanges de mondanités. Quand elle comprit enfin la raison du regard désapprobateur de la jeune femme, Morgane ne put s’empêcher de rougir sans pour autant se justifier. Finalement, la nonne lui tendit la main en se présentant, le sourire n’était toujours pas présent mais il fallait bien commencer quelque part.

Quitte à avancer vers l’inconnu, autant que ce soit avec une personne dont elle connaissait au minimum le nom. Morgane, qui ne cachait qu’à peine son inquiétude, espérait bien discuter avec Mary pour se rassurer. Après tout, ce genre d’évènement était fait pour ça, non ?

« Enchantée. Je m’appelle Morgane. »

Elle avait très envie de parler de ses inquiétudes à Mary, mais elle se ravisa au dernier moment, songeant que ce n’était parce que la nonne s’était décidé à lui adresser la parole qu’elle avait envie de l’entendre. Leurs soucis étaient déjà bien assez gros comme ça sans qu’elle vienne en ajouter une couche avec des craintes probablement erronées. Les organisateurs avaient simplement une conception assez particulière de l’amusement.

Totalement incapable de présager ce qui pouvait bien leur tomber dessus en cas de mauvais choix, Morgane avait décidé d’être simplement une suiveuse. Si bien que quand Mary prit la décision de tourner à droite, « à droite de Dieu » comme elle disait, elle n’y fit aucune objection.

« Très bien ! Ca me va, allons-y »

Elles s’engagèrent alors dans le passage mal éclairé, le son de leurs pas étouffés par le tapis épais qui en recouvrait le sol. La décoration était assez vintage et faisait un peu penser à celle de ce film de Disney ayant inspiré leur attraction fétiche. Des sons étranges se faisaient entendre dans le bâtiment et certains même semblaient se rapprocher. Peut-être allaient-elle croiser d’autres convives.

Des bruits de pas se font bel et bien entendre et ils se rapprochent. Vous vous faites discrètes, dans l'expectation d'en apprendre d'avantage sur l'ami ou l'ennemi en arrivée. Alors que vous pensiez voir apparaître quelqu'un à l'angle du couloir, les sons s'interrompent. Vous êtes plongées dans un silence épais où seules vos respirations se répercutent contre les murs. Plus de bruits de pas...
Soudain, un grondement rauque juste derrière vous. Une énorme bête noire à la mâchoire écumeuse de bave et aux crocs pointu vous observe.
Courez !

Cette femme la suivait sans rechigner, sans émettre d'avis, sans la contredire... C'était à la fois plaisant et déroutant. Mais en réalité, toutes deux étaient dans une situation délicate, où il fallait se serrer les coudes, non seulement pour comprendre ce qui se passait, mais aussi pour espérer sortir sans avoir à passer la nuit ici.

Inutile de dire que Mary regrettait d'être venue, ce petit jeu ne l'amusait pas, et elle n'appréciait pas les jeux de toute façon. La petite marche dans le couloir l'agaçait déjà, mais elle allait se rendre rapidement compte qu'il y avait bien pire. Des bruits de pas, qui d'abord étaient rassurant (on venait à leur rencontre ?), se firent étranges, quelque chose clochait... Puis plus rien. Puis...

"Courez !" Hurla Mary, sans réfléchir. D'une main, elle attrapa celle de cette Morgane peu vêtue, et de l'autre, elle se signa. Elle n'avait pas eu le temps de correctement la regarder, mais cette bête était une créature monstrueuse et il était hors de question de se laisser rattraper. En tournant légèrement le visage dans leur course, le Leader du TPH se fit une idée un peu plus précise de ce qui les poursuivait. Mais rien de plus rassurant.

Morgane entendit un grognement, un son rauque et indubitablement non humain, et eut à peine le temps de se retourner pour observer le monstre noir que Mary lui hurlait de fuir en prenant sa main dans la sienne.

Ses jambes l’entrainaient dans une foulée folle et Morgane avait la sensation de ne plus les contrôler. Elles enchainaient les mouvement, rapidement, et la jeune femme ne pouvait que se laisser porter par sa peur et par la présence de Mary. Elle eut une pensée pour Nathanaël, se demandant s’il était en sécurité.

Dans les couloirs exigüs, les portes se succédaient sans qu’elles prennent le temps de s’arrêter pour vérifier qu’elles n’étaient pas verrouillées. Tout arrêt pouvant s’avérer fatal pour les deux jeunes femmes. Morgane remarqua une ouverture sur leur droite et tira Mary par la main en espérant que le monstre se laisserait surprendre et n’aurait pas le temps de freiner sa course pour changer de direction. Une volée de marches les accueillirent. Elles donnaient sur une salle spacieuse, éclairée et dont les doubles portes étaient grandes ouvertes comme pour les inviter à se réfugier à l’intérieur. La jeune femme failli perdre son équilibre mais se rattrapa juste à temps pour sauter les trois dernières marches.

Vous avez jusqu'au 28 février pour clore le sujet et capturer Jack. Passé ce délai, les RP seront transférés dans les archives du forum.